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mardi 15 octobre 2019

Les Sahraouis ont « une mentalité de paix »

par Fabien GOUAULT.

Le premier rassemblement de l’association Solidarité avec les enfants du Sahara occidental s’est tenu à Clazay.

L’association Solidarité avec les enfants du Sahara occidental, tout juste créée, a organisé un premier rassemblement festif et militant samedi 12 octobre, à Clazay.

De la joie, un vrai sens du partage, de la détermination aussi : l’association Solidarité avec les enfants du Sahara occidental a réussi sa première animation samedi 12 octobre, à la salle des fêtes de Clazay.
Créée à la rentrée, elle vise à fédérer cette communauté qui revendique quelques centaines de ressortissants dans la région. Les Sahraouis ont, pour beaucoup, élu domicile à proximité de grands pôles agroalimentaires où ils sont venus travailler : Bressuire, Nueil-les-Aubiers, Pouzauges (Vendée) ou encore Ancenis (Loire-Atlantique). Ils seraient environ 600, dans ce périmètre.

« Il y a, dans cette communauté, un esprit de solidarité »

Fédérer, donc, dans un souci d’ouverture culturelle notamment. Samedi, une khaima avait été installée à deux pas d’une scène animée par la chanteuse Fatata, venue d’Espagne pour l’occasion. Sous cette tente traditionnelle, chacun était reçu à bras ouverts pour prendre part à la fameuse cérémonie du thé ou encore déguster quelques plats traditionnels. Les dattes à la crème fraîche et au beurre et les petits biscuits ont fait leur effet, avant l’incontournable couscous.
Le sens de l’accueil est d’ailleurs l’une des valeurs perpétuées, au fil des générations. « A une personne inconnue, on offre spontanément des dattes et du lait. Pour souhaiter la bienvenue à un homme, on lui remet une tenue, le daraa. Une femme, elle, revêt une melahfa blanche ou noire. C’est très protocolaire », observe Mélanie de Freitas, présidente de l’association Solidarité avec les enfants du Sahara occidental.

Il y a quatre ans, la jeune femme a découvert cette culture dont elle a pu pleinement prendre la mesure, dans les camps de réfugiés situés dans la partie algérienne. « Ils vivent dans des conditions horribles mais sont quand même heureux. Il y a, dans cette communauté, un esprit de solidarité. Et la femme y tient une place prépondérante. » Ce statut est lié à l’histoire agitée de ce peuple (lire par ailleurs). Lorsque les hommes menaient les combats, il y a environ quarante ans, « les femmes se sont occupées de tout construire, dans les camps de réfugiés. »
Depuis le cessez-le-feu de 1991, cette lutte est pacifique, mais la détermination à obtenir l’indépendance du Sahara occidental reste. L’association bressuiraise a aussi cette vocation militante. « Ce qui manque, aujourd’hui, c’est un véritable appui diplomatique, de la France notamment », estime Rais Jatri, dont l’avis est partagé par Sidi Beia Larosi et Mohamed Uali. « Nous avons une mentalité de paix. »
Solidarité avec les enfants du Sahara occidental compte, prochainement, organiser « une journée avec des intervenants, des gens qui sont allés dans les camps de réfugiés. Il s’agirait d’apporter un regard plus politique », insiste Mélanie de Freitas. Cette dernière aimerait aussi « créer un jumelage entre une école d’ici et celle d’un camp de réfugiés. Le Sahara occidental est, en Afrique, le territoire le plus alphabétisé. Les études y sont très importantes. » A l’enseignement de l’hasanya (dialecte) s’ajoute celui de l’arabe, mais aussi du français et de l’espagnol.
En France, la communauté sahraouie « travaille, fait des formations. Des gens ont eu leur diplôme ici », indique Rais, qui rappelle que les premiers départs vers l’hexagone remontent « aux années soixante, soixante-dix. Y retourner pour voir la famille est possible, dans les camps de réfugiés. Mais dans le Sahara occupé, non. »

« Violations massives des droits de l’Homme »

Le Sahara occidental, situé au Nord-Ouest de l’Afrique, est un territoire non autonome selon l'ONU. Cette ancienne colonie espagnole n’a toujours pas trouvé de statut définitif sur le plan juridique depuis le départ des Espagnols, en 1976. Cette situation est source de complexités administratives. « Ceux qui viennent en France demandent le statut de demandeur d’asile, voire d’apatride », note Mélanie de Freitas. Des statuts rarement accordés par les Autorités.
Le territoire du Sahara occidental est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976.
Sidi Omar, représentant du Polisario, appelait encore il y a quelques jours à « mettre en place les mesures permettant au peuple sahraoui d’exercer librement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance. C’est le seul moyen de parvenir à une solution pacifique et durable au conflit dans la dernière colonie d’Afrique en mettant fin à l’un des chapitres les plus odieux de l’histoire du continent », a-t-il dit. « Alors qu’il resserre son occupation illégale, le Maroc continue de perpétrer des violations massives des droits de l’Homme contre les civils sahraouis. Des arrestations arbitraires, des actes de torture et des passages à tabac sont monnaie courante de la part des autorités marocaines contre la population civile sahraouie », a poursuivi le représentant.
La cause sahraouie avait été soutenue, dès la fin des années 80, par Danielle Mitterrand. En 2001, elle fut même empêchée de se rendre sur place par les autorités marocaines. En France aussi, les Sahraouis sont parfois exposés à des intimidations de la part de certains ressortissants marocains, notamment lors la communauté Sahraouie mène des actions militantes. Samedi, à Clazay, la journée s’est déroulée dans la sérénité.

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