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jeudi 29 juin 2017

Une révolte révélatrice des impasses politiques : Au Maroc, le Rif défie le roi

par Aboubakr Jamai, Le Monde diplomatique, juillet 2017

La persistance de la contestation populaire dans le nord-est du Maroc et ses revendications de mieux-être social mettent en relief l’échec des programmes de développement économique et des projets d’infrastructure pilotés par la monarchie. Malgré la répression, l’ampleur des manifestations pose la question d’une nouvelle réforme constitutionnelle sur des bases plus ambitieuses qu’en 2011.

Manifestation à Al-Hoceïma, 2017. Photo Louis Witter / hanslucas.com
Suivre Depuis plusieurs mois, la région du Rif (nord-est du Maroc) connaît une importante contestation populaire. Le mouvement a démarré dans la ville d’Al-Hoceïma après la mort, le 28 octobre 2016, de Mouhcine Fikri, un marchand de poisson broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer une grande quantité d’espadon que la police venait de lui confisquer pour cause de pêche illégale. Depuis, les manifestations se répètent en dépit d’une forte répression et de peines de prison ferme requises contre les principaux contestataires. L’opiniâtreté du mouvement et le niveau de mobilisation remettent en question la stratégie adoptée par la monarchie depuis le « printemps arabe » de 2011. En réponse aux revendications du Mouvement du 20 février (date de la manifestation au cours de laquelle cinq jeunes étaient morts à Al-Hoceïma), le roi Mohammed VI avait fait adopter une révision constitutionnelle pour accorder plus de pouvoir au premier ministre, poste auquel il nomma un islamiste du Parti de la justice et du développement (PJD) à l’issue des élections, le 25 novembre 2011. Mais aujourd’hui le chômage des jeunes et l’incapacité des institutions à canaliser les revendications de populations mieux informées et mieux organisées qu’il y a cinq ans débordent du Rif ; la contestation pourrait se propager au reste du pays.
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