VIDEO. Maroc: «Les femmes risquent leur vie en utilisant les autobus»

Aurélie Bazzara, 28/8/2017

Des manifestants à Casablanca ont organisé un sit-in le marcredi 23 août 2017 pour dénoncer les violences sexuelles à l'encontre des femmes.
Des manifestants à Casablanca ont organisé un sit-in le marcredi 23 août 2017 pour dénoncer les violences sexuelles à l'encontre des femmes. — AFP
« Au Maroc, les femmes évitent d’utiliser les autobus car c’est devenu trop dangereux », explique Zainab Fasiki, féministe marocaine de 23 ans et dessinatrice de BD. Près de 63% des femmes ont subi un acte de violence selon une enquête réalisée par le Haut commissariat au plan marocain, dont deux tiers d’entre elles dans un lieu public.

Un conducteur et des passagers totalement passifs

Après la vidéo prise à Tanger et mise en ligne le 30 juillet d’une femme traquée par une horde de jeunes hommes dans un bus, la vidéo d’une agression sexuelle à la limite du viol collectif à Casablanca a tourné en boucle sur les réseaux sociaux et provoqué l’indignation. « J’ai pris ma tablette graphique pour dessiner l’état de la victime, c’était très choquant », déplore Zainab Fasiki.
Sur les images, on peut apercevoir des adolescents hilares, bousculant violemment une jeune femme en pleurs. Ils essayent de la déshabiller et touchent ses parties intimes, devant un conducteur et des passagers totalement passifs. Les six agresseurs, tous mineurs, ont été arrêtés. La victime, âgée de 26 ans et atteinte de troubles mentaux, a été retrouvée par la police marocaine, après une fugue.
En réaction, près de 300 personnes se sont rassemblées quelques jours après la publication de la vidéo à Casablanca pour dénoncer cette violente agression. De son côté, le gouvernement « réfléchit à comment traiter ce genre de phénomènes pour que ces actes ne se reproduisent plus », a déclaré le chef du gouvernement marocain Saadeddine el Othmani. « La stratégie adoptée par le gouvernement dans ce sens sera annoncée au moment opportun », a-t-il assuré.
« Le harcèlement est culturellement accepté parce que les lois ne sont pas appliquées », argue Zainab Fasiki avant de conclure : « Tant que le dilemme entre la modernité et les conservateurs ne sera pas résolu, les femmes ne seront pas en sécurité dans l'espace public. »