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jeudi 27 décembre 2018

chronique du couchant décembre 2018




 
Chronique mensuelle des évènements récents au Maroc, au Sahara Occidental, dans ces pays où le soleil se couche, mais pas les peuples, et sur les routes de l’exode.  


 Décembre 2018


Maroc
 
Maroc : les ingrédients d’une révolution seraient-ils réunis ?
Un chômage exponentiel rend la vie de plus en plus difficile (+ un million de chômeurs depuis 2016), dont la jeunesse fait majoritairement les frais : 26% des 15/25 ans sans emploi ; 4,7% de la population sous le seuil de pauvreté. (Source Amine Belghazi, Middle East eye)
Les manifestations à Al Hoceima, Jerada, Zagora et dans les banlieues de Casablanca peuvent évoquer un risque de révolution dans le plus beau pays du monde. Dans la rue, les dociles sujets du roi osent maintenant dénoncer sa responsabilité dans l'état désastreux de l'économie que l’autoritarisme du gouvernement ne peut plus cacher. La jeunesse en particulier montre une dureté de langage jamais observée depuis l’accession de Mohammed VI sur le trône en 1999, elle ne songe qu'à quitter son pays qui ne lui offre aucun avenir. Lire l'article sur solidmar.blogspot.com/.../maroc-les-ingredients-dune-revolution.htm

Le Maroc voulait faire passer l'assassinat des deux jeunes touristes scandinaves pour un évènement grave mais isolé. Le peuple devrait garder haute son image de pays où on se randonne sans aucun risque de terrorisme. L'horrible crime de Louisa et Maren prouve le contraire. Le Makhzen ne peut plus cacher que des Marocains sont impliqués dans nombreux attentats barbares de ces dernières années. On ne se déplacerait donc pas toujours en toute sécurité dans ce beau pays à la population si accueillante. Lire : https://www.la-croix.com/Monde/Au-Maroc-village-Imlil-ebranle...

Deux des quatre premiers suspects de cet attentat sont originaires d'Al Azzouzi, bidonville misérable de Marrakech. Cette banlieue du nord-ouest de Marrakech est à la fois si proche, géographiquement, et si loin, socialement et économiquement, du cœur de la ville ocre, destination phare du royaume. Le contraste avec les hôtels de luxe et les belles avenues bordées de palmiers y est saisissant." www.lepoint.fr/monde/maroc-a-marrakech-precarite-et...

À travers les réseaux sociaux les Marocaine découvrent les rouages de la corruption tentaculaire, à tous les étages du pouvoir qui veut faire croire à l'amitié admirative de la France. " Valérie Trierweiler, dans son livre dévoile comment le roi du Maroc corrompt les dirigeants politiques français, qu’ils soient de gauche ou de droite, qui entretiennent une relation plus qu’étroite avec la monarchie marocaine, sachant pourtant qu'elle est bâtie sur la corruption et des intérêts qui concernent moins les peuples des deux pays que leurs dirigeants. Voilà pourquoi les responsables français ferment les yeux sur les atteintes aux droits de l’Homme commis sous les ordres du Makhzen...ce qui est peu honorable pour les deux pays.  fr.whatsupic.com/nouvelles-politiques-monde/1410071749.html

Driss El Yazami a été démis de ses hautes fonctions au Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH).
Il est remplacé par Amina Bouayach. Son limogeage serait lié à son rapport cité par Human Rights Watch publié quelques jours auparavant par le CNDH qui y signale qu'un certain nombre de détenus Rifains avaient été battus, soumis à des insultes, victimes de diffamation et de calomnies et autres menaces par des agents de police marocains  pendant leurs interrogatoires et la période d'enquête. Ce rapport a déplu à la Direction générale de la Sûreté nationale.
Driss El Yazami, ancien militant de la FIDH, puis fidèle défenseur de la monarchie, bénéficiait d'importants privilèges et d'une rémunération substantielle, en contrepartie de l'amélioration de l'image du Maroc sur le registre des droits de l'homme et des libertés. Source: hoceimacity.com, traduit par Rachid Oufkir

Les étudiants marocains bénéficiaires de bourses doivent s'engager à ne participer à aucune manifestation contre la monarchie.
Interdites les manifestations de solidarité avec le RIF, ou autre sit in ou participation à une marche aux slogans portant atteinte aux intérêts et à l’image du Maroc, sous peine d'avoir "des ennuis" en retournant au pays. Source : Marokleaks
Après les assassinats de deux jeunes randonneuses qui ne persuade plus vraiment sur l'absence de risque terroriste, le Maroc arrivera-t-il encore à convaincre des investisseurs européens comme il a tenté de le faire avec une délégation belge ?
Le roi et son gouvernement avaient invité la princesse Astrid et quatre cents investisseurs belges afin de les encourager à y investir. L'article est racontée avec beaucoup d'humour par Salah Elayoubi qui continue "L'un (des invités), s’est pris de l’idée de visiter la ville de Casablanca himself. Il n’a pas eu à aller bien loin avant de tomber sur le vrai Maroc, pas celui des papiers bristols et des lambris, mais le véritable, le seul, le vrai, celui des pissotières à ciel ouvert, des harceleurs, des décharges sauvages à tous les coins de rues, des mendiants, des clochards, des sdf.... tout cela à un jet de pierre de l’hôtel. Le lendemain, notre ami a conté sa visite au Maroc profond et devinez la suite. Le ministre a appelé le Wali qui a appelé le gouverneur qui a appelé le maire qui a appelé...vous l’aurez compris, en un tournemain, on a organisé la déportation sine die des clochards, des sdf et nettoyé au karcher les trottoirs en question et autres murs souillés (...). J’oubliais, les 400 belges et poussière étaient les invités du peuple marocain tous frais payés. (Vols gratuits, accueil VIP, hôtel 5 étoiles, avec tagines, couscous, briouates et loufiats en saroual, gants et babouches blancs.) Et si on s’amusait à calculer le coût de cette gâterie et ses retombées sur notre économie ?"

L’AMDH s’explique sur son refus d’assister à la cérémonie de remise des prix de la société civile
 “Avant de valoriser le travail des associations, il faut d’abord leur permettre de travailler
écrit Ahmed El Haij, président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Nous n’avons pas été candidats à ce prix et nous sommes convaincus que la priorité, aujourd’hui, est de reconnaître le droit d’exister aux ONG."  L’étau n’a cessé de se resserrer autour de ces ONG militant pour les droits humains. L'AMDH a déjà réagi en saisissant la justice qui a rendu 24 verdicts en sa faveur en condamnant le refus d’octroi du récépissé et a également réagi contre le refus d'’accès à des salles, des hôtels ou autres espaces publics pour y organiser des activités :  “au moins 140 refus”. Lire
solidmar.blogspot.com/.../lamdh-sexplique-sur-son-refus-dassister.html

Contagion des gilets jaunes au Maroc ?
Le fait que les gilets jaunes français revendiquent dans leur charte la fin du pillage de l'Afrique par la Françafrique ne peut que rendre ce mouvement sympathique aux Marocains. Des articles mentionnant l'arrivée des gilets jaunes au Maroc apparaissent sur internet, mais il est difficile d'en prévoir la portée.https://www.h24info.ma/actu/les-gilets-jaunes-debarquent-au-maroc/

Le soulèvement du Rif est toujours vivant  

 La Cour d’appel doit rendre justice aux activistes du Hirak : les verdicts sont entachés de soupçons de torture. « Un tribunal ne peut pas tout simplement ignorer des preuves de torture », a déclaré Ahmed Benchemsi, directeur de la communication et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord chez Human Rights Watch. « La cour dappel se doit d’écarter tout aveu suspect, et de garantir que personne ne soit condamné si ce n’est pour des crimes réels» Lire : https://www.hrw.org/fr/news/2018/11/30/maroc-des-verdicts-entaches-par-des-soupcons-de-torture

Le nouveau lion du Rif, Nasser, le rebelle présenté par ses parents au Parlement européen Nasser, "un homme pauvre, qui n’a pas terminé ses études, "mais riche à l’intérieur, une personne capable de mobiliser les autres : avec un téléphone portable, il a amené des centaines de milliers de personnes dans les rues après la mort de Mouhcine Fikri". Lire : https://news-europe.fr/maroc-le-nouveau-lion-du-rif-nasser-le...

https://www.rifonline.net/photo/art/default/23273744-25619118.jpg?v=1529965679
Wafi Kajoua
Les arrestations de Rifains se poursuivent, comme celle de Mohamed Makou, condamné à 2 ans et celle du prisonnier politique belgo-marocain Wafi Kajoua qui a été condamné à un an de prison et à une amende de 2000DH. Pour augmenter la punition et le perturber physiquement et psychologiquement, les autorités marocaines ont ordonné soudainement son transfert de Nador à la prison de Fez, énième représailles pour le réduire au silence et l'empêcher de dénoncer l'arbitraire à son encontre, notamment sa condamnation scandaleuse à l'issue d'un simulacre de procès aux chefs d'accusation fantaisistes.

Sahara Occidental
 
L'histoire du Sahara Occidental n'est pas, ou si peu, connue. 
 Il est intéressant de relire comment le Maroc, après l'Espagne, s'est impunément approprié cette libre terre sahraouie. Lire l'article : www.lexpressiondz.com/...chronologie-d-une-injustice-historique...  

Le Maroc n'a donc aucun droit sur cette riche terre qu'il occupe et nomme "sa provinces du sud". C'est l'Espagne qui reste toujours sa puissance administrante, mais ne s'en soucie guère, puisque le ministre socialiste ouvrier espagnol des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération, Josep Borrell, a cité divers génocides comme celui du Rwanda, le Cambodge, etc., mais pas un mot sur le génocide perpétré au Sahara Occidental et pour lequel onze hauts responsables, militaires et policiers marocains sont poursuivis devant l'Audiencia Nacional. Josep Borrel est préoccupé par les violations des droits humains à travers la planète mais ne cite jamais celles commises par le Maroc sur le peuple sahraoui. (tlaxcala-int.org/article.asp?reference=24938)et (Tlaxcala : Le ministre espagnol Borrel...)

Le dialogue rompu entre le Maroc et le SO sera-t-il relancé ?  
Pour tenter de relancer le dialogue rompu entre le Maroc et le Sahara Occidental, pour la première fois l'ONU y invite les voisins du SO, l'Algérie et la Mauritanie. Mais le Maroc s'obstine à rejeter l'idée du référendum d'autodétermination demandé par l'ONU et le SO. Depuis 1991 la monarchie a déplacé une très nombreuse population de colons faux Sahraouis dans les territoires occupés, rendant la population autochtone minoritaire et a investi d'énormes sommes dans des projets immobiliers que les Sahraouis ne demandent pas, et s'obstine à vouloir imposer son projet d'autonomie, qui lui permettrait de garder la main sur sa colonie.
 L’ONU et le SO maintiennent leur engagement à poursuivre les pourparlers malgré le rejet marocain. Horst Köhler a estimé qu’il serait “bénéfique” de créer cette confiance mutuelle entre les deux parties au conflit, concernant “le respect des droits de l’homme dans les territoires occupés, la libération des prisonniers politiques sahraouis, entre autres le groupe de Gdeim Izik, et l’ouverture des territoires occupés aux journalistes, observateurs internationaux et militants des droits de l’homme, pour témoigner de la situation dans cette partie occupée du Sahara Occidental”. https://lakoom-info.com/front-polisario-maroc-engagement-a...

Les accords UE-Maroc 
 Le Front Polisario déplore l'implication des peuples européens dans le pillage des richesses du peuple sahraoui.. Environ "100 organisations de la société civile sahraouie se sont adressées au Parlement Européen (PE), à la Commission Européenne de la pêche ainsi qu'aux États membres de l'Union Européenne (UE) pour protester contre les États qui veulent inclure le Sahara Occidental dans les accords UE-Maroc." www.elmoudjahid.com/fr/actualites/131038

Bruxelles, 5 déc. 2018 (SPS) Le député européen, Florent Marcellesi, s’est félicité mercredi de la décision du Tribunal de l’Union européenne (UE) qui a jugé que l’accord sur l’aviation civile conclu en janvier 2018, entre l’UE et le Maroc, est sans application au territoire du Sahara occidental et à son espace aérien.

Migrants

en montagne
 
Les "7 de Briançon" sont tous condamnés. 

Verdict scandaleux et honteux, conforme aux consternantes réquisitions du Parquet, au moment où les cols des Hautes Alpes se couvrent de neige, mettant en danger de jeunes Africains mal équipés qui ne connaissent pas les dangers de la montagne. (https://www.amnesty.fr/presse/a-briancon-lurgence-de-sauver-des-vies) 
 L'hiver dernier, grâce à la vigilance des militants maraudeurs, des vies ont été sauvées. Mais la justice en a choisi 7 afin de les punir pour délit de solidarité, et le 13 décembre la cour de cassation a fait preuve de déni d'humanité en les condamnant tous les 7.
Protestations de ceux qui y voient un tournant dangereux dans la répression des personnes solidaires et la négation du droit de manifester.  Écouter l'excellent reportage radio : "Migrants dans les Alpes : la solidarité condamnée."  

Dans les Hautes Alpes la majorité des migrants arrivant par les cols sont des mineurs isolés, que l'administration cherche à "déminoriser" car "tout est fait pour que les mineurs  isolés soient déclarés majeurs".
"Le gouvernement s'apprête à revoir le financement de la prise en charge des mineurs étrangers isolés, car aujourd'hui ces mineurs déboussolés par un processus administratif kafkaïen qui ne permet ni d’évaluer correctement leur minorité ni de les protéger et de leur trouver un abri, se retrouvent très souvent à la rue. Au total, 25.000 mineurs sont arrivés en France en 2017, et plus de 10.000 seraient livrés à eux-mêmes."
Mais le problème des MEI est plus financier qu'humain, il porte surtout sur les coûts, non sur les mineurs à la rue. A Paris, entre 80 et 85% des jeunes sont déboutés de leur reconnaissance de minorité.
https://www.nouvelobs.com/monde/migrants/20180312.OBS3445/tout-est-fait...


en mer

Des migrants non secourus sont morts après 11 jours de dérive en mer. Une ONG en appelle à la CPI.

 L'ONG allemande Mission Lifeline "accuse Frontex et Eunavfor Med de crimes contre l'humanité et appelle la Cour pénale internationale à enquêter". 25 migrants qui tentaient de rejoindre les côtes italiennes ont été emportés par le courant et ont dérivé 11 jours sans eau ni nourriture. Seuls dix d'entre eux, dont deux femmes, ont survécu dans un état de grave déshydratation.
"Des rapports de plus en plus alarmants confirment ce dont les équipes de l'Aquarius ont été témoins : les capacités de recherche et de secours sont insuffisantes et les embarcations en détresse sont ignorées", a dénoncé Médecins sans frontières (MSF).  Les bateaux civils de sauvetage sont entravés dans leur mission par des attaques politiques ciblées", a rappelé SOS Méditerranée, dont le navire l'Aquarius, affrété avec MSF, est bloqué à Marseille faute de pavillon. Lire :
https://mediaguinee.org/migrants-morts-apres-11-jours-mer-ong...

Il faut souhaiter bon avenir au nouveau bateau humanitaire qui navigue depuis le 20 décembre au large de la Libye, pour la première fois sous pavillon allemand. Il a quitté ce jeudi le sud de l'Espagne. Une initiative pilotée par l'ONG allemande Sea-Eye.

Mais le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a décidé de ne laisser aucun accès aux ports italiens : "Ma réponse est claire: les ports italiens sont fermés!" "Pour les trafiquants d'êtres humains et pour ceux qui les aident, la fête est terminée".
Le pacte international sur les migrations

Pacte mondial sur les migrations : vision de l’OIM, l'Organisation Mondiale pour les Migrations
Il s’agit notamment du droit international de la migration, qui regroupe les normes applicables énoncées, entre autres, dans le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés, le droit du travail, le droit international humanitaire, le droit maritime, le droit de la mer et le droit pénal transnational...




Par Lucile Daumas, 30/12/2018


Lors de l’adoption du « Pacte pour une migration sûre, ordonnée et régulière », à Marrakech le 10 décembre dernier, plusieurs pays ont refusé de signer, tandis que les droites extrêmes –européennes notamment- criaient au laxisme et alertaient sur la déferlante migratoire que ne manquerait pas de susciter un tel pacte. A croire qu’aucun d’entre eux n’avait lu le texte. Pourtant dès le titre, la perspective est donnée : ordre, régulation, sécurité. On est bien loin des recommandations du Rapport mondial sur le développement humain, présenté par le PNUD en 2009, traitant de la question migratoire : « Lever les barrières : mobilité et développement humain ». S’ils avaient vraiment lu le texte, ils auraient pu appréhender la vision frileuse, protectionniste, sécuritaire et utilitariste d’un pacte qui se positionne résolument du côté des gouvernements et des intérêts qu’ils défendent, plutôt que de celui des personnes et des peuples. Le préambule de la Charte des Nations unies commence pourtant par cette formule : Nous, peuples des Nations Unies… Les États l’auraient-ils oublié ?


C’est en tous cas sur cette base que se fonde la critique que nous faisons de ce pacte,déjà promis avant même d’être ratifié à n’avoir qu’un impact limité, car il est non contraignant sur le plan juridique, et il réaffirme le droit souverain des États de déterminer leur politique migratoire nationale et régir les migrations relevant de leur juridiction comme ils l’entendent. Autant dire que le Pacte renonce à l’affirmation de valeurs et principes forts, qui ont toujours été les fondements des textes internationaux portés par les Nations Unies, et auxquels tous les États du monde entier sont astreints de se conformer, dans le strict respect des droits humains.

§  . Le pacte ne fait aucune référence à la liberté de circulation des personnes et au droit pour toute personne de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat et  de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. (l’article 13 de la Déclaration universelle des droits humains). Il est par ailleurs muet sur l’érection des murs, barrières, dispositifs de surveillance et de répression qui freinent ou anéantissent l’exercice de ce droit.

 


§  Il fait référence à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et insiste sur la lutte, certes légitime, contre les mafias organisées et la traite des personnes, pullulant dans les zones de non droit que sont devenues les frontières et certains pays de transit. Mais au-delà, il légitime aussi la criminalisation de la migration elle-même et de l’aide apportée aux migrants.



§  La Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles ne fait pas partie des textes de référence cités dans le préambule.  L’ensemble des droits des travailleurs migrants et les devoirs des États vis-à-vis d’eux ne sont donc pas repris dans ce Pacte. Cela constitue une régression de taille par rapport aux avancées du système onusien en faveur des travailleurs migrants et une porte ouverte à la poursuite des politiques et des pratiques discriminatoires vis-à-vis de cette catégorie de travailleurs.



§  Il met en avant la migration sélective, tout en entérinant la distinction entre migration régulière et migration irrégulière, qui résulte largement de la fermeture des frontières, de la négation de la liberté de circulation et de la négation de la possibilité pour les travailleurs et travailleuses de se positionner librement sur le marché mondial du travail, alors que la plupart des barrières à la liberté de circulation des capitaux et des marchandises ont été ou sont en train d’être levées. Ce faisant, Il réduit la personne migrante à un agent ou à un sujet anonyme au service du développement des pays d’accueil et d’origine, sans aucune considération pour tout ce qui fait que l’homme est l’homme, dans toutes ses dimensions culturelle, affective, relationnelle, etc. Parallèlement il insiste sur le rôle négatif des migrations qui « affectent nos pays »



§  . Il entérine la distinction entre migrants et réfugiés alors que l’extension des conflits armés, l’insécurité politique, économique, écologique, climatique et sociale qui prévaut dans le monde tend à rendre de plus en plus ténu le distingo entre ces catégories, et que se fait jour un discours qui voudrait que seuls les réfugiés (au titre de la Convention de Genève de 1957) seraient légitimes à être accueillis, tant en Europe qu’aux Etats-Unis.


§  . Il insiste sur la mise en place d’un partage des données et des informations sur les migrantes et les migrants, qui, nous ne pouvons en douter, constituera un outil interétatique redoutable de fichage, de contrôle, de répression et de refoulement des personnes migrantes.



§  C’est pourtant l’excès de régulation et la fermeture des frontières qui rend les migrations peu sûres et aussi dangereuses et létales pour les personnes migrantes. Un pacte qui vise à renforcer ces régulations et protections des frontières contribuera à rendre les routes migratoires toujours plus dangereuses, voire mortelles, pour les personnes migrantes et à ce que s’installent dans les zones frontalières, devenues des zones de non-droit, de plus en plus militarisées, tous les trafics, toutes les mafias, que ce même pacte prétend vouloir combattre.



§  Il entérine l’existence de camps de rétention et de dispositifs de détention des personnes migrantes, et donc la criminalisation de la migration et l’instauration de zones de non-droits et de détention administrative.



Ce pacte, non contraignant et reflet des politiques responsables de la « crise migratoire » actuelle n’est pas un texte de réaffirmation des droits des personnes migrantes, des valeurs et des principes devant régir les relations entre personnes et communautés. Il se présente davantage comme une boîte à outil légitimant les pratiques actuelles en matière d’obstacles à la liberté de circulation, permettant aux Etats de réguler/freiner conjointement les flux migratoires, plutôt que comme un texte de référence en matière de droits des migrants et des migrantes. Il se met au service des Etats, et derrière eux des tenants de la finance et des multinationales, au détriment des personnes et de leurs droits fondamentaux. Il entérine une vision utilitariste de la migration et réduit la personne migrante à un agent ou à un sujet anonyme au service du développement des pays d’accueil et d’origine, sans aucune considération pour tout ce qui fait que l’homme est l’homme, dans toutes ses dimensions culturelle, affective, relationnelle, etc. Parallèlement il insiste sur le rôle négatif des migrations qui « affectent nos pays ».



Face à cette vision frileuse, protectionniste, porteuse de xénophobie et de racisme, il convient de réaffirmer



-          Que la libre circulation des personnes est un droit et qu’il est illusoire de penser pouvoir réfréner les mouvements internationaux des personnes. Une approche positive de la migration consiste donc à donner à celle-ci le cadre principiel, juridique et administratif lui permettant de se dérouler dans de bonnes conditions pour les personnes migrantes, et à œuvrer afin que la migration ne soit plus une nécessité mais un choix.

-          Que les politiques migratoires doivent renoncer à toute approche discriminatoire, sécuritaire et répressive de la migration et au contraire se fonder sur le principe d’égalité des droits des personnes vivant sur un même territoire et la mise en place de procédures administratives souples qui puissent faciliter la régularisation des personnes migrantes.

-          Que seules la démilitarisation du monde, la lutte effective contre le réchauffement climatique et l’annulation de l’ensemble des mécanismes qui maintiennent les pays du Sud dans la dépendance et le mal développement (dette illégitime, accords de libre-échange, guerres et conflits) permettront de bannir les migrations forcées et d’aller dans le sens de migrations réellement volontaires.



De plus en plus de personnes, à tous les niveaux des routes migratoires, au Sud comme au Nord, s’impliquent dans une solidarité active avec les personnes migrantes, scandalisées du sort qui leur est réservé, des conditions indignes, des dispositifs d’enfermement qui leur sont imposés, révoltées par le sang versé sur les routes migratoires, dans le désert, dans les mers ou les océans. Elles montrent au quotidien comment la solidarité, l’humanité, le dialogue entre les personnes et les peuples peuvent être à la base d’une politique migratoire accueillante et hospitalière.






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