Transparence, accès à l’information et des centres de recherche crédibles feront largement l’affaire
Le classement international du Maroc en matière de droits de
l’Homme, de corruption, de développement humain, d’inégalités,… semble
déranger l’actuel gouvernement. Lequel estime injustes et partiels les
rapports sur lesquels ces classements sont basés. Une commission
ministérielle a même été mise en place dans l’objectif « de répondre à
ces rapports, de soigner l’image du Maroc et de stopper les campagnes
injustes contre le Royaume », a déclaré récemment le chef du
gouvernement.
Cette commission sera présidée par lui-même et composée de Mustapha Ramid, ministre d’État chargé des droits de l’Homme, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Mohamed Aujjar, ministre de la Justice, Mohamed El Hajjoui, secrétaire général du gouvernement, Mohamed El Aaraj, ministre de la Culture et de la Communication et Mustapha Khalfi, ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, porte-parole du gouvernement. Ladite commission sera chargée d’examiner les rapports internationaux, de réagir aux critiques et remarques y afférentes et de réfuter toutes les thèses qui lui semblent injustes à l’égard du Maroc.
Pourtant, nombreux sont les spécialistes qui s’interrogent sur l’utilité d’une telle commission et sur sa capacité à remettre en cause les conclusions de ces rapports. Mais loin de toute polémique, comment ces documents sont-ils élaborés ? Selon quelles méthodologies et quels critères ? Peut-on parler de méthodes scientifiques rigoureuses mises en place par les praticiens qui les ont élaborés ? Y a-t-il des dérives des ONG internationales en matière d’élaboration de ces rapports ? Et est-ce qu’il est vrai que notre pays soit la cible de campagnes de diffamation ?
Concernant l’élaboration desdits rapports internationaux, Mohamed Kerkab, professeur à la Faculté des sciences économiques, juridiques et sociales de l'Université Cadi Ayyad à Marrakech, nous a indiqué que ces documents se basent, en principe, sur des statistiques officielles émanant d’institutions et administrations marocaines. « Les Royaume fournit des chiffres bruts en matière d’habitat, de santé, de pauvreté … et les institutions internationales les traitent et les commentent comme le font la Banque mondiale et d’autres institutions financières par exemple », a-t-il précisé. Même son de cloche chez Boubker Largo, président de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH) qui nous a indiqué que ces documents se basent souvent sur des rapports nationaux, des observations des ONG nationales, des articles de presse et certaines bases de données ainsi que sur l’observation des procès. « Sur le plan national, notre action consiste à suivre de près le travail des tribunaux, les médias, les évènements qui marquent l’actualité … On diligente des enquêtes sur la base desquelles on élabore nos rapports », a-t-il noté.
De son côté, Azzedine Akesbi, membre du bureau exécutif de Transparency Maroc nous a expliqué que chaque rapport et chaque enquête demande une méthodologie spécifique tout en précisant que chacun des indicateurs utilisés touche à un problème spécifique. « On ne peut pas traiter la question de la corruption comme celles de la gouvernance, de la prévarication, de l’accès à l’information, des droits de l’Homme, etc. Durant les 30 dernière années, il y a eu une évolution remarquable en matière d’étude des indicateurs », nous a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « Un indicateur est jaugé à la lumière de certains éléments, à savoir l’objet de la recherche, la méthodologie utilisée et l’échantillon de l’étude. Ainsi, l’indicateur de corruption touche le taux de la corruption dans le secteur public et il est dressé annuellement pour 180 pays par des experts, des institutions internationales et des bureaux d’enquête. Souvent, ce sont 13 à 14 institutions qui participent à l’enquête et chaque pays bénéficie de 4 à 10 études différentes. Et il faut disposer de trois études convergentes pour valider les résultats de l’enquête ».
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