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mardi 11 novembre 2025

Madrid, 14-15 novembre: Exister, c'est résister! 50 ans de résistance sahraouie à l'occupation (marocaine) et à la trahison (espagnole)

Convocan una movilización estatal por la autodeterminación del Sáhara Occidental el próximo 15 de noviembre


Le mouvement de solidarité espagnol avec le peuple sahraoui a annoncé l'organisation, samedi prochain, d'une marche dans la capitale, Madrid, pour soutenir le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination, à la liberté et à l'indépendance.
Le militant espagnol des droits humains Manuel de la Rosa Hernandez a expliqué que cette marche «intervient cinquante ans après la signature de l'accord de Madrid, le 14 novembre 1975, qui a permis au Maroc d'occuper le Sahara occidental».
«Nous, en tant que syndicats, organisations sociales, groupes de solidarité (...) devons soutenir fermement la marche de soutien au peuple sahraoui, le samedi 15 novembre», a souligné Hernandez.
Il a ajouté que cette date «est une occasion importante de rappeler au gouvernement espagnol son engagement à soutenir toutes les initiatives politiques pour parvenir à une solution juste et durable, à travers un référendum qui permette au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'indépendance et à la souveraineté sur l'ensemble de son territoire et de ses ressources».
En parallèle, les organisateurs de cet évènement ont indiqué, dans un communiqué, que l'État espagnol, qui a occupé le territoire jusqu'en 1975, n'a pas appliqué les résolutions des Nations unies qui l'obligeaient à organiser un référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui, rappelant que le 14 novembre 1975, l'Espagne a contribué à la signature de l'accord tripartite illégal de Madrid et a cédé le Sahara occidental au Maroc et à la Mauritanie, avant que le Maroc n'en prenne le contrôle exclusif. Le communiqué précise que, selon l'ONU, l'Espagne conserve le statut juridique de puissance administrant le Sahara occidental, tandis que le Maroc est considéré comme une puissance occupante.

lundi 10 novembre 2025

Comment Trump et la Suède ont bradé le Sahara occidental
La fin d’un demi-siècle de principes ?

 

Un reportage de “Konflikt”, Sveriges Radio (7 novembre  2025)

Réalisation : Viktor Löfgren
Production : Anja Sahlberg
Son : Fabian Begnert

Transcription et traduction : Solidarité Maroc
Versión española

Une grande partie du monde d'en haut, Donald Trump en tête, semble donner raison au Maroc concernant le Sahara occidental occupé. Le droit international est-il en train de s'effondrer ?

La Suède, jadis défenseure du droit international, infléchit sa position sur le Sahara occidental. Une volte-face symbolique, au moment où l’ONU reconnaît la proposition marocaine d’autonomie. Un basculement mondial raconté par “Konflikt” (Sveriges Radio/Radio Suède).

Participants : John Bolton, diplomate usaméricain et ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Sara Yerkes, analyste au sein du groupe de réflexion usaméricain Carnegie, Manuel Devers, juriste français qui a porté devant la Cour de justice de l'Union européenne les affaires relatives à l'accord commercial entre l'UE et le Maroc, Erik Hagen, de Western Sahara Resource Watch, Jytte Guteland, députée social-démocrate membre de la commission des affaires européennes, Senia Bachir, représentant du Polisario en Suède, Mouaad Joumani, militant pro-marocain qui fait pression en faveur du plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, Dahar Rahmouni, militant sahraoui.
Le gouvernement suédois et le ministre du Commerce Benjamin Dousa sont vivement critiqués dans cet épisode. Pendant deux semaines, Konflikt a tenté à plusieurs reprises d'obtenir une interview afin que le ministre puisse répondre aux critiques et clarifier le raisonnement du gouvernement, mais le ministre a refusé l'interview.



Au Parlement, l’homme aux mille courriels

Chaque semaine, les députés suédois voient le même nom s’afficher dans leurs boîtes mail : Mouaad Joumani. Toujours le même ton, la même conviction : « La vérité doit éclater sur le Sahara occidental. »

Pour cet habitant de Göteborg, le Sahara occidental — ce territoire désertique au sud du Maroc, bordé par l’Atlantique — n’est pas une colonie, mais une partie intégrante du Maroc. Une affirmation pourtant contredite par plusieurs décisions de la Cour internationale de Justice.

Longtemps marginal, son discours trouve désormais des échos jusque dans les couloirs du pouvoir. En octobre 2025, la Suède et plusieurs États occidentaux semblent prêts à reconsidérer la question sahraouie. Et, à New York, le Conseil de sécurité s’apprête à franchir un pas inédit : reconnaître le plan marocain d’autonomie comme « la solution la plus réaliste ».

Un peuple exilé, deux réalités

Pour comprendre cette bascule, la journaliste Anja Salberg s’est rendue dans les camps de réfugiés sahraouis du sud de l’Algérie. Près de cent mille personnes y survivent depuis 1975, année où le Maroc a annexé le territoire après le retrait espagnol.

« Je me souviens de la chaleur du jour, du froid de la nuit. Les camps sont devenus des villes de sable, dépendantes de l’aide internationale », raconte-t-elle. En 2010, elle s’est aventurée à El-Ayoun, capitale officieuse du Sahara occidental occupé. Sous étroite surveillance marocaine, elle y rencontre Dahar Rahmouni, militant torturé pour ses convictions. « Je ne me suis jamais senti libre, jamais en sécurité. Toujours surveillé. »

Aujourd’hui encore, les Sahraouis vivent entre exil et contrôle. Les uns, dans les camps d’Algérie. Les autres, sous administration marocaine.Et depuis cinquante ans, la promesse d’un référendum reste lettre morte.

La Suède, d’un phare moral à un pragmatisme assumé

Durant ces décennies, la Suède a incarné une conscience internationale. Dans les institutions européennes, elle défendait la légalité contre la puissance. « La Suède a été un phare de principes en Europe », explique Erik Hagen, du réseau Western Sahara Resource Watch. « Même face aux grandes puissances, elle rappelait la primauté du droit. » Mais à l’automne 2025, ce phare vacille. Le pays qui plaidait hier pour  l’autodétermination des Sahraouis vote en faveur d’un accord commercial entre l’Union européenne et le Maroc — incluant pourtant le Sahara occidental.

De la Marche verte à l’ère Trump : le monde à l’envers

En 1975, le roi Hassan II appelle les Marocains à marcher vers le Sahara occidental : la Marche verte. Une démonstration de force contraire à un avis de la Cour internationale de Justice, qui venait d’affirmer que le territoire n’appartenait pas au Maroc. L’Espagne se retire, le Maroc s’installe. Le mouvement Polisario prend les armes. Une guerre de seize ans s’ensuit, jusqu’au cessez-le-feu de 1991 — accompagné d’une promesse de référendum, jamais tenue. Trente ans plus tard, les équilibres se déplacent.
Sous Donald Trump, les USA reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en échange de la normalisation entre Rabat et Israël dans les Accords d’Abraham.  L’ancien diplomate John Bolton résume avec amertume : « Les Marocains ont joué un coup de maître. Trump voulait un trophée diplomatique avant de partir. »

L’Europe, entre droit et commerce

En 2024, la Cour de justice de l’Union européenne juge que les accords commerciaux avec le Maroc violent le droit international. Mais un an plus tard, Bruxelles introduit un mécanisme de contrôle censé contourner le problème. La Suède, jadis opposée à tout compromis, approuve cette nouvelle version.

Jytte Guteland, députée sociale-démocrate, s’insurge : « Comment condamner l’invasion de l’Ukraine et légitimer celle du Sahara occidental ? »

Le gouvernement, par la voix du ministre du commerce Benjamin Dousa, répond par un communiqué prudent : « Nous prenons en compte la complexité du dossier et les nouvelles garanties européennes. »

Quand la loi dit non

À Stockholm, l’avocat Manuel Devers, représentant du Front Polisario à la Cour de justice de l’UE, démonte cette justification : « L’Union prétend marquer l’origine des produits “marocains” alors qu’ils viennent du Sahara occidental. C’est une violation flagrante du droit. » Pour lui, seul le Polisario, reconnu par l’ONU, peut donner son consentement. Il annonce de nouveaux recours, dénonçant une « politique du faux-semblant » : « Si l’Europe ne respecte plus ses propres règles, elle sape sa crédibilité et celle du droit international. »

Un autre visage de la Suède

À Stockholm, Senia Bashir, représentante du Polisario, rentre d’une visite dans les camps de Tindouf. Elle a grandi là-bas. « Dans les années 1980, les vêtements envoyés de Suède arrivaient avec des cartes et des mots d’amitié. Pour nous, la Suède symbolisait la solidarité. » Mais cette fois, c’est une autre nouvelle qu’elle a dû annoncer : « La Suède nous a tourné le dos. »

Le récit marocain

De son côté, Mouaad Joumani se réjouit. « Ce n’est pas une colonie. Le Maroc construit, investit, crée des emplois. Huit milliards de dollars pour développer la région. » Il défend la proposition d’autonomie marocaine, comparable à celle de la Catalogne : autogestion locale sous souveraineté nationale. « C’est la seule voie réaliste », affirme-t-il.  Le Polisario rejette ce modèle : pour lui, seul un référendum peut trancher entre indépendance et intégration.

L’ONU enterre le rêve sahraoui

Le 31 octobre 2025, le Conseil de sécurité adopte une résolution historique :
le plan marocain est désormais la « solution la plus réalisable ».
La Chine et la Russie s’abstiennent, les USA, la France et la plupart des Européens votent pour. Sarah Jerkes, analyste au Carnegie Endowment, explique : « Depuis Trump, de nombreux pays ont suivi sans aller jusqu’à la reconnaissance complète. L’idée d’un État sahraoui indépendant est morte. » Elle reconnaît, non sans malaise : « Le droit international est devenu secondaire. Je ne sais pas comment le réparer. » Mais elle plaide pour une autonomie solide, assortie de droits politiques et de garanties sur les ressources. « En 2025, c’est la seule issue praticable. »

Deux réalités, un même silence

À El-Ayoun, Mouaad Joumani filme les festivités du cinquantenaire de la Marche verte. Les rues sont décorées de drapeaux rouges à l’étoile verte. « Ce n’est pas seulement une fête, écrit-il. C’est de la fierté, de l’amour. La ville vibre. »Au même moment, Dahar Rahmouni, l’activiste sahraoui rencontré quinze ans plus tôt, envoie un message vocal depuis la clandestinité : « Rien n’a changé. Nous vivons sous surveillance, arrêtés sans raison. Le monde ne s’intéresse qu’à nos ressources, pas à nos droits. » Puis il ajoute : « J’espère que le monde ne tournera pas complètement le dos au droit international. »

Un monde qui bascule

Cinquante ans après la Marche verte, le Sahara occidental reste à la croisée des chemins. Un territoire figé entre droit et puissance, entre promesse et abandon. La Suède, longtemps symbole de cohérence morale, a rejoint le camp du réalisme politique. Et dans ce virage du monde, le droit international semble, une fois encore, céder sous le poids de la force.

 

dimanche 9 novembre 2025

Dix Français arrêtés en Espagne pour le rapt d’un Marocain originaire de Nador

actumaroc, 8/11/2025

La police espagnole a annoncé, dans un communiqué du ministère de l’Intérieur, l’arrestation de dix ressortissants français sur la côte sud de l’Espagne, plus précisément dans la région prisée de la Costa del Sol. Ces individus sont soupçonnés d’appartenir à un réseau criminel ayant organisé, l’an dernier, l’enlèvement d’un citoyen marocain originaire des environs de Nador, dans ce qui s’apparente à une sordide affaire de règlement de comptes.



Un enlèvement digne d’un scénario mafieux

L’enquête a débuté en octobre de l’année dernière, après la disparition du Marocain [résidant entre Amsterdam et Dubaï, il serait proche de Saïd Chaou, le narcotrafiquant rifain qui fut député au Maroc avant de se réfugier aux Pays-Bas, où il aurait pris fait et cause pour l'indépendance du Rif, NDLR SOLIDMAR], enlevé alors qu’il se trouvait sur le parking d’un restaurant à Marbella. Les assaillants, armés et déterminés, l’ont violemment maîtrisé sous les yeux de son ami avant de l’emmener vers une destination inconnue. Il sera finalement relâché plusieurs jours plus tard dans la localité de Torre de Benagalbón, dans la province de Malaga.

Les médias espagnols avaient alors rapporté qu’une rançon avait été exigée pour sa libération. Un enregistrement vidéo glaçant, d’environ trente secondes, montrait la victime nue, les mains ligotées par un ruban adhésif noir, le visage recouvert, implorant un certain Sofiane en langue amazighe de répondre aux exigences de ses ravisseurs pour mettre fin à son calvaire. Les traces de coups sur son corps et son visage, tuméfié et ensanglanté, témoignaient de sévices violents.

Une enquête minutieuse et des ramifications inquiétantes

Grâce à la vigilance des témoins présents sur les lieux et à l’exploitation rapide des caméras de surveillance, la police espagnole a réussi à remonter la piste des auteurs présumés. L’enquête a révélé l’implication d’un réseau criminel organisé, actif dans plusieurs domaines : enlèvements, règlements de comptes, trafic de stupéfiants et falsification de documents. Les autorités estiment que la rançon exigée a bel et bien été versée.

Les investigations ont mené à une série d’arrestations spectaculaires sur la Costa del Sol, connue pour être un repaire de la criminalité internationale. Outre les dix Français interpellés, la police a démantelé sept organisations criminelles, arrêté 55 suspects et saisi un arsenal impressionnant : 37 armes à feu, des munitions, plus de 8 tonnes de drogues (haschisch et cocaïne), 150.000 euros en liquide et une quarantaine de véhicules.

Une criminalité transnationale en pleine expansion

Dans une autre opération connexe, deux Français ont été arrêtés pour tentative de meurtre sur deux Suédois à Benalmádena, tandis que cinq autres ont été interpellés pour trafic de drogue, vol de voitures et détention illégale d’armes. Un mandat d’arrêt européen a également été émis contre un dernier complice.

Les autorités espagnoles soulignent que ces arrestations traduisent la montée en puissance de réseaux criminels européens opérant sur le sol espagnol, où se croisent trafics, blanchiment et règlements de comptes. La Costa del Sol, véritable “plaque tournante du crime organisé”, attire depuis plusieurs années des mafias venues du nord et du sud de la Méditerranée.

samedi 8 novembre 2025

Pour Sion Assidon
Documents d'archives (1981)

Ci-dessous, à l'usage des personnes qui n'étaient pas encore nées à l'époque, ou de celles qui ont la mémoire courte

LAURENT SCHWARTZ (*), Le Monde, 6/6/1981



SION ASSIDON est âgé de trente-deux ans, il en a passé neuf en prison. Marocain, il a fait des études de mathématiques et a occupé des emplois d'enseignant. Marié, puis séparé de sa femme, il a une fille qui a l'âge de son emprisonnement et vit en France. Il a été arrêté le 23 février 1972, en même temps que des dizaines de militants d'extrême gauche ; c'est seulement le 9 mars qu'il a été écroué ; entre-temps il avait été torturé et en a gardé des séquelles.

Les quarante-huit prévenus de Casablanca passèrent en procès en août 1973 ; procès public (il est bon de le dire, ce n'est pas partout ainsi), auquel assistèrent des avocats du barreau de Paris, des membres de la Fédération internationale des droits de l'homme, etc. Mais l'accusation relevait du délit d'opinion (actions visant à fomenter des grèves, à changer le régime) ; les charges matérielles (cocktail Molotov, revolver) ont été considérées par les prévenus comme des provocations policières, et on n'a pas pu apporter de preuves convaincantes ; tous ont été dès le début adoptés par Amnesty International.

Dans l'acte d'accusation de Sion Assidon : il a mis au point deux machines d'impression, et imprimé trois tracts. Il a été condamné à quinze ans de prison, il en a fait neuf dans des conditions très dures, sauf depuis quelques mois, le professeur Alexandre Minkowski a d'ailleurs, au cours d'une visite médicale, demandé son hospitalisation. Néanmoins il a obtenu le droit de travailler et de passer des examens à l'université ; il a passé à peu près l'équivalent d'une maîtrise de mathématiques française et d'un début de troisième cycle, et une licence d'économie.

Dans l'été 1979, il fut hospitalisé. De l'hôpital, il s'évada, avec deux autres détenus ; deux furent repris, le troisième étant mort accidentellement au cours de l'évasion. De nouveau torturé (il a eu les cartilages des doigts écrasés, il lui resta une fissure du tympan), il a été condamné à trois ans de prison supplémentaires. S'il les fait, il en sortira âgé de quarante-deux ans, dont dix-huit en prison.

Ses lettres à sa famille et à ses proches sont empreintes d'un merveilleux courage, d'un optimisme, d'amour de la vie et de la nature, dont il voit pourtant fort peu de choses. Il n'est pas possible qu'on laisse silencieusement sa peine s'accomplir, dans l'oubli universel !

Outre des associations internationales et des personnalités, le Comité des mathématiciens - connu pour avoir agi dans les pays les plus divers (U.R.S.S., Uruguay, etc.) - est intervenu comme toujours sur le seul plan humanitaire : une lettre signée de quatre cents mathématiciens français, demandant sa libération, a été remise à l'ambassade du Maroc à Paris. Des mesures de libéralisation ont eu lieu en juillet 1980, suscitant de grands espoirs. Les conditions de détention sont devenues meilleures ; quatre-vingt-neuf prisonniers politiques ont été libérés. Des rumeurs ont couru, tenues pour certaines (8), sur la prochaine libération de tous les prisonniers politiques ; il en restait cent cinquante, de courants très divers. Mais ces espoirs de l'été ont été complètement déçus.

Une délégation du Comité des mathématiciens (les académiciens Henri Cartan, Gustave Choquet, Jean Dieudonné et moi-même) a été reçue par l'ambassadeur du Maroc à Paris, très courtoisement. Il nous a promis de transmettre notre démarche humanitaire et de nous tenir au courant de révolution de la situation. Mais rien n'est venu (9).

Je me sens personnellement d'autant plus le droit d'intervenir que j'ai manifesté autrefois contre le gouvernement français en faveur du père du roi Hassan II, le sultan Mohammed V, exilé à Madagascar, et pour l'indépendance du Maroc.

De nombreux intellectuels, des organisations démocratiques l'ont fait aussi et ont ainsi contribué à l'indépendance du Maroc. Cela ne leur donne, bien sûr, aucun droit sur le Maroc. Mais cela leur permet d'invoquer ce qu'ils ont fait alors, pour demander aujourd'hui la libération de cent cinquante prisonniers.

Le Comité des mathématiciens, dans son action en faveur de Sion Assidon, a constamment reçu l'appui du professeur Charles-André Julien, qui, en tant que fondateur et ancien doyen de la faculté des lettres de Rabat, n'a jamais cessé de s'intéresser aux étudiants marocains.

Les mathématiciens français souhaitent ardemment une bonne coopération scientifique avec le Maroc ; cette coopération existe déjà, mais elle pourrait encore grandir. Mais comment pourrions-nous aller au Maroc, y donner des conférences ou faire passer des thèses, puis revenir, en feignant d'oublier qu'il y a au Maroc des mathématiciens emprisonnés ?

Le Maroc est un grand pays, grand par son passé et son rôle politique possible sur l'arène internationale. Ce rôle ne peut être pleinement assumé que s'il y a un consensus de l'opinion publique, et une image de marque internationale. Nous souhaitons donc que soient prises les mesures libérales que tous attendent, et nous demandons la libération de Sion Assidon.


(*) Membre de l'Académie des sciences, membre du Comité des mathématiciens. (Adresse du comité : chez Michel Broué, 9, rue Brézin, 75014 Paris.)

(1) Revue trimestrielle de l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique, 9, place Jean-Jaurès, 93100 Montreuil.

(2) 27, rue Jean-Dolent, 75014 Paris.

(3) 14, rue de Nanteuil, 75015 Paris.

(4) 5, Zankat Soussa, Rabat.

(5) 269 bis, rue du Faubourg Saint-Antoine, 75011 Paris.

(6) 27, avenue de Choisy, 75013 Paris.

(7) 28, boulevard Barbès, 75018 Paris.

(8) Le Monde du 18 juillet 1980.

(9) Un nouvel appel, signé de 1 400 personnalités, a été remis fin mai à l'ambassade du Maroc par Me Zavrian, avocat de la F.I.D.H.

vendredi 7 novembre 2025

Sion Assidon est mort

Le militant révolutionnaire marocain Sion Assidon est mort aujourd’hui, vendredi 7 novembre 2025 à l’âge de 77 ans, après trois mois passés dans le coma. Il incarnait une parole libre et une conscience éthique rare.


Selon un communiqué de ses proches, son état s’était brusquement aggravé cette semaine, suite à une infection pulmonaire virulente.

Le 11 août 2025, il avait été retrouvé inanimé à son domicile à Casablanca, victime d’une chute accidentelle survenue alors qu’il réparait une installation électrique à l’aide d’une échelle. Deux employés, alertés par son absence, avaient prévenu les autorités. Sa voiture était garée devant la maison, la porte fermée. Les secours l’ont découvert inconscient, allongé sur le sol.
Le parquet général près la Cour d’appel de Casablanca a publié un communiqué le 19 août pour clarifier les circonstances de l’incident. Il y est précisé que Sion Assidon avait été retrouvé sans signe d’effraction ni de violence, et que les premiers éléments de l’enquête évoquent un malaise ou une chute accidentelle.
Né en 1948 à Safi, Sion Assidon était l’un des visages les plus emblématiques du militantisme marocain. Ancien prisonnier politique dans les années 70, il avait passé douze années (1972-1984) derrière les barreaux pour ses convictions marxistes (groupe Ilal Al Amam, future Voie démocratique). Après sa libération, il s’était imposé comme figure morale de la société civile, notamment à travers la fondation de Transparency Maroc.
Son combat pour la cause palestinienne était au cœur de son engagement. Il fut le coordinateur du mouvement BDS Maroc. «Il était un défenseur passionné de la cause palestinienne», rappelle le communiqué de ses amis.
Hospitalisé depuis août 2025, Sion Assidon avait montré, selon ses proches, des signes encourageants de réveil: il ouvrait les yeux, suivait du regard ses interlocuteurs, tentait de parler, et avait même légèrement bougé le bras. Mais l’infection pulmonaire, revenue avec une intensité accrue, a été fatale.
Sion Assidon s’éteint en laissant derrière lui bien plus qu’un parcours: une œuvre militante, une parole libre et une exigence éthique qui auront marqué plusieurs générations. Marocain de confession juive, il demeurera comme l’une de ces voix rares, singulières et courageuses, qui ont façonné le paysage politique et culturel du Maroc contemporain.

 Ci-dessous une de ses dernières interviews, d'il y a un an

jeudi 6 novembre 2025

لماذا لا ينبغي التركيز على "الربع الفارغ" من كأس قرار مجلس الأمن الأخير؟
Pourquoi ne faut-il pas se concentrer sur le « quart vide » de la dernière résolution du Conseil de sécurité ?


Traduction française ci-dessous après l’original arabe
Versión española aquí


 Oubi Bouchraya @oubibachir, 3/11/2025

1.      كما يحدث بعد كل قرار دولي يتعلق بقضية #الصحراء_الغربية ، ينبري الاحتلال منذ الوهلة الأولى في مباشرة مجهود دعائي ضخم لفرض تأويله، وإبراز العناصر الكبرى لسرديته NARRATIVES على المستوى الداخلي والخارجي. القرار 2797 لم يكن إستثناء، فقد انبرت الآلة الدعائية المغربية، منذ تسريب المسودة الأولى إلى دق طبول "حسم الملف" ورفع رايات النصر، لتفضي إلى السيناريو المحضر سلفا، والذي بدأ بخطاب ملك المغرب وانتهى ب"إخراج" الآلاف إلى للاحتفال، في مشهد أقرب ما يكون لتمرين "تضليلي" في "بيع جلد الدب قبل اصطياده". الهدف هو وضع أركان سردية مغالطة بناء على تأويل خاطئ، أو على الأقل غير دقيق، لمواصلة التملص من الالتزام الدولي بالحل السلمي على أساس القانون والشرعية الدولية. 2. في الضفة المقابلة، عند الشعب الصحراوي تبرز العديد من الأصوات، دون وعي، لتُعزز تلك السردية من خلال التركيز وإمعان النظر في الربع الفارغ من كأس القرار المتعلق بالدعوة "إلى مفاوضات مباشرة على أساس مقترح #المغرب "، وصرفه عن الأرباع الثلاثة الممتلئة الأخرى، وهي: أولا: "حق الشعب الصحراوي في تقرير المصير وفقا لمبادئ وميثاق #الأمم_المتحدة "، باعتباره الهدف النهائي لعملية تصفية الاستعمار وتحديد الوضع النهائي للإقليم فيما يتعلق بالسيادة، والتي رفض المجلس مسعى المسودة الأولى الهادف إلى منحها للمغرب.

2.      ثانيا: "إطار التفاوض ليس حصريا على مقترح المغرب" و"الذي قد لا يقود إلى الحل النهائي" كما كانت تريد المسودة الأولى، حيث أكد القرار على ضرورة التفتح على المقترحات الأخرى، في إشارة ضمنية واضحة إلي المقترح الصحراوي بهدف التوصل إلى حل متفق عليه بين طرفي النزاع، وهو ما يعني أن نفس حق الفيتو الذي يمتلكه المغرب تمتلكه جبهة البوليساريو أيضا. ثالثا: إطار الوساطة يبقى في الأمم المتحدة، وبيد أمينها العام ومبعوثه الشخصي وبعثتها #مينورسو التي تم تمديد مأموريتها لعام كامل، خلافا ل3 اشهر الواردة في المسودة الصفر، والتي كانت تتماشى مع مقاربة "خنق" و"تصفية القضية" قبل 31 يناير 2026. التركيز على الاطار يأتي لقطع الطريق أمام محاولة بعض القوى اختطاف المسار وتصريفه بناء على مواقفها المؤيدة للاحتلال.

3.      . تلك هي العناصر الأبرز التي ينبغي، بل يجب على #الشعب_الصحراوي رسميا وشعبيا، الدفع بها في تأويل القرار والتأسيس للسردية الصحراوية فيما يتعلق به. لا أحد يريد المغالطة بإدعاء انتصار غير موجود. لكن، في المقابل، ليس من المقبول أن نسقط في فخ إعادة إنتاج عناصر السردية المغربية، التي تهدف إلى بيع "انتصار وهمي" للرأي العام المغربي في سياق التصدعات الداخلية التي تركها زلزال جيل Z، وكذا تحديات انتقال السلطة وهزات التطبيع الارتدادية. كما تهدف أيضا إلى جعل الشعب الصحراوي يتجرع "سم هزيمة وهمية"، والرهان على ما يترتب عنها من انهزامية، ستكون كفيلة بشل قدرة الجسم الوطني على رفع التحدي لاستكمال ما تبقى من المسيرة.

4.      . يكفي فقط أن نقارن، ولو على عجالة، بين نص المسودة الأولى والقرار ، لنعرف حجم الخسارة التي مني بها المغرب وحلفاؤه؛ من "تصور متغطرس بالقفز على القانون وإخضاع المجلس للأجندات الوطنية ومصادرة الحق وتسليم الأرض في 3 أشهر"، إلى "الإقرار بالحق في تقرير المصير، والدعوة للتفاوض بشكل غير حصري أو إقصائي، وجعل الأمم المتحدة الإطار السياسي والإجرائي للعملية". لقد أتى المغرب 2025 ليقبض "الثمن المؤجل" للتطبيع ديسمبر 2020، ولم يقبض سوى "تأجيل المؤجل أصلا، وربما أبدا".

5.      . "رب ضارة نافعة"، إذ أن الجدل ورفض غالبية أعضاء المجلس للمسودة الأولى، وفرض تعديلات جوهرية، يكون قد كرس الانطباع لدى حاملة القلم ولدى فرنسا، أن "رياضة" القفز على القانون الدولي قد لا تكون ناجعة ولا ناجحة في جميع الحالات، وأنها محفوفة بالمخاطر في الصحراء الغربية، وأن النزاع وإن كان "هامشيا" ضمن المشهد الدولي الساخن اليوم، إلا أنه مركزي في ما يتعلق بالقانون والشرعية الدولية. إمتناع عضوين دائمين هو فيتو مؤجل في أفق المواعيد القادمة.

6.      . الديناميكية الجديدة تعطي للشعب الصحراوي وللبوليساريو القاعدة والثقة الكافيتين لمواجهات المواعيد القادمة، بما فيها المفاوضات المباشرة، في وضع أقل ما يقال عنه أنه مقبول. لكن "القاعدة القانونية القوية" آيلة إلى التآكل حتما إذا لم يتم دعمها بمجهود وطني استثنائي من أجل بناء القوة الذاتية وتفعيل جبهات الفعل الوطني الكبرى وضمان تناغمها لخلق الفارق المطلوب. عملية ينبغي أن تتم بالرزانة والذكاء المطلوبين دون شطط ولا مزايدة، لأن أكثر الأدوية ضررا بصحة القضية الصحراوية في هذا الظرف الخطير والمعقد الذي يمر به العالم هو "الشعبوية"؛ جرعة زائدة منها قد تكون قاتلة بالفعل.

Pourquoi ne faut-il pas se concentrer sur le « quart vide » de la dernière résolution du Conseil de sécurité ?

Oubi Bouchraya @oubibachir, 3/11/2025

1.      Comme cela arrive après chaque décision internationale concernant la question du #Sahara_occidental, l’occupant se lance dès la première heure dans un énorme effort de propagande pour imposer son interprétation et mettre en avant les grands éléments de sa narration, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. La résolution 2797 n’a pas fait exception : la machine de propagande marocaine, depuis la fuite du premier projet, s’est attelée à battre le tambour du « réglage du dossier » et à brandir les drapeaux de la victoire, aboutissant au scénario préparé à l’avance, qui a commencé par le discours du roi du Maroc et s’est achevé par la « sortie » de milliers de personnes pour célébrer — une scène qui ressemblait davantage à un exercice de « mystification », à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. L’objectif est d’établir les piliers d’une narration fallacieuse fondée sur une interprétation erronée, ou du moins imprécise, afin de continuer à se soustraire à l’obligation internationale d’un règlement pacifique fondé sur le droit et la légitimité internationale.

  1. Du côté opposé, parmi le peuple sahraoui, de nombreuses voix, parfois sans le vouloir, renforcent cette narration en s’arrêtant et en s’obsédant sur le « quart vide » de la résolution — la partie relative à l’appel « à des négociations directes sur la base de la proposition du #Maroc » — tout en détournant l’attention des trois autres quarts pleins, à savoir :
    Premièrement : « le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément aux principes et à la Charte des #Nations_Unies », considéré comme l’objectif final du processus de décolonisation et de détermination du statut final du territoire en matière de souveraineté — droit que le Conseil a refusé d’octroyer au Maroc dans la tentative du premier projet.
    Deuxièmement : « le cadre des négociations n’est pas exclusif à la proposition marocaine » et « [la proposition marocaine] peut ne pas conduire à la solution finale » comme le voulait le premier projet ; la résolution a insisté sur la nécessité de s’ouvrir à d’autres propositions, allusion implicite et claire à la proposition sahraouie en vue de parvenir à une solution convenue entre les deux parties au conflit — ce qui signifie que le même pouvoir de blocage (droit de veto au sens politique) dont dispose le Maroc est également exercé par le Front Polisario.
    Troisièmement : le cadre de la médiation demeure au sein des Nations Unies, entre les mains de son Secrétaire général, de son envoyé personnel et de sa mission MINURSO, dont le mandat a été prolongé pour une année complète, contrairement aux trois mois prévus dans le projet zéro, qui s’inscrivaient dans une logique d’« étouffement » et de « liquidation » du dossier avant le 31 janvier 2026. L’insistance sur le cadre vise à faire échec à la tentative de certaines puissances d’orienter ou de détourner le processus selon des positions favorables à l’occupation.
  2. Voilà les éléments principaux que le #peuple_sahraoui, tant au niveau officiel que populaire, doit, et même doit absolument, mettre en avant dans l’interprétation de la résolution et pour asseoir la narration sahraouie à son sujet. Personne ne cherche à entretenir une illusion en prétendant une victoire inexistante. Mais, en revanche, il est inacceptable de tomber dans le piège de reproduire les éléments de la narration marocaine, qui vise à vendre au public marocain une « victoire illusoire » dans un contexte de fissures internes laissées par le séisme générationnel Z, ainsi que par les défis du transfert du pouvoir et les secousses du processus de normalisation. Elle vise aussi à faire avaler au peuple sahraoui le « poison » d’une défaite imaginaire, en pariant sur la démobilisation qui en résulterait — démobilisation susceptible d’entraver la capacité de l’appareil national à relever le défi et à poursuivre ce qui reste du parcours.
  3. Il suffit, et même en toute hâte, de comparer le texte du premier projet et celui de la résolution pour mesurer l’ampleur de la défaite subie par le Maroc et ses alliés ; on est passé d’un « projet arrogant » visant à outrepasser le droit, à soumettre le Conseil à des agendas nationaux, à confisquer le droit et à livrer le territoire en trois mois, à une reconnaissance du droit à l’autodétermination, à un appel à négocier de manière non exclusive et non excluante, et à faire des Nations Unies le cadre politique et procédural du processus. Le Maroc arrive en 2025 pour encaisser « le prix différé » de la normalisation de décembre 2020, et il n’a encaissé que « le report d’un report », peut-être jamais.
  4. « Tout mal peut avoir du bon » : le débat et le rejet par la majorité des membres du Conseil du premier projet, et l’imposition de modifications substantielles, ont ancré chez le porteur de plume et chez la France l’impression que la « pratique » consistant à sauter par-dessus le droit international n’est pas forcément efficace ni couronnée de succès dans tous les cas, qu’elle comporte des risques pour la question du Sahara occidental, et que, même si le conflit apparaît « marginal » dans l’actuel paysage international très chaud, il est central en matière de droit et de légitimité internationale. L’abstention de deux membres permanents est un veto différé à l’horizon des échéances à venir.
  5. La nouvelle dynamique donne au peuple sahraoui et au Front Polisario la base et la confiance nécessaires pour affronter les rendez-vous à venir, y compris les négociations directes, dans une position qui, au minimum, peut être qualifiée d’acceptable. Mais cette « base juridique forte » est destinée à s’éroder si elle n’est pas soutenue par un effort national exceptionnel visant à construire une force autonome, à activer les grands fronts de l’action nationale et à garantir leur harmonie pour créer l’impact requis. Ce processus doit être mené avec la circonspection et l’intelligence requises, sans excès ni surenchère, car le remède le plus dangereux pour la santé de la cause sahraouie, dans ce contexte mondial dangereux et complexe, est la « populisme » ; une dose excessive de celui-ci pourrait réellement être mortelle.

 

mercredi 5 novembre 2025

Ce que le Conseil de sécurité de l'ONU a réellement décidé sur le Sahara occidental : la vérité derrière la Résolution 2797

ECSAHARAUI, 1/11/2025

Traduit par SOLIDMAR

New York, 1er  novembre 2025 – Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le 31 octobre, par 11 voix pour et 3 abstentions, une nouvelle résolution sur le Sahara occidental [2797 (2025)], renouvelant — comme chaque mois d’octobre — le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Une fois encore, chaque mot du texte a été scruté, interprété et manipulé.

Mais un point demeure sans équivoque : la MINURSO est et restera une mission pour le référendum, non pour l’autonomie ni pour la gestion d’un « statut spécial ». Sa raison d’être est unique : organiser la consultation populaire qui permettra au peuple sahraoui de décider librement de son propre destin.

 


Le mandat de la MINURSO demeure inchangé

Contrairement aux versions diffusées par Rabat et reprises par certains médias internationaux, le mandat de la MINURSO n’a pas été modifié. La Résolution 2797 réaffirme les termes originaux établis en 1991 : promouvoir le processus d’autodétermination du peuple sahraoui au moyen d’un référendum libre et transparent.

Ceux qui tentent de réinterpréter la mission comme un instrument destiné à mettre en œuvre un plan d’autonomie ignorent ou déforment délibérément la lettre et l’esprit des Nations unies.

Le bluff diplomatique de Rabat

Pour obtenir une apparence de légitimité internationale, le Maroc a normalisé ses relations avec Israël et subordonné sa politique étrangère aux intérêts de Washington et de Paris. Pourtant, le résultat n’est guère plus qu’une reconnaissance symbolique : une phrase ambiguë dans le texte du Conseil mentionnant la « proposition d’autonomie » comme l’une des options possibles.

Ce n’est pas de la légitimité. Ce n’est pas une imposition. Ce n’est pas une solution définitive. C’est simplement une référence. Et le principe du droit à l’autodétermination demeure pleinement en vigueur, comme le réaffirme la Résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU, qui reconnaît le droit inaliénable des peuples colonisés à leur indépendance.

La propagande d’une « victoire » marocaine

Le régime marocain a immédiatement déployé tout son appareil médiatique pour présenter la décision de l’ONU comme une victoire diplomatique, le roi allant jusqu’à proclamer le 31 octobre « Journée de l’Unité », qui sera désormais fériée. Il parle d’un « tournant historique », d’un « consensus international » et de « progrès dans le processus politique ». Mais, en coulisses, la réalité est toute autre : la mission reste la même, et le référendum demeure le pivot central du mandat onusien.

Le Maroc gagne du temps, mais non la bataille diplomatique. Et encore moins la bataille morale ou politique. Le droit international, même souvent différé, ne se plie ni aux désirs d’une monarchie ni à la commodité des grandes puissances.

Le peuple sahraoui : de la résistance à la persévérance

Tandis que la résolution était mise aux voix à New York, dans les camps de réfugiés sahraouis se célébrait une autre forme de victoire : celle de la résistance. Non pas une protestation de désespoir, mais de détermination. Chaque renouvellement du mandat de la MINURSO constitue également une reconnaissance implicite que le processus de décolonisation du Sahara occidental n’est pas achevé.

Le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, entre à présent dans une phase décisive qui exigera clarté politique, résolution stratégique et capacité d’adaptation. Les puissances occidentales continueront d’utiliser l’ONU comme bouclier pour préserver le statu quo, mais la légitimité historique et juridique demeure du côté du peuple sahraoui.

Un conflit ajourné, non résolu

La Résolution 2797 ne clôt pas le chapitre du Sahara occidental : elle le reporte d’une année supplémentaire.
Le Conseil reprendra le débat sur la question en octobre 2026 et devra, une fois encore, aborder le même sujet resté en suspens : le référendum d’autodétermination. Entre-temps, le Maroc gagne du temps ; le peuple sahraoui gagne en légitimité et en visibilité.

Conclusion : la vérité qui perdure

Aucune résolution ne peut altérer les faits fondamentaux :
le Sahara occidental demeure un territoire en attente de décolonisation. La République arabe sahraouie démocratique existe et perdure. Aucune puissance étrangère ne peut décider du destin d’un peuple libre.

Le Maroc peut acheter des manchettes de journaux et de sites ouèbe, des « think tanks » à sa botte, des experts autoproclamés, mais non la légitimité internationale. Il peut différer le référendum, mais il ne peut effacer la volonté d’un peuple qui, depuis un demi-siècle, ne réclame que ce que le droit international lui reconnaît déjà : la liberté de choisir son propre avenir.