Pages

lundi 5 juin 2017

EXCLUSIF : Les réfugiés syriens à la frontière Algérie-Maroc sont déjà presque tous partis







Un médecin humanitaire sur place affirme que les habitants ont aidé la plupart des réfugiés à passer au Maroc. Sur place, il ne reste que quinze réfugiés, les plus vulnérables, en majorité des enfants
Une réfugiée syrienne bloquée à la frontière marocaine avec son fils (Facebook)
ALGER – Pour les quinze derniers réfugiés syriens bloqués à la frontière entre l'Algérie et le Maroc, cette nuit de jeudi à vendredi fut une nuit d'horreur. « Après avoir longtemps marché pour se faufiler au Maroc, ils ont été interceptés par les militaires marocains qui les ont renvoyés dans le désert, les privant d'eau et de nourriture pour les punir », raconte le médecin franco-marocain Zouhair Lahna, qui se trouve sur place, à Middle East Eye. « Parmi eux, il y a huit enfants. Ce sont les plus vulnérables, ils sont très fatigués. »

Dans cette vidéo, un réfugié syrien raconte leur tentative ratée de passer au Maroc (Facebook)
Pour le médecin, l’annonce faite jeudi par l’Algérie d’accueillir « pour des raisons humanitaires » le groupe d’une quarantaine de réfugiés syriens arrive « un peu tard ». « Les habitants de Figuig ont fait passer la plupart des réfugiés syriens du côté marocain. Ils ne sont plus là où les autorités pensent qu’ils sont. »
« Il n’était plus possible de voir cette tragédie se dérouler devant nous », explique-t-il à Middle East Eye. « Comme personne ne faisait rien », les réfugiés ont été transférés par petits groupes jusqu’au Maroc. Le dernier groupe a essayé de passer cette nuit (de jeudi à vendredi), sans succès. 
Fin avril, MEE révélait que le Maroc et l’Algérie avaient bloqué l’aide humanitaire aux réfugiés coincés dans une zone tampon entre les deux pays.
Selon les habitants de Figuig, petite ville de quelque 15 000 habitants de la frontière, les autorités marocaines avaient interdit aux réfugiés tout contact avec la population. Côté algérien, il était également impossible pour les habitants d’accéder aux réfugiés.
« Il faut comprendre à quoi ressemble la zone », explique Zouhair Lahna. « Figuig est une oasis avec des montagnes et derrière, une vallée avec le désert. Cette vallée appartenait au Maroc mais avec le temps, elle est devenue une zone tampon, un no man’s land. C’est là que se trouvent les réfugiés. »
Dans cette vidéo, le docteur Zouhair Lahna explique la configuration de Figuig
Depuis six semaines, ces réfugiés qui n’ont pas accès à l’oasis, vivent donc dans un environnement très hostile. Les températures à l’ombre pendant la journée atteignent à cette période de l’année 45°C.
« La journée, ils restent dans des ‘’tentes’’ qui n’en sont pas vraiment [elles sont fabriquées avec des bouts de tissu et tiennent avec des pierres et des branches sèches de palmiers] et ils sortent la nuit. Mais la nuit, c’est dangereux car la zone est infestée de serpents et de scorpions », souligne le médecin.

Chaque jour, des rations alimentaires et 50 litres d’eau acheminés par les passeurs

S’ils ont pu tenir depuis six semaines dans des conditions humanitaires extrêmes, c’est en grande partie grâce à la solidarité des habitants qui, en bravant les autorités et « en prenant de très gros risques », comme le souligne Zouhair Lahna, donnaient chaque jour des rations alimentaires et 50 litres d’eau aux passeurs de la frontière pour qu’à leur tour, ils les acheminent jusqu’aux migrants.
Aujourd’hui, le médecin assure qu’ils sont « en bonne santé », même si les enfants ont des coups de soleil et du sable dans les yeux.
Les enfants du groupe de réfugiés, près d’une tente de fortune (Facebook) 

Lire l'article :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire