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mardi 20 novembre 2018

Conflit du S.O : La société civile européenne se mobilise en faveur du Front Polisario

Zine Cherfaoui, 19 novembre 2018 
La 43e Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco 2018), dont les travaux ont pris fin samedi soir à Madrid, a confirmé une nouvelle fois que la société civile en Europe se sent très concernée par la cause sahraouie.
Mieux encore, elle est activement engagée dans la défense du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et dans le soutien du Front Polisario dans sa lutte pour la liberté. Et la preuve a été donnée samedi après-midi par l’imposante marche organisée dans les rues de Madrid par la société civile et la classe politique espagnoles.
Manifestación a favor de la autodeterminación del Sáhara Occidental
La marche, qui s’est ébranlée dans une atmosphère bon enfant non loin de la Gare d’Atocha, s’est terminée par un gigantesque rassemblement à la place Mayor où des milliers de personnes (près de 10 000 selon la police espagnole) ont appelé à la décolonisation et à l’indépendance du Sahara occidental, et réclamer au gouvernement espagnol «l’annulation» de la déclaration de Madrid signée en 1975, ayant permis l’invasion par le Maroc des territoires sahraouis. «Pacte illégal», «Espagne responsable, le Maroc coupable», étaient certains des slogans scandés lors de cette manifestation, initiée en marge de la 43e édition de la Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui.
Cette manifestation a été, en outre, mise à profit pour réclamer le droit légitime à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, et appeler à la «libération des nombreux militants politiques du groupe Gdeim Izik embastillés dans les geôles moyenâgeuses du makhzen». Des geôles où, indiquent les ONG de défense des droits de l’homme, ils sont régulièrement torturés.

Mobilisation imposante
Cette manifestation qui s’est dispersée dans le calme a, selon des participants aux travaux de l’Eucoco, «révélé un écart abyssal entre le regard porté par la société civile européenne sur le conflit du Sahara occidental et celui de certains pouvoirs européens qui, comme ceux de la France ou de l’Espagne, n’hésitent pas à cautionner et à encourager même la colonisation du Sahara occidental et le pillage des ressources naturelles des Sahraouis».
«Ces deux pays ferment également les yeux sur les violations massives des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés et empêchent l’application de décisions de la Cour européenne de justice favorables au Front Polisario», ajoutent-ils. Ce n’est pas du tout faux.
Pas plus tard que vendredi, les autorités espagnoles n’ont pas hésité, pour plaire au Maroc, à faire annuler une rencontre de parlementaires favorables à la cause sahraouie prévue dans l’enceinte de l’Assemblée espagnole.
Un député de Podemos a qualifié l’injonction de l’Exécutif de «précédent grave» avant de révéler des «tentatives répétées du pouvoir espagnol de casser le mouvement de solidarité qui s’exprime en faveur des Sahraouis».
Eu égard à ce constat, les 375 participants à la 43e édition de l’Eucoco ont réitéré la nécessité de renforcer les liens entre le mouvement de solidarité et les différents intergroupes parlementaires afin de défendre la cause du peuple sahraoui et «encourager les rencontres et les actions internationales pour contrer la tentative d’inclusion du Sahara occidental dans le champ d’application des accords commerciaux UE-Maroc».
Ainsi, ont-ils souligné, dans leur résolution finale, l’impérieuse nécessité «de sensibiliser, tant au niveau européen, national, régional que local, les élus sur ce qui constitue une violation du droit international et communautaire».

L’UE viole ses lois et sa justice
C’est le 3 décembre prochain que le Parlement européen doit se prononcer sur ces accords commerciaux UE-Maroc amendés. Et les participants à l’Eucoco ont averti que si l’accord proposé par la Commission est adopté par le Parlement européen, il conviendra de «mener une campagne de dénonciation, si possible avec des ONG internationales».
A la même occasion, ils ont déploré une nouvelle fois la volonté du Conseil européen et de la Commission européenne de contourner et même de violer gravement le droit européen en voulant inclure le Sahara occidental occupé dans le champ d’application d’accords commerciaux signés entre l’UE et le Maroc.
En revanche, ils ont fortement encouragé le Parlement européen à se ranger du côté du droit international et européen en votant à l’encontre des amendements proposés par la Commission européenne. Dans tous les cas, les participants à l’Eucoco 2018 – auxquels ont prêté main forte de nombreux représentants de pays et d’ONG africains et d’Amérique latine – ont promis qu’ils ne déposeront les armes que lorsque que le peuple du Sahara occidental aura recouvré sa liberté et son indépendance.
Le soutien de l’Eucoco aux Sahraouis est important, surtout qu’il intervient à la veille de la reprise à Genève des négociations entre le Front Polisario et le Maroc.

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