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mercredi 13 décembre 2017

Retour sur la situation dans les Hautes-Alpes, quand la police traque les migrants

paru dans lundimatin#126, le 11 décembre 2017 
On sait que la traversée des frontières est de plus en plus difficile de nos jours pour qui n’est pas un riche touriste. Mais elle devient quasi impossible lorsqu’il s’agit de franchir des cols enneigés à -15 degrés sans connaître parfaitement son chemin. c’est pourtant ce que font tous les jours plusieurs dizaines de migrants entre Bardonecchia et Briançon, traqués par des gendarmes munis de lunettes thermiques et autres famas. Face à cette situation, des formes de résistance s’esquissent qui impliquent un certain courage ainsi qu’un rapport constant à l’illégalité. Nous publions ici le compte-rendu d’une discussion ayant eu lieu le 18 novembre dernier à Menglon, dans la Drôme.
Les témoignages de cette brochure sont retranscrits tels quels.
Les copains et copines présent-e-s sont tout-e-s membres de collectifs actifs dans les Hautes-Alpes (05) et le haut diois (26), ainsi que des camarades qui viennent d’arriver. Ces collectifs se sont créés suite à la situation d’urgence, tant au niveau de l’accueil, que de l’accompagnement administratif, médical, vital, humain, de plusieurs dizaines, centaines de migrants qui traversent la frontière avec l’Italie par Briançon. Majoritairement des hommes venus d’Afrique de l’ouest. Beaucoup de mineurs dont certains de moins de quinze ans.
L’idée de cette retranscription est avant tout d’informer les habitant-e-s des départements directement concernés par la situation, qui pour beaucoup ne sont pas au courant de ce qui se passe à leur porte. C’est une stratégie claire et nette de l’État : invisibiliser, taire, étouffer la réalité et aujourd’hui, il n’est plus possible de se laisser faire.
Au moment où j’écris ces mots, une église à été occupée à Marseille, pour revendiquer la négligence de la prise en charge de plusieurs cinquantaines de mineurs (et bien plus en réalité) qui depuis de nombreuses semaines, nombreux mois, dorment dans la gare. Une situation qui n’est pas nouvelle. Au moment où j’écris ces mots, sept salles d’une fac à Nantes ont été occupées pour loger également des mineurs sans prise en charge qui auront un toit au-dessus de leur tête au moins pour quelques nuits. Nous amenions encore des mineurs de moins de 15 ans à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) ce matin, sans savoir comment ils seront pris en charge, et avec un goût amer dans la bouche et les larmes dans les yeux de savoir pertinemment que l’État français traque, dans les mots, dans les souvenirs, des camarades qui ont déjà un lourd parcours derrière eux.
Cette situation n’est pas nouvelle, elle fait partie de la lourde réalité qui s’opère depuis maintenant plus de deux ans, à la Roya, à Vintimille, à Menton, à Nice, Marseille, et maintenant, dans les Hautes-Alpes. En réalité, depuis bien plus longtemps .…
Alors comme les flics obéissent sagement aux ordres en ramenant sans cesse, dans le froid, sans humanité, des camarades, comme l’État renouvelle encore son droit à militariser les frontières, comme nous vivons encore des scènes de délation de personnes qui feraient mieux d’éteindre leur télévision et d’ouvrir les yeux, il est urgent et vital de dire ce que nous pensons, et d’agir en reprenant nos droits, pas ceux qui nous sont dictés par des lois insensées, ceux qui nous sont dictés par notre cœur et notre bon sens.
Parce que personne ne laisserait dormir son gosse de moins de 15 ans dans la rue en hiver .... et même s’il était moins jeune, et même si c’était l’été, on ne joue pas avec la vie d’êtres humains. Point.
Bonne lecture !


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