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lundi 29 mai 2023

Gaza à nouveau bombardée par Israël, une population traumatisée, des enfants tués : pourquoi ?

[afps-infos] Communiqué de l'AFPS / Gaza à nouveau bombardée par Israël, une population traumatisée, des enfants tués : pourquoi ?

Boîte de réception

AS - Association France Palestine Solidarité





Gaza bombardée


 Lire le communiqué sur le site de l'AFPS

Une fois de plus, depuis le 9 mai, la Bande de Gaza est sous le feu et la violence des bombardements israéliens meurtriers. Une fois de plus, l’armée israélienne bombarde, détruit, sème la terreur dans cette enclave surpeuplée, soumise à un blocus inhumain depuis presque 16 ans.

La population ne dispose d’aucun lieu pour s’abriter, il n’y a pas de cave à Gaza. Il n’y a pas non plus de système de défense aérienne à Gaza, les avions israéliens attaquent sans prendre le moindre risque. Les bombes tombent partout, l’insécurité est partout, les traumatismes aussi.

En cinq jours, ces bombardements ont fait 33 morts dont 7 enfants, plus d’une centaine de blessés, et toujours plus d’habitations détruites. Le directeur d’un hôpital fait partie des victimes.

En prétendant viser par ses raids les responsables d’une organisation palestinienne qui ne représentait pour lui aucune menace immédiate, l’État d’Israël s’enfonce dans une logique criminelle d’assassinats ciblés extrajudiciaires et de « guerre préventive », et prépare un avenir de guerre sans fin. En le faisant au prix de lourdes pertes dans la population civile, il commet des crimes de guerre.

D’une manière particulièrement cynique, les attaques contre la Bande de Gaza servent avant tout la politique intérieure israélienne, pour cimenter une coalition gouvernementale d’extrême-droite de plus en plus fragilisée par la contestation d’une partie importante de la population israélienne.

Nous vivons l’expérimentation et la mise en place en vraie grandeur d’un processus monstrueux : l’enfermement sans limite de temps d’une population de deux millions d’habitants, la ruine de son économie, le désespoir organisé de sa population, des attaques militaires et des bombardements meurtriers chaque fois qu’elle relève la tête. C’est un des visages les plus hideux du régime d’apartheid que l’État d’Israël fait subir au peuple palestinien dans son ensemble. Seule l’inaction des Etats rend cela possible. A l’inverse, seules les réactions vigoureuses des États et des citoyen-nes partout dans le monde pourront y mettre fin.

En ces jours de commémoration des 75 ans de la Nakba, il est important de rappeler que 70% des habitants de la Bande de Gaza sont des réfugiés, auxquels Israël refuse tout droit au retour en violation des résolutions de l’ONU. Aujourd’hui, c’est toujours le même déni de leurs droits, c’est le même processus commencé il y a 75 ans qui continue sous de nouvelles formes, dans un projet d’exclusion et d’expulsion totalement assumé par le gouvernement israélien d’extrême-droite.

Pour le cinquième jour consécutif, les attaques israéliennes continuent sur la Bande de Gaza, et les points de passage restent fermés aux personnes et aux marchandises. L’AFPS appelle les autorités françaises et celles de l’Union Européenne à exiger d'urgence l'arrêt immédiat des opérations militaires contre la Bande de Gaza et la réouverture des points de passage.

A l’occasion des nombreux rassemblements et manifestations qui sont organisées pour les 75 ans de la Nakba, nous appelons à de larges mobilisations dans toute la France pour rappeler aussi notre solidarité avec les Palestiniens de Gaza et notre refus de la politique monstrueuse menée par l’État d’Israël contre toute leur population.


Le bureau national de l’AFPS
Le 13 mai 2023


 

Petit bonheur en fin de vie

Sandro Pertini stSeondpor lf202513i3ft4ma8i:8f 9hi2ctt8a6087h,2418fml32af0c 
Un taxi à New York a écrit :
"Je suis arrivé à l'adresse et j’ai klaxonné. Après avoir attendu quelques minutes, je klaxonne à nouveau. Comme il s’agissait de ma dernière course de la journée, je pensais partir, mais finalement je me suis stationné et puis je me suis dirigé vers la porte et j’ai toqué.
« Juste une minute », a répondu une voix de personne âgée. Je pouvais entendre quelque chose qui traînait sur le plancher.
Après une longue pause, la porte s'ouvrit. Une petite femme de 90 ans se tenait devant moi. Elle portait une robe imprimée et un chapeau à voilette, ressemblant à un personnage de film des années 1940.
À côté d'elle il y avait une petite valise en nylon. L'appartement semblait comme si personne n'avait vécu dedans depuis des années. Tout le mobilier était recouvert de draps.
Il n’y avait pas d'horloge sur les murs, pas de bibelot ni aucun ustensile sur les comptoirs. Dans un coin il y avait une boîte en carton remplie de photos et de verrerie.
« Pourriez-vous porter mon bagage jusqu'à la voiture? » dit-elle. J'ai porté la valise jusqu’à mon véhicule, puis suis retourné aider la femme.
Elle prit mon bras et nous avons marché lentement vers le bord du trottoir.
Elle n'arrêtait pas de me remercier pour ma gentillesse. « Ce n'est rien », je lui ai dit « J'essaie simplement de traiter mes passagers de la façon dont je voudrais que ma mère soit traitée. »
« Oh, tu es un bon garçon », dit-elle. Quand nous sommes arrivés dans la voiture, elle m'a donné une adresse, puis demanda: « Pouvez-vous passer par le centre-ville? »
« Ce n'est pas le plus court chemin », répondis-je.
« Oh, cela ne me dérange pas », dit-elle. « Je ne suis pas pressée. Je me rends au centre de soins palliatifs. »
J'ai regardé dans le rétroviseur. Ses yeux scintillaient. « Je n'ai pas de famille » reprit-elle d'une voix douce. «Le docteur dit que je n'en ai plus pour très longtemps. » J'ai discrètement arrêté le compteur.
« Quelle route voudriez-vous que je prenne? » Demandai-je.
Pendant les deux heures qui ont suivi, nous avons roulé à travers la ville. Elle m'a montré le bâtiment où elle avait travaillé comme opérateur d'ascenseur.
Nous avons traversé le quartier où elle et son mari avaient vécu quand ils étaient jeunes mariés. Elle m’a fait arrêter devant d'un entrepôt de meubles qui était à l’époque une salle de bal où elle était allée danser lorsqu’elle était jeune fille.
Parfois, elle me demandait de ralentir en face d'un bâtiment particulier ou dans un coin et s'asseyait le regard perdu dans l'obscurité, sans rien dire.
Lorsque le soleil commença à rejoindre l'horizon, elle dit soudain: « Je suis fatiguée, j’aimerai que nous y allions maintenant ».
Nous avons roulé en silence à l'adresse qu'elle m'avait donnée. C'était un petit édifice, comme une petite maison de convalescence, avec un portique pour rentrer dans une allée.
Deux infirmiers sont sortis et se sont dirigés vers le taxi. Ils étaient très attentionnés et surveillaient tous les mouvements de la vieille dame. Visiblement ils attendaient son arrivée.
J'ai ouvert le coffre et porté la petite valise jusqu’à la porte. La femme était déjà assise dans un fauteuil roulant.
« Combien vous dois-je? » M’a-t-elle demandé, en ouvrant son sac.
« Rien » lui dis-je
« Vous devez gagner votre vie », répondit-elle.
« Il y aura d'autres passagers, » ai-je répondu.
Presque sans y penser, je me suis penché et lui ai donné une accolade. Elle me serra fort.
« Vous avez donné un petit moment de joie à une vieille dame », dit-elle. « Je vous remercie. »
Je lui serrai la main, et me retournai. Derrière moi, une porte a claqué, c’était le bruit d'une vie qui se termine.
Je n’ai pris aucun passager le reste de ma course. J'ai conduit sans but perdu dans mes pensées.
Je n’ai pratiquement pas parlé le reste de la soirée. Que se serait-il passé si cette femme avait eu à faire à un chauffeur en colère, ou à quelqu’un d’impatient et pressé ? Et si j’avais refusé de prendre la course, ou avais klaxonné plusieurs fois, puis parti sans attendre ?
Après réflexion, je ne pense pas avoir fait quelque chose de plus important dans ma vie.
Nous sommes conditionnés à penser que nos vies tournent autour de grands moments. Mais les grands moments sont souvent des jolis petits instants auxquels nous ne prêtons pas assez attention.
Les Belles Pensées restent et les Mots s'envolent.

 

samedi 27 mai 2023

Attaque frontale contre Salah Hamouri : la dégringolade morale du CRIF

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mercredi 17 mai 2023
Communiqué de l’AFPS

Attaque frontale contre Salah Hamouri : la dégringolade morale du CRIF

Hier soir, 16 mai, lors d’une réunion organisée à Toulouse par un ensemble d’organisations dont le groupe local AFPS et la CGT, des personnes ont gravement perturbé la réunion organisée avec Salah Hamouri, en tentant de l’interrompre et de l’empêcher de parler. Des violences ont été commises contre des militant présents, un stand de produits artisanaux d’une organisation partenaire a été vandalisé, un ordinateur arraché puis mis à la poubelle.

Il n’est pas anodin qu’une ancienne présidente régionale du CRIF, Nicole Yardeni, ait revendiqué sa participation à cette action, et qu’elle ait été immédiatement soutenue sur Twitter par le président actuel du CRIF, Yonathan Arfi.

Rappelons que Salah Hamouri est un avocat franco-palestinien, déporté [1] de Jérusalem par Israël en décembre dernier après des années d’emprisonnement et de détentions arbitraires. En 2004, Salah Hamouri avait été contraint d’accepter un « plaider coupable » devant la justice militaire d’occupation, une pratique courante de celle-ci, avec à la clé un doublement de la peine en cas de refus. Faut-il préciser que cette justice militaire d’occupation n’a de « justice » que le nom, et que la quasi-totalité des Palestiniens qui passent devant ses tribunaux sont condamnés, le plus souvent sans aucune preuve ?

Le CRIF est partie prenante d’une campagne haineuse de dénigrement menée actuellement contre Salah Hamouri, une campagne qui reprend mot pour mot le narratif du pouvoir israélien d’extrême-droite. Au nom de quoi une organisation française communautaire se fait elle ainsi le relai du pouvoir d’un pays tiers, qui opprime le peuple palestinien, dont Salah Hamouri, qui est aussi notre compatriote, fait partie ? Cet acharnement n’a qu’un seul but : tenter de le faire taire, lui et toutes celles et ceux qui veulent défendre les droits humains en Palestine.

Qui s’en souvient ? Le CRIF est né de la résistance à l’occupation nazie, et c’est de ce passé qu’il tenait une part de son autorité morale… Son glissement vers le soutien inconditionnel à la politique israélienne a été progressif, et ne l’a pas empêché, vers la fin des années 90, d’avoir des positions différentes.

L’alignement sur le pouvoir israélien, amorcé au début des années 2000, est maintenant total. Le CRIF n’a pas hésité, il y a quelques années, à participer à la campagne de diffamation contre le journaliste Charles Enderlin, il a manifesté en janvier 2017 contre la conférence de paix qui se tenait à Paris, il s’est opposé à la politique française et au consensus international sur le statut de Jérusalem. Il part en croisade contre l’utilisation de la qualification juridique d’apartheid concernant l’oppression du peuple palestinien par Israël. Pour défendre la politique israélienne, pour disqualifier toute critique, il use et abuse du chantage à l’antisémitisme.

Cette dégringolade morale du CRIF est dangereuse pour le « vivre ensemble » dans notre pays. Elle s’attaque également à notre liberté d’expression, souvent par l’intimidation, et cette fois comme à Toulouse par une forme d’action directe.

L’Association France Palestine Solidarité dénonce ce positionnement du CRIF et demande aux autorités publiques de protéger notre liberté d’expression et celle de Salah Hamouri contre les tentatives d’intimidation menées par le CRIF, et contre ses passages à l’acte.

Le Bureau national de l’AFPS,
17 mai 2023

[1Nous utilisons effectivement ce terme de « déporté », violemment contesté encore hier soir par le CRIF. Salah Hamouri a été emmené de force, menotté, de sa terre natale de Jérusalem vers la France. Il s’agit bien de « déportation » au sens du droit international humanitaire, qui l’interdit formellement (https://dictionnaire-droit-humanitaire.org/content/article/2/deportation/). Le fait qu’en France ce terme soit utilisé aussi pour désigner les victimes de la barbarie nazie, emmenés de force dans les camps d’extermination, n’interdit pas de l’utiliser dans d’autres cas. Salah Hamouri a été arraché de force de sa terre natale par la puissance occupante, devrions-nous lui interdire d’utiliser le mot français qui désigne cet acte dont il a été victime ?

 

Programme de la journée de travail du 31 mai 2023 sur les migrants et les réfugiés

Programme de la journée de travail du 31 mai 2023
de 9h30 à 18h00 au Pôle Universitaire (Aix-Marseille) de GAP


MATIN
9h: ACCUEIL
9h30-9h45 : Introduction de la journée : Odile Kergomard et Cécile Leroux, Réseau
Hospitalité 05.
9h45-10h20 : Olivier CLOCHARD et Louis FERNIER géographes, laboratoire Migrinter
« Centres d’hébergement : sas d’entrée, lieux de transit ou espaces d’(im)mobilités »
10h20 : questions
10h50-11h15 : Filippo FURRI, anthropologue

«Villes-refuge et couloirs de solidarité : comment penser une mobilité sûre»

11h15 : questions
11h45-12h05 : Lison LENEVELERS, juriste

«La ville accueillante entre compétence et auto saisissement»

12h05 : questions
REPAS : 12h30-14h30
APRÈS MIDI
14h30-14h50 : Karine GALETIER, anthropologue

«La fabrique locale de la citoyenneté pour organiser l’accueil»

14h50 : questions
15h15-15h40 : Damien CARÊME, député européen EELV, ancien maire de Grande-Synthe,
Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants

«L’accueil est possible si les élus des villes le veulent»

15h40 : questions
16h : PAUSE
16h20-16h40 : Delphine NEVEN, juriste

«Les dispositifs français de mise à l’abri à l’épreuve de la réalité»

16h40 : questions
17h : Collectif de réfugiés des Hautes Alpes
Questions
17h45 : Conclusion de cette journée par Jean-Paul LEROUX, philosophe

INSCRIPTION OUVERTE dès maintenant sur l'adresse email : foruminscription31@gmail.com et
jusqu'au 26 Mai 2023
Une possibilité de restauration froide sur place (10€) 

 

jeudi 25 mai 2023

Maroc : le nombre de prisonniers devrait bientôt dépasser les 100.000 ! Des livres pour en savoir plus.

Maroc : le nombre de prisonniers devrait bientôt dépasser les 100.000 !

par Marie-Jo Fressard- Solidmar 05 

 Le rapport de la  Délégation générale des prisons et de l’administration marocaine de la réinsertion (DGAPR) évoque  d'abord une légère diminution du nombre de prisonniers dans les geôles marocaines au cours de l’année 2023, mais  indique aussi qu’il augmentera d’environ 7% pour  atteindre 99.000 détenus, et devrait même  franchir la barre de 100 000 d'ici 2026, pour une population de 607 292 en 2021. 

Dans ce rapport, il n'est pas question des prisonniers politiques. Puisqu'ils n'ont pas disparu, ils sont donc comptabilisés avec les prisonniers de droit commun. Pour en savoir plus, découvrez les trois volumes de "Les torturés du makhzen" : Prisonniers politiques marocains, prisonniers politiques du Rif  et de Jerada, et les prisonniers politiques sahraouis.  

Où commander, acheter ces livres, où payer ?-  - Sur le site d'Antidote : https://www.antidote-publishers.be/#books, https://www.antidote-publishers.be/buy-a-book/

- Par e-mail à mariejof05@gmail.com  

 -Par courrier avec règlement par chèque, à l'ordre de Marie-Jo Fressard 43 impasse du Mont Colombis, 05230 La Bâtie Neuve, France. 

- En magasin : à  : E'changeons le Monde, 17 rue Jean Eymar, 05 000 Gap  

- à  La Nouvelle Librairie, 6 cours Victor Hugo 05000 Gap. 

Prix : un livre 10€, 2 livres 20€, les 3 livres 25€

Frais de port : pour 1 livre : 4€. Pour 2 ou 3 livres : 6 €. 

Pour les commandes, préciser en référence "les torturés du makhzen", ajouter votre choix : livre 1, livre 2, (ou 1et 2), les 3 livres , et votre adresse postale pour l'envoi.

Merci et bonne lecture.

dimanche 14 mai 2023

Le Sahara Occidental, une nation bannie de la conscience de la terre.


  •  
    Une nation bannie de la conscience de la terre.
    Andrew McConnell est photographe de presse irlandais. Il a visité les Sahraouis déplacés il y a 50 ans dans les camps du désert algérien.
    « Je voulais que le spectateur voie ce que je voyais : une nation totalement oubliée, abandonnée et bannie de la conscience du monde - une nation vivant comme un fantôme. " …

    Commentaire

    Mohamed Abdelkrim
    Vive la République du Sahara Occidental et du Polisario
    Le Maroc est une création artificielle du maréchal LYAUTEY fondateur du Maroc et du Makhzen
    Des milliers de Patriotes Républicains marocains Sahraouis et Rifains dans les prisons de la police politique marocaine
    Vive la République du Rif du Président Abdelkrim KHETTABI et du patriote ZEFZAFI martyrisés par le criminel et esclavagiste Makhzen marocain

     
     

 

vendredi 12 mai 2023

Un large mouvement contre la guerre peut sauver la vie de Julian Assange

Le 10 avril dernier, à l’occasion du 25ème anniversaire du Good Friday Agreement en Irlande du Nord, le président des EU Joe Biden est arrivé à Belfast pour fêter cet accord du Vendredi saint. Un accord de paix signé le 10 avril 1998 entre la Grande-Bretagne, les Royalistes d’Irlande du Nord et Sinn Fein, le parti républicain irlandais. Trente ans de guerre prenaient fin. Fin d’une guerre contre l’occupation britannique de l’Irlande du Nord, qui a coûté la vie à 3 500 personnes.

 De l’Irlande à l’Afrique du Sud : la libération des prisonniers politiques est une affaire politique et non pas juridique

 

La libération des prisonniers politiques irlandais dans les prisons britanniques était une question centrale dans les négociations. L’accord de paix du Vendredi saint stipulait la libération de tous ces prisonniers, appelés « les paramilitaires » ou « les terroristes » par les Britanniques.

L’inimaginable devenait réalité : au total 483 prisonniers furent libérés, dont 143 condamnés à une peine de prison à vie. Un an auparavant déjà, en signe de « bonne volonté » de la part des Britanniques, 13 prisonniers de l’IRA, qui se trouvaient dans la section de sécurité maximale (SHU), en isolement total, à la prison de Belmarsh furent transférés vers d’autres prisons, où ils pouvaient bénéficier d’un régime carcéral plus ouvert. En juillet 2000, les derniers 87 prisonniers sortaient de la prison de Maze en Irlande du Nord. La prison de Maze a été fermée la même année.

Rappelons-nous cet autre fait historique qui s’est produit dix ans auparavant en Afrique du Sud. En 1989, le mouvement de libération ANC (African National Congres) exigeait et obtenait du pouvoir raciste blanc (le NP, National Party) la levée de l’état d’urgence, la libération de tous les prisonniers politiques, la légalisation des organisations dissoutes et la suspension de l’usage de la peine de mort. Sans libération de tous les prisonniers politiques, l’ANC refusait d’abandonner ou de suspendre la lutte armée. Ainsi, le 11 février 1990, Nelson Mandela était libéré après 27 ans de prison. Il avait été condamné aux travaux forcés et à la prison à perpétuité dans une prison de haute sécurité à Robben Island. Sa libération annonçait la fin de l’Apartheid. Au 30 avril 1991, 933 prisonniers politiques étaient libérés.(1) En 1996, la prison à Robben Island fermait définitivement ses portes.

Illustration que tout est possible, vraiment tout, à condition qu’il y ait un rapport de force construit dans les luttes et suffisamment grand pour l’imposer.

À Belfast, Biden a salué le processus de paix en Irlande du Nord en annonçant une augmentation des investissements américains, « vu, ce sont ces mots, le vaste potentiel économique qui se trouve ici ». Et il a bien sûr parlé de la guerre en Ukraine. Les États-Unis ne font jamais rien sans penser à leurs profits ou sans penser à la guerre. On peut supposer, lutte pour la paix oblige, qu’il a mis aussi sur la table l’adhésion de la République d’Irlande à l’OTAN, ce pays étant un des derniers pays européens à la refuser.

Un salut à la paix on ne peut plus cynique.

 À 500 km de Belfast, sur ordre des États-Unis en collaboration avec les Britanniques, Julian Assange croupit depuis quatre ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. Julian Assange n’a pas commis d’attentat ou un quelconque acte violent. Difficile de le taxer de paramilitaire ou de terroriste. Julian est un journaliste qui a lutté pour la paix. Pour la fin de la guerre en Afghanistan et en Irak, en publiant des documents secrets, cachés au public, des crimes de guerre commis par les États-Unis et ses alliés. Du coup, Joe Biden a dû inventer un nouveau nom pour le lier au terrorisme : « Assange est un cyber terroriste, un hightech terroriste », a-t-il dit. Et Pompeo, le chef de la CIA, a ajouté : « il est temps d’appeler Wikileaks pour ce que c’est : un service de renseignement non-étatique soutenu par des États comme la Russie ».

Pardon, amnistie, réconciliation après les guerres du passé ?

On pourrait dire que tout cela appartient au passé, maintenant que ces guerres ont officiellement pris fin. En Irak, le 15 décembre 2011, après neuf ans de guerre. En Afghanistan, le 15 août 2021, après vingt ans de guerre. Bilan : au moins 1,3 millions de personnes, et probablement plus que 2 millions, ont été tuées pendant ces « guerres contre la terreur » en Afghanistan, Irak et au Pakistan.(2)

À la fin de ces guerres il n’y a pas eu d’accord sur la libération des prisonniers, comme en Irlande du Nord ou en Afrique du Sud.

Pas de fermeture de Guantanamo, comparable à la fermeture de celle de Maze ou de Robben Island. Aucune poursuite des responsables politiques étasuniens et britanniques par un tribunal international pour les crimes de guerre commis, comme cela se met en place pour la guerre en Ukraine. Pas d’excuses, pas de prise de responsabilité pour ces crimes rendus publics par Wikileaks. Pas d’amnistie, pas d’arrêt des poursuites contre les journalistes et les lanceurs d’alerte par leur libération de prison ou en leur permettant de retourner dans leur pays après avoir été forcés à l’exil.

 Pourquoi n’assiste-t-on pas à un accord de paix ?

Tout d’abord, l’accord de paix conclu en Irlande du Nord ne signifiait pas la défaite de l’impérialisme britannique. Certes, la résistance irlandaise obtenait des progrès politiques et sociales considérables, mais pas la fin de l’occupation britannique de cette partie de l’Ile. C’était une situation où les deux parties étaient à bout de forces après trente ans de guerre.

En Afghanistan, les États-Unis (et l’OTAN) ont subi une défaite sanglante, qui les a humiliés aux yeux du monde entier. Cette défaite historique, après vingt ans de guerre, est loin d’être digérée et, tout comme la défaite des EU au Vietnam, elle ne le sera probablement jamais. Ce qui explique en partie l’esprit de vengeance et de représailles, œil pour œil, dent pour dent, qui sont les leitmotivs de l’appareil politique, militaire et judiciaire des États-Unis et dont Julian Assange et ses camarades sont victimes. Celui ou celle qui, comme Assange, était du mauvais côté dans la guerre en Afghanistan et en Irak, en paiera le prix et subira une politique d’extermination jusqu’au bout, jusqu’à la mort.

Une deuxième raison est que la « Global War on Terror », la guerre mondiale contre le terrorisme, lancée par le président Bush en 2001, n’est pas une guerre comme les autres. Elle est par définition une guerre sans tranchées, sans frontières, une guerre qui se déplace de continent en continent, une guerre sans fin, une guerre sans accord de paix en perspective. Il suffit de lire la récente publication du département d’État, intitulée « Terrorism Still a Pervasive Threat Worldwide » (le terrorisme : une menace toujours omniprésente à l’échelle mondiale), qui annonce de nouvelles guerres contre le terrorisme. (3) De ces nouvelles guerres coloniales, les Assange, les lanceurs d’alerte ou autres fouineurs doivent être écartées une fois pour toutes.

Une troisième raison est qu’après la fin de la « guerre froide », les tambours de la guerre résonnent à nouveau. La guerre en Ukraine (et la défaite de la Russie) doivent rétablir la confiance perdue dans la surpuissance des EU de diriger le monde. Un conflit mondial entre les EU-OTAN d’un côté et la Russie et la Chine de l’autre se dessine à l’horizon. Les conséquences au niveau de la liberté de la presse sont un prélude de ce qui nous attend. Pour ceux et celles qui pensent que la liberté de la presse est uniquement menacée en Russie et en Chine, voici quelques exemples de ce qui se passe dans notre camp. « Aux États-Unis, il n’y a aucun média grand public qui semble prêt à publier ne fût-ce qu’un appel à arrêter la livraison d’armes à l’Ukraine ou même de plaider pour des négociations en Ukraine, écrit Counterpunch, Il y a même un blackout sur les nouvelles concernant le (petit) mouvement contre la guerre qui est en train de se construire ».(4) Ce n’est pas uniquement le cas aux Etats-Unis. En Europe, des médias comme RT/RussiaToday ou Sputnik sont interdits. En 2022, l’Ukraine publie une liste noire de politiciens et journalistes européens et étasuniens « pro-russes », dont le journaliste Glen Greenwald. Au sein des grands médias, la chasse aux journalistes considérés comme « pro-Russe » ou « pro-Poutine », par des menaces, leur licenciement, le gel de leurs avoirs a bel et bien commencé.(5)

C’est pourquoi Assange est toujours en prison. Il est l’avertissement à tous les journalistes : vous allez subir le calvaire de Julian Assange si vous osez nous critiquer.

 Le mouvement contre la guerre au Vietnam a libéré Daniel Ellsberg.

Daniel Ellsberg était un analyste militaire qui a travaillé pour l’armée des EU. En juin 1971, il a divulgué les Pentagon Papers, des documents secrets qui exposaient les mensonges du gouvernement des EU dans la guerre du Vietnam. Le 3 janvier 1973, Ellsberg a été inculpé en vertu de la même loi que celle par laquelle Assange est inculpé aujourd’hui : l’Espionage Act de 1917, en plus des accusations de vol et de conspiration. Il risquait alors une peine maximale de 115 ans. : « Ce dont Assange est coupable, je le suis aussi, a déclaré Daniel Ellsberg, nos motivations sont les mêmes. La différence est que j’étais une source, lui un éditeur. Je me reconnais complètement en lui. Les publications de WikiLeaks sur les guerres en Afghanistan et en Irak ont montré que la torture est devenue la chose la plus normale au monde. Les publications de WikiLeaks sont l’une des révélations les plus importantes et les plus véridiques du comportement secret et criminel de l’État dans l’histoire des EU. Le public étasunien avait le droit de savoir ce qui était fait en son nom. La publication non autorisée de documents secrets était le seul moyen d’accorder ce droit au peuple » (6).

Les autorités des EU ont mis en place des écoutes illégales contre Ellsberg, des cambriolages chez son psychiatre pour tenter de le discréditer, et ils y avaient, tout comme dans l’affaire Assange, des plans pour l’éliminer physiquement. Mais contrairement à Assange, Ellsberg n’a pas été envoyé en prison en attendant son procès. Le 11 mai 1973, le tribunal a même abandonné toutes les charges contre Ellsberg. Pourquoi ?

Parce qu’Ellsberg était entouré par « le mouvement contre la guerre au Vietnam qui était le plus large et le plus organisé jamais connu dans l’histoire des Etats-Unis »(7). À partir de 1964 jusqu’à la fin de la guerre en 1975, des centaines de milliers de jeunes, des syndicats, groupes religieux, organisations pour les droits égaux de la population noire se sont engagés dans la résistance à la guerre.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Organiser la résistance à toutes les guerres qui ont suivi celle du Vietnam jusqu’à aujourd’hui est pourtant la voie à suivre pour obtenir la libération de Julian Assange.

Comme dit au début, rien n’est impossible. Que le courage et la ténacité d’Ellsberg soient une source d’inspiration dans ce combat.

Notes

(1) http://www.csvr.org.za/docs/correctional/negotiatingtherelease.pdf

(2) Voir le rapport “Body Count : Casualty Figures after 10 Years of the ’War on Terror” par Physicians for Social Responsibility, Physicians for Global Survival et Physicians for the Prevention of Nuclear War

(3) https://www.voanews.com/a/us-state-department-terrorism-still-a-pervas…

(4) https://www.counterpunch.org/2023/04/12/the-war-machine-keeps-turning/

(5)Voir https://johnpilger.com/articles/there-is-a-war-coming-shrouded-in-prop…;; https://www.algeriepatriotique.com/2023/02/19/contribution-de-mohsen-a…

(6) https://en.wikipedia.org/wiki/Daniel_Ellsberg ; https://www.chicagotribune.com/nation-world/ct-nw-daniel-ellsberg-juli…

(7) https://www.history.com/news/anti-war-movements-throughout-american-history

 
Source : https://lukvervaet.blogspot.com/2023/05/un-large-mouvement-contre-la-guerre.html

 

mardi 2 mai 2023

1er Mai. Le mouvement social ne tourne pas la page

L'HUMANITE

1er Mai. Le mouvement social ne tourne pas la page

Inondant les villes françaises, 2,3 millions de manifestants ont rappelé, lors d’un 1er Mai enthousiaste, leur opposition à la réforme. Une démonstration de force alors que le gouvernement rêve de l’effondrement de la mobilisation.

Publié le
Mardi 2 mai 2023
Strasbourg, (Bas-Rhin).
Strasbourg, (Bas-Rhin).
AFP

Emmanuel Macron espérait sans doute que la promulgation de sa loi – instaurant le recul à 64 ans de l’âge de départ à la retraite – signerait une bonne fois pour toutes la fin du mouvement social, vieux de quatre mois et de treize journées de mobilisation.

Le gouvernement s’est d’ailleurs déjà attaché à dérouler son agenda social et politique, tentant d’enterrer la hache de guerre. C’était compter sans la détermination intacte des Français, pleinement engagés à faire tomber le texte délétère par la grève et la manifestation.

Un 1er Mai « historique », « trente ans qu’il n’y a pas eu d'aussi fort dans notre pays »

Malgré sa – vaine – tentative d’« apaisement », le président de la République a obtenu comme réponse à son terrible entêtement une déferlante de manifestants partout en France, faisant de ce 1er Mai, Journée internationale des travailleuses et travailleurs, un jalon d’ampleur dans la lutte contre la réforme. « On a un 1er  Mai historique, je peux le dire », a glissé Laurent Berger, de la CFDT, dans le cortège parisien. « Ça fait au moins trente ans qu’il n’y a pas eu de 1er Mai aussi fort dans notre pays », confirme son homologue de la CGT, Sophie Binet.

Selon l’intersyndicale, 100 000 personnes ont en effet battu le pavé à Toulouse, autant qu’à Bordeaux. À Brest, ce sont 33 000 personnes qui se sont élancées contre la réforme du gouvernement ; elles étaient 20 000 à Caen et 48 000 à Grenoble. Paris, avec 550 000 manifestants, flirte avec les records. Échauffés par plusieurs semaines de casserolades, 2,3 millions de manifestants en tout, selon la CGT, ont su faire de cette date une démonstration de force.

Beaucoup de manifestants ont en tête le précédent du CPE

Massifs, joyeux et familiaux, les défilés ont toutefois été la scène de quelques tensions et affrontements entre black blocs et policiers. À Nantes ou Lyon, des dégradations et interpellations se sont produites aux alentours des manifestations. À Paris également, des échauffourées – violentes mais courtes – se sont déroulées en tête de cortège.

Visé par quelques personnes à l’avant du défilé, le stand du PCF a même été la cible d’un tir d’un objet explosif. Ces épisodes n’ont pas entaché la ténacité des participants à ce 1er Mai unitaire, le premier depuis 2009. Après cette journée placée sous le signe de la lutte déterminée, enthousiaste et festive, les regards sont tournés vers la suite.

Beaucoup de manifestants ont en tête le précédent du contrat première embauche (CPE) en 2006, et le retrait du texte obtenu à force de manifestations. Une proposition de référendum d’initiative partagée (RIP), visant à conserver l’âge de départ à la retraite à 62 ans, sera également examinée par le Conseil constitutionnel, mercred 3 mai.

À Paris, des militants PCF touchés par les tirs de mortier des black blocs

Le stand du PCF a été pris à partie par les black blocs, lors de la manifestation du 1er Mai à Paris. « Ils ont lancé des feux d’artifice et des tirs de mortier en ciblant directement deux de nos stands. Nous avons reçu des éclats de tirs. Ian Brossat, porte-parole du PCF, a été brûlé à la main. Il y a eu une bousculade et deux militants âgés ont été conduits aux urgences », raconte Nicolas Bonnet-Oulaldj, président du groupe communiste au Conseil de Paris. Ces violences ont eu lieu alors que l’accueil-sécurité des communistes s’était en partie dispersé dans les stands pour se protéger des fortes pluies. Les forces de police ont reculé devant les black blocs avant que l’affrontement n’explose devant les tables du PCF. Les black blocs ont alors crié des slogans hostiles à Fabien Roussel, secrétaire national du parti : « Non, Roussel n’est pas un camarade » et « Tout le monde déteste Fabien Roussel ». Cette attaque contre les stands du PCF, très engagé dans la bataille contre la réforme des retraites, confirme le comportement contre-productif et violent des black blocs dans les manifestations.