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vendredi 20 décembre 2024

Rapport de l’ONU: La faim dans la région arabe atteint un nouveau sommet alors que les défis s’intensifient

 

Détérioration de la sécurité alimentaire au Maroc et dans le monde arabe. Le rapport «Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord» a révélé que le pourcentage de personnes sous-alimentées au Maroc est passé de 6,4% entre 2020 et 2022 à 6,9% entre 2021 et 2023. Le rapport, publié par six organisations des Nations unies, dont la FAO et le Programme alimentaire mondial, indique que le nombre de personnes souffrant de malnutrition au Maroc a atteint 2,3 millions durant cette période. Au niveau de la région arabe, environ 62,1 millions de personnes, soit 13,4% de la population, souffrent de la faim, avec des chiffres élevés enregistrés dans des pays comme le Yémen (13,3 millions), la Somalie (des dizaines de millions), l'Égypte (9,4 millions), l'Irak (7,2 millions), la Syrie (7,6 millions) et le Soudan (5,3 millions). 

Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, Le Caire, 18/12/2024

Les agences onusiennes appellent à un financement renforcé et plus important de la transformation des systèmes agroalimentaires pour combattre la faim et la malnutrition dans la région

Gaza : terres agricoles et infrastructures agricoles endommagées. Les indicateurs de sécurité alimentaire et de nutrition devraient encore se détériorer en raison des conflits en cours et des sécheresses persistantes dans de nombreuses régions de la région arabe. ©FAO/Yousef Alrozzi


Avec l’intensification des crises en 2023 dans la région arabe, la faim s’est exacerbée, selon un rapport lancé aujourd’hui par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO). 

Le rapport, intitulé «Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord», met en garde contre le fait que la région arabe demeure loin d’atteindre les cibles de sécurité alimentaire et de nutrition des Objectifs de développement durable d’ici à 2030. 

En 2023, 66,1 millions de personnes, soit environ 14 pour cent de la population de la région arabe, ont été confrontées à la faim. Le rapport souligne que l’accès à une alimentation adéquate reste difficile pour des millions de personnes. Approximativement 186,5 millions de personnes – 39,4 pour cent de la population — sont confrontées à une insécurité alimentaire modérée ou grave, soit une augmentation de 1,1 point de pourcentage par rapport à l’année précédente. Fait alarmant, 72,7 millions de personnes ont été confrontées à une insécurité alimentaire grave.  

Selon les analyses du rapport, les conflit est le principal facteur de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition dans la région. Les défis économiques, les fortes inégalités de revenus et les phénomènes climatiques extrêmes jouent également un rôle important. La hausse des prix des denrées alimentaires a aggravé la crise. En 2023, les taux de sous-alimentation dans les pays touchés par un conflit ont grimpé à 26,4 pour cent, soit quatre fois plus que les 6,6 pour cent enregistrés dans les zones non touchées par un conflit. 

Malheureusement, les indicateurs de sécurité alimentaire et de nutrition devraient encore se détériorer à cause des conflits en cours associés aux sécheresses persistantes dans de nombreuses régions de la région. 

Principales conclusions au-delà de la faim 

L’accessibilité économique à des régimes alimentaires sains reste un problème crucial, qui touche plus d’un tiers de la population de la région arabe. En 2022, de nouvelles données sur les prix des denrées alimentaires et des améliorations méthodologiques ont révélé que 151,3 millions de personnes n’avaient pas les moyens d’avoir accès à un régime alimentaire sain. Les pays touchés par un conflit affichent les taux les plus élevés, avec 41,2 pour cent de leur population n’ayant pas les moyens de s’offrir un régime alimentaire sain. 

Le rapport souligne que la région arabe continue de souffrir du triple fardeau de la malnutrition, notamment les tendances haussières de l’obésité chez les enfants et les adultes, de l’émaciation et des carences en nutriments telles que l’anémie chez les femmes. 

Bien que des progrès aient été accomplis en termes de réduction des taux de retard de croissance de 28 pour cent en 2000 à 19,9 pour cent en 2022, la réalisation des objectifs nutritionnels dans la région arabe reste un défi. La prévalence de l’émaciation chez les enfants a également dépassé la moyenne mondiale, les pays à faible revenu affichant les taux les plus élevés (14,6 pour cent). 

En 2022, 9,5 pour cent des enfants de moins de cinq ans étaient en surpoids, soit près du double de la moyenne mondiale. Il s’agit là d’une augmentation de 8 pour cent depuis l’année 2000, les taux les plus élevés étant observés en Libye, en Tunisie et en Égypte. 

Selon l’Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, la prévalence de l’anémie chez les femmes âgées de 15 à 49 ans était de 33,2 pour cent en 2019, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale, les taux les plus élevés étant enregistrés dans les pays à faible revenu (43,9 pour cent).  

En dépit de quelques améliorations, les taux d’obésité chez les adultes dans les États arabes restent alarmants, avec une prévalence de 32,1 pour cent en 2022, soit plus du double de la moyenne mondiale. Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure affichent les taux les plus élevés (33,8 pour cent), avec l’Égypte, le Qatar et le Koweït en tête.  

Favoriser la transformation agroalimentaire grâce à un financement innovant 

Le thème du rapport de 2024, «Financer la transformation des systèmes agroalimentaires pour la sécurité alimentaire et la nutrition», souligne la nécessité d’une stratégie globale pour atteindre l’ODD 2: Faim zéro. Il met l’accent sur la nécessité de transformer et de renforcer les systèmes agroalimentaires, de s’attaquer aux inégalités et de veiller à ce que des régimes alimentaires sains soient abordables et accessibles à tous. 

L’Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition 2024 pour la région NENA lance un appel urgent à un financement plus important et plus rentable. Il recommande des mécanismes de financement innovants — tels que les dotations en capital, le financement basé sur les résultats, le financement climatique, les échanges de créances, les engagements préalables sur le marché et les incubateurs d’innovation — pour combler le déficit de financement. Le rapport met en évidence la nécessité d’adapter ces approches aux capacités financières de chaque pays et d’aligner les objectifs des parties prenantes afin de préserver les systèmes agroalimentaires. Il appelle, en plus, à la mise en place d’environnements réglementaires favorables et à l’amélioration des politiques dans le but d'attirer les capitaux vers ces instruments innovants.  

«Il est à présent crucial d’optimiser l’utilisation des ressources publiques existantes et d’obtenir des financements supplémentaires pour impulser des effets positifs au niveau des systèmes agroalimentaires, socio-économiques et environnementaux. Les instruments financiers innovants sont essentiels pour transformer les systèmes agroalimentaires dans les États arabes et combler le déficit de financement», a déclaré le Sous-Directeur général de la FAO et Représentant régional de la région NENA, Abdulhakim Elwaer, dans l’avant-propos conjoint du rapport, aux côtés de la Directrice régionale de la Division Proche-Orient, Afrique du Nord et Europe du FIDA, Dina Saleh; le Directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Edouard Beigbeder; la Directrice régionale du PAM pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Europe de l’Est, Corinne Fleischer; la directrice régionale de l’OMS pour la Méditerranée orientale, Dr. Hanan Balkhy; et  la secrétaire exécutive de la CESAO, Rola Dashti.  

Les agences onusiennes affirment que les conclusions du rapport donneront un nouvel élan à la transformation des systèmes agroalimentaires dans la région arabe, en créant des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables pour les populations et la planète. 

S’appuyant sur les conclusions du rapport, les agences onusiennes ont publié la «Déclaration du Caire sur le financement de la transformation des systèmes agroalimentaires dans la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord» lors de l’événement de lancement organisé aujourd’hui. Dans cette déclaration, elles assurent leur engagement à approfondir la collaboration entre elles et avec les banques de développement internationales et régionales, le secteur privé et les gouvernements nationaux. Cet effort de collaboration vise à développer, augmenter et déployer des ressources financières supplémentaires pour soutenir la transformation des systèmes agroalimentaires régionaux afin de parvenir à la sécurité alimentaire et à la nutrition. 

Les agences des Nations Unies proposent également de lancer des plateformes de financement collaboratif. Ces initiatives se feront en collaboration avec les gouvernements bénéficiaires, les partenaires de développement et de financement pour atteindre l'ODD2.

 Glossaire des termes clés 

  • Régimes alimentaires sains: cela inclut quatre aspects essentiels: la diversité (au sein des groupes alimentaires et entre eux), l’adéquation (suffisance de tous les nutriments essentiels par rapport aux besoins), la modération (aliments et nutriments ayant de faibles résultats sur la santé) et l’équilibre (apport en énergie et en macronutriments). Les aliments consommés doivent être sûrs. 
  • Faim: sensation inconfortable ou douloureuse causée par une insuffisance d’énergie causée par l’alimentation. Dans ce rapport, le terme faim est synonyme de sous-alimentation chronique et est mesuré par la prévalence de la sous-nutrition (PoU). 
  • Malnutrition: état physiologique anormal causé par un apport inadéquat, déséquilibré ou excessif de macronutriments et/ou de micronutriments et/ou par une maladie qui entraîne une perte de poids. La malnutrition comprend la sous-nutrition (retard de croissance et émaciation), les carences en vitamines et minéraux (également appelées carences en micronutriments) ainsi que le surpoids et l’obésité. 
  • Insécurité alimentaire modérée: niveau de gravité de l'insécurité alimentaire des personnes confrontées à des incertitudes quant à leur capacité à obtenir de la nourriture et contraintes de réduire, à certains moments de l’année, la qualité et/ou la quantité de nourriture qu’elles consomment en raison d’un manque d’argent ou d’autres ressources. Il s’agit d’un manque d’accès régulier à la nourriture, qui diminue la qualité de l’alimentation et perturbe les habitudes alimentaires. Elle est mesurée à l’aide de l'échelle de l’insécurité alimentaire vécue et contribue à suivre les progrès accomplis dans la réalisation de la cible 2.1 de l’ODD (indicateur 2.1.2). 
  • Insécurité alimentaire grave: niveau de gravité de l'insécurité alimentaire auquel, à un moment donné de l’année, les gens ont manqué de nourriture, ont connu la faim et, dans les cas les plus extrêmes, sont restés sans manger pendant un jour ou plus. Elle est mesurée à l'aide de l’échelle de l’insécurité 

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