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lundi 24 juillet 2017

Maroc : La marche d’Al Hoceima violemment empêchée par les forces de sécurité, un militant grièvement blessé



    

  •  Amin Fassi-Fihri, Maroc Emergeant,
    Lundi, 24 Juillet 2017
La marche d’Al Hoceima violemment empêchée par les forces de sécurité (Ph: Facebook)
La manifestation de jeudi 20 juillet à Al Hoceima pour la libération des militants du mouvement rifain ''Hirak'' et la fin de la répression dans le Rif, empêchée de se tenir par les forces de sécurité, a fait plusieurs blessés, dont un militant du Hirak, Imad El Attabi, dont le pronostic vital est engagé.
 En dépit de l'interdiction de la marche de soutien aux militants emprisonnés du Hirak, des dizaines de milliers de personnes avaient convergé jeudi 20 juillet vers Al Hoceima. Autant des villes et villages environnants, que de tout le Maroc, en soutien aux militants emprisonnés du 'HIrak''. Dépêchés en grand nombre, les forces de sécurité et les gendarmes avaient dressé des barrages routiers ''filtrants'' pour interdire l'accès à Al Hoceima. En autocar, en voitures et même par mer, des milliers de manifestants ont pu cependant rallier les lieux de la ''protesta'', certains ayant été fichés par les agents de sécurité, après leur avoir permis d'entrer en ville. "Plusieurs manifestants qui essaient de se rendre à Al Hoceima, en provenance d’Imzouren, Beni Bouayach, Tamassint et les autres villages et villes avoisinantes, sont soit enregistrés sur des fiches rouges, soit interdits de continuer le trajet par les gendarmes ou policiers postés aux entrées de la ville", indiquent plusieurs sources.
 "Dans les autocars, ceux qui n’ont pas de carte d'identité nationale (CIN) ont été interdits de continuer le voyage pour Al-Hoceima. Pour ceux qui en ont une, c’est à la tête du client", raconte un membre du Hirak, indiquant que "d’autres ont été tout simplement interdits de quitter leur ville, comme c’est le cas d’un autocar à la sortie de la localité de Laroui, et d'un autre à la sortie de Lkassita, petite localité près de Nador. 
Mais, sur place, la manifestation avait été interdite par les agents des forces de l'ordre, qui avaient utilisé notamment des gaz lacrymogènes et divers moyens de dissuasion pour disperser les manifestants.
Pronostic vital engagé pour l'activiste 
Imad El Attabi
Un des blessés, l’activiste rifain Imad El Attabi, avait été grièvement atteint jeudi soir à la tête, et transporté ce vendredi matin à l’hôpital militaire de Rabat. Il serait entre la vie et la mort selon le personnel de l'hôpital. Une source au sein de cet hôpital a confié à ''Alyaoum 24'', que ''son rythme cardiaque est très faible'' et ''qu’il respire à l’aide d’appareils médicaux d'assistance respiratoire''.  
El Attabi ''est en salle de réanimation et se trouve dans un état comateux. Son état est très grave'', ajoute la même source. Agé de 25 ans, Imad El Attabi, avait été évacué dans la nuit de jeudi à vendredi à bord d’un hélicoptère du ministère de la Santé depuis l’hôpital Mohammed V d'Al Hoceima où il a été admis en urgence suite à une blessure à la tête près de la place Mohammed VI d’Al Hoceima lors d'affrontements entre manifestants et policiers. 
Citant les autorités locales, l'agence officielle ''MAP'' rapporte vendredi qu’''une personne se trouvant dans un état comateux et portant une blessure au niveau de la tête due, selon les premières données, à des jets de pierres, a été transférée, jeudi soir, dans des circonstances indéterminées à l'hôpital Mohammed V à Al Hoceima''. 
 Selon la préfecture de la province d’Al Hoceima, il y a eu jeudi soir au moins 83 personnes, dont 72 éléments des forces de l’ordre et 11 manifestants, qui ont été blessés lors des accrochages durant la marche de protestation dans la capitale du Rif. Des sources locales proches des organisateurs de la marche, indiquent que de nombreux blessés n'ont pas été évacués vers les structures sanitaires, de peur d'être arrêtés.
Le ''come back'' des années de plomb
Après Ennahdj Eddimocrati, qui avait dénoncé l'interdiction de la marche pacifique pour demander la libération des militants du Hirak, ainsi que l'association Al Adl Wal Ihsane, Nabila Mounib, SG du Parti socialiste unifié (PSU) et coordinatrice de la Fédération de la gauche démocratique FGD, a dénoncé "l’interdiction de la manifestation d’Al Hoceima'', qui est, selon elle, ''un acte lâche". "L’approche choisie par le gouvernement est inacceptable et lâche. C’est inadmissible que des méthodes pareilles soient encore employées aujourd’hui", a-t-elle ajouté. Auparavant, Ennadj Eddimocrati et plusieurs autres partis avaient estimé que le Maroc a fait un grand retour vers les ''années de plomb'' dans la gestion de la crise actuelle dans le Rif.
 "Aujourd’hui, les gens du Rif se comportent comme s’ils n’avaient rien à perdre. Les détenus mènent une grève de la faim parce qu’ils se foutent de la vie, car celle qu’on leur propose ne vaut pas la peine d’être vécue, alors qu’une poignée de mafieux profite des richesses du pays", a lancé Mounira Mounib, la ''Passionnaria'' de la politique au Maroc.
Aux origines du Hirak
Depuis le mois d'octobre dernier, de violentes manifestations de protestation contre la marginalisation de la région du Rif sont organisées à Al Hoceima, après la mort d'un poissonnier, Mohcine Fikri, broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de sauver sa marchandise, qui avait été saisie par la police. C’est le début de la ‘’révolte’’ dans le Rif contre la marginalisation et la militarisation de la région, et la naissance du Hirak. Mais, après une accalmie relative entre avril et mai, la situation s'est brusquement détériorée début juin avec l'arrestation des chefs de file du mouvement Hirak. La plus spectaculaire des manifestations de protestation contre la marginalisation du Rif par le ''makhzen'', avait été organisée en plein mois de ramadhan, en juin dernier, et qui avait rassemblée à Rabat, près de Bab El Had, près d'un million de personnes. Cette marche nationale de ''la dignité'' en solidarité aux populations du Rif, a dénoncé la corruption du pouvoir, la marginalisation du Rif et demandé la libération de tous les militants du Hirak, emprisonnés à Casablanca. Elle a également pris des proportions politiques dangereuses, et diplomatiques avec des ‘’warnings travel’’ de plusieurs capitales européennes à leurs ressortissants en visite ou résidents au Maroc



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