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mardi 30 novembre 2021

Normalisation avec Israël: Le peuple marocain ne décolère pas


Au Maroc, l’indignation et la colère du peuple contre le Makhzen, suscitées par la normalisation des relations entre le Royaume chérifien et l’entité sioniste en décembre 2020 sont loin de s’apaiser.

La récente visite du ministre de la Défense sioniste à Rabat a alimenté ces sentiments. Les manifestations organisées à travers le pays en sont la preuve. Il est vrai aussi qu’en septembre 2020, lorsque deux autres pays arabes avaient, sous la houlette de l’ancien président américain, normalisé leurs relations avec l’entité sioniste , des associations marocaines avaient mis en garde Rabat en affirmant que « le peuple marocain n’acceptera jamais d’être impliqué dans les plans sionistes et américains et qu’il se révolterait si cela venait à arriver ». Ces militants qui exigeaient aussi « la criminalisation de toute normalisation » ont tenu leur engagement dès lors que le Maroc a franchi le pas trois mois plus tard. Pour les associations de soutien à la Palestine et contre la normalisation , la cause palestinienne est celle des marocains. C’est pour cela qu’ils sont sortis par centaines, à l’appel du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation et qu’ils comptent manifester également aujourd’hui à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Les marocains se refusent à cautionner cette nouvelle trahison du Royaume chérifien à l’égard de la Palestine et de son peuple. Et de rappeler ces propos tenus par un militant marocain des droits de l’homme après que le Maroc ait officialisé la normalisation de ses relations avec l’entité sioniste. « Les marocains disent : » La cause palestinienne est pour nous une cause nationale. C’est de dire que c’est une cause propre à nous-mêmes. Nous la considérons comme notre propre cause. C’est une ancienne tradition ». Pour les Marocains, qui ont honte pour leur pays, cette trahison est d’autant plus difficile à accepter que le Maroc est à la tête du Comité Al Qods. Un Comité censé défendre la cause de la Palestine et les intérêts des Palestiniens. Pour le Front marocain, la normalisation avec l’entité a été imposée contre la volonté du peuple marocain et ses intérêts stratégiques. Et d’affirmer que la position du Front traduit celle « du peuple marocain qui refuse toujours tout rapprochement ou normalisation avec les sionistes et qu’il est et restera toujours aux côtés des Palestiniens et de leur juste cause ». Le Maroc, embarrassé par cette montée de la colère, a recours à la répression pour empêcher toutes les formes de manifestation. Mais quoi qu’il en sera, ce qui est certain c’est que la rupture entre le Roi et son peuple est consommée.

 

lundi 29 novembre 2021

Rassemblement pour la libération immédiate des enfants prisonniers palestiniens

communiqué de l’AFPS

Samedi 27 novembre 14H place de la République

160 enfants emprisonnés au 7 novembre 2021.

Depuis 2000, au moins 12 000 enfants palestiniens ont été arrêtés, interrogés et inculpés par la justice militaire israélienne, soit 500 à 700 par an.

Au 7 novembre, ce sont 4650 prisonniers politiques palestiniens qui sont détenus par Israël, dont 500 en détention administrative (sans procès, ni chef d’accusation communiqué au prisonnier).

En Cisjordanie, ce sont des tribunaux militaires qui siègent au sein des prisons ou centres de détention, y compris pour les enfants, et ce dès l’âge de 12 ans.
Ces procédures sont réservées aux Palestiniens. Les colons, quant à eux, sont soumis au droit pénal israélien.

Ce que subissent les enfants arrêtés, voire emprisonnés :
• Arrestations violentes, très souvent lors de raids nocturnes ;
• Intimidation, humiliation, torture, présence des parents non autorisée lors des interrogatoires ;
• Détention administrative, ordre de détention militaires, arbitraire, y compris pour les enfants malades ;
• Conditions de détention indignes, maltraitance, absence de soins ;
• Visites des familles limitées.

La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (C.I.D.E.), la Déclaration universelle des droits de l’homme, la IVe convention de Genève...ne sont pas respectées.

La situation est chaque fois plus grave. Le 7 novembre, six ONG palestiniennes de défense des droits humains parmi les plus importantes et les plus reconnues sur le plan international, ont été interdites dont "Addameer" (organisation de défense des droits des prisonniers politiques) et "Prisoner Defense for Children International-Palestine" DPCI-PI (Organisation internationale de défense des enfants - Section Palestine).

Pour informer l’opinion publique en France et dénoncer cette grave situation, nous organisons, avec les associations, organisations syndicales et politiques de la campagne « Libération immédiate des enfants palestiniens prisonniers d’Israël » un rassemblement samedi 27 novembre.

Paris, le 24 novembre 2021

Association France Palestine Solidarité, Forum Palestine Citoyenneté, Organisation de Femmes Egalité

 

Reportage RFI sur le Sahara Occidental -suite et fin:les familles de militants disparus et prisonniers demandent justice


Sahara occidental [4/5]
Suite de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. Parmi les revendications portées par les militants sahraouis : la vérité sur les personnes disparues lors de la conquête territoriale marocaine, la libération des militants indépendantistes et l’amélioration des droits humains dans les territoires qualifiés d’« occupés » par le Maroc. Rencontre dans les camps de réfugiés avec certains de ces militants.

C’est en mère de famille et en grand-mère que Nuha Abidim nous reçoit dans le salon de sa maison du camp de Boujdour, pour l’immuable cérémonie du thé. Mais en 1976, c’est en petite fille de sept ans qu’elle fuit l’avancée des troupes marocaines dans le territoire sahraoui que viennent de quitter les Espagnols. L’aviation marocaine bombarde l’oasis d’Oum Breyda. La famille embarque dans un camion, sans son père, Abidin Buzeid Allal, qu’elle ne reverra jamais.

Après avoir affirmé qu’il était vivant dans un camp de réfugiés sans en apporter la preuve, le Maroc lui a assuré qu’il était décédé en prison en 1980. Mais faute de preuves, de corps, et en raison de témoignages contradictoires, Nuha Abidim n’arrive pas à croire à la version officielle.

Jamais ! Je ne suis pas convaincue. Il y a beaucoup de contradictions. Ils ont dit ne pas l’avoir, puis m’ont dit qu’il était mort en prison. C’est toujours confus. On ne sait pas s’il est mort : si oui, où est-il mort ? Je veux aller sur place. Je n’ai pas de rancune vis à vis du peuple marocain qui est un peuple frère. Mais le gouvernement, lui, a tué mon père, m’a arraché mon sourire d’enfant. Contre lui, j’ai beaucoup de colère.

Le « trou noir » en matière de droits humains
En 2010, après des années de pressions internationales, la Commission marocaine des droits de l’homme a reconnu 638 disparitions forcées de militants sahraouis dont 351 ont été exécutés ou sont morts en détention.

L’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis, recense pour sa part 444 décès, mais déplore que depuis le Sahara occidental soit retombé dans un « trou noir » en matière de droits humains. C’est le mot qu’emploie Abdeslam Omar Lahcen, président de l’Afapredesa : « Créer un climat de terreur, en plus des détentions arbitraires qui continuent, la pression économique en expulsant du travail bon nombre de militants en les envoyant à l’intérieur même du Maroc… C’est l’unique moyen de pouvoir maintenir sa main mise sur la population et sur les ressources naturelles. C’est l’enjeu de toute cette histoire. »

Un tribunal militaire « qui échappe à tout contrôle »
Arrêté à Laayoune, condamné par un tribunal militaire en 2015, Salah Lebsir a passé quatre ans en détention, avant d’être libéré et de gagner les camps de réfugiés en Algérie. Il explique que « les autorités marocaines surveillent les militants sahraouis. Si on vous voit avec un drapeau, réclamer l’indépendance, participer à une manifestation, on vous suit et on vous attrape. On passe au tribunal militaire qui échappe à tout contrôle. J’ai passé quatre ans en cellule, sans avocat ni médecin, à subir des mauvais traitements. On essaye de nous faire craquer psychologiquement, mais ça ne marche pas, notre demande d’autodétermination est légitime. »

En quête d’une figure pour médiatiser leur combat, les militants sahraouis mettent en avant Sultana Khaya, active à Boujdour contre l’exploitation des ressources naturelles par le Maroc. La presse marocaine la qualifie de « mercenaire à la solde du régime militaire algérien ».

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Sahara occidental [5/5]: le Croissant-Rouge sahraoui, ligne de vie des réfugiés

Suite de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, les cinq camps algériens accueillaient fin 2017 plus de 173 000 Sahraouis. Situés dans une zone extrêmement aride, ils dépendent quasi-totalement de l’aide humanitaire internationale, gérée par le Croissant-Rouge sahraoui.

Les daïras, ce sont les quartiers qui composent chacune des cinq wilayas, les camps de réfugiés que desservent en farine, sucre, céréales, huiles, les camions du Croissant-Rouge sahraoui. En cette fin de matinée sous un soleil déjà brûlant, les bénévoles chargent les denrées sous l’œil de Najib Enawa, directeur de la coopération de l’organisation. « Il y a des dattes qui viennent d’Arabie saoudite, de l’huile, des lentilles, du lait en poudre pour le petit déjeuner des enfants », énumère-t-il.

Lorsque les ressources du programme alimentaire mondial, principal fournisseur de l’aide, s’assèchent en fin d’année, les hangars sont presque vides, mais le travail continue. 77% des 173 000 réfugiés recensés par le Haut Commissariat aux réfugiés reçoivent cette aide.

Impossible de tricher sur la réception des denrées
En théorie, chaque adulte de plus de 12 ans doit recevoir 17 kg chaque mois. Au 14 octobre, on en était qu’à 4 kg. Face à l’urgence néanmoins, impossible de tricher à la réception, affirme Lelah. Cette habitante du camp de Boujdour a quatre enfants.

« Dans chaque quartier, il y a un responsable de la distribution. Il connaît la composition des familles, combien chacun a d’enfants et donc à quoi chacun a droit. De plus, on se connaît tous, on est tous voisins ou avec des liens familiaux, donc on sait très bien qu’on ne peut pas tricher », dit la mère de famille.

Une situation politique qui n’évolue pas

Deux cent trente-cinq personnes travaillent au siège du Croissant-Rouge sahraoui, avec 3 700 personnes dans les quartiers. Le travail humanitaire y est vital, et Buhubeini Yahia, le président du Croissant-Rouge sahraoui, s’alarme surtout d’une situation politique qui n’évolue pas.

« Les gens sont en plein désert et on leur demande de continuer à patienter. L’aide humanitaire, c’est comme donner de l’aspirine à un malade pour réduire un peu la souffrance la douleur. Mais l’antibiotique pour éliminer le virus, c’est la solution politique durable », explique le président du Croissant-Rouge sahraoui.

En attendant une solution politique à un conflit vieux de 46 ans, l’anémie et la malnutrition touchent une large part de la population des camps. Au total, 92% d’entre elle est en état de vulnérabilité alimentaire selon le Programme alimentaire mondial.

RFI, 19/11/2021

 

dimanche 28 novembre 2021

COMMUNIQUE D'ENSEMBLE APRES LE NAUFRAGE DANS LA MANCHE

COMMUNIQUE D'ENSEMBLE APRES LE NAUFRAGE DANS LA MANCHE


Le 26/11/2021, àSecretariat Ensemble via Collectifnat a écrit :

Lorsque les gouvernements français et anglais déplorent le drame qui s’est joué pour 31 personnes dans la Manche, on ne peut que penser à l’hypocrisie de ces mêmes gouvernements.


Ce drame, prévisible, malheureusement devenu réalité, a pour cause les politiques meurtrières qui accablent les migrant.es, en Méditerranée, dans les Alpes, les Pyrénées et maintenant dans la Manche. La non application des articles 13 et 14 de la Déclaration des Droits universels de l’Homme de 1948, les refus de suivre la procédure normale d’examen des demandes d’asile, disons le nettement, les politiques répressives et sécuritaires, ne permettent pas aux personnes en migration de poursuivre leur route paisiblement, d’atteindre les pays dans lesquels elles veulent demander l’asile. Ces personnes se trouvent acculées à des risques insensés et mortifères pour atteindre leurs objectifs. Elles sont plongées dans l’illégalité ce dont profitent les mafias de passeurs.


Pour éviter la reproduction prévisible d’un tel drame, il faut changer de fond en comble la politique actuelle. Qui ne voit pas qu’il est absurde de vouloir à la fois, empêcher les migrant.es d’entrer sur notre territoire et ensuite de les empêcher de sortir de celui-ci. Il faut donc dénoncer l’accord du Touquet qui est une entrave à la libre circulation des personnes, il faut dénoncer la Convention de Dublin qui ne permet pas aux personnes de choisir le pays où déposer leur demande d’asile. Il faut une vraie politique d’accueil (hébergement, suivi sanitaire et administratif, etc..). A court terme, il faut un corridor maritime de secours humanitaire entre Calais et l’Angleterre. Le droit de circulation doit être restauré.


Les hommes politiques d’extrême droite, leurs journaux et leurs télévisions qui passent leur temps à insulter les personnes migrantes, à créer un climat délétère les concernant, à les stigmatiser sont, au moins moralement responsables du désastre qui les atteint.

Le combat en faveur d’une solidarité forte et humaine qui est le fait de nombreuses organisations et personnes bénévoles doit être salué et encouragé. Elles sont un rempart contre la barbarie qui suit un cours médiatique trop ordinaire dans nos pays européens et à nos frontières.

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retrouvez Ensemble 05
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LOUX Jean paul

26 nov. 2021 09:38 (il y a 2 jours)

 

jeudi 25 novembre 2021

Exilés morts dans la Manche : le naufrage de la France

France Parti pris

Au moins trente et une personnes ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche mercredi 24 novembre, alors qu’elles tentaient de rejoindre la Grande-Bretagne. Les autorités françaises ont aussitôt répondu par des promesses de mesures répressives, alors que celles-ci sont précisément, pour partie tout du moins, à l’origine de la décision des exilés de quitter la France au péril de leur vie.

Carine Fouteau

24 novembre 2021 à 21h43

Une indicible tristesse, et une immense colère, alors que la Manche se transforme peu à peu en Méditerranée, cimetière migratoire depuis plusieurs décennies, sans que cela ne produise jusqu’à présent l’électrochoc nécessaire pour mettre un terme à cette hécatombe.

Au moins trente et une personnes ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche mercredi 24 novembre. C’est un pêcheur qui a donné l’alerte en début d’après-midi. Le nombre de corps retrouvés n’a cessé d’augmenter tout au long de la journée.

Les opérations de sauvetage se poursuivaient en fin d’après-midi, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, qui a indiqué à l’AFP que trois hélicoptères et trois bateaux participaient aux recherches. « Vers 14 heures, un pêcheur a signalé la découverte d’une quinzaine de corps flottant au large de Calais. Un bâtiment de la marine nationale a repêché plusieurs corps, dont cinq personnes décédées et cinq inconscientes, selon un bilan provisoire », a précisé le ministère de l’intérieur. Selon une source proche du dossier citée par l’AFP, une cinquantaine de personnes se trouvaient à bord de l’embarcation, partie de Dunkerque. Le drame s’est déroulé sur un « long boat », un bateau gonflable fragile, dont le fond souple risque de se replier quand il prend l’eau et est surchargé, ont indiqué des sauveteurs.

La bateau de sauvetage rapatriant le corps des exilés naufragés, à Calais, le 24 novembre. © François Lo Presti / AFP

Plusieurs exilés ont connu le même sort au cours des dernières années, mais ce drame est le plus meurtrier sur des côtes françaises depuis l’accélération des traversées maritimes en direction de la Grande-Bretagne il y a bientôt cinq ans. Mediapart documentait, il y a peu, les traces laissées par ces personnes prises au piège des politiques migratoires de nos gouvernants et prêtes à affronter tous les dangers pour tenter leur chance ailleurs (voir ici le portfolio d’Édouard Bride et Nicolas Montard). Alors que les sauveteurs venus au secours des migrants tiraient la sonnette d’alarme ces derniers jours, ils n’ont pu empêcher ce nouveau naufrage.

Nous ne sommes pas sur les côtes libyennes, mais bien en France. Et pourtant. Comme la Libye, la France n’est pas, dans le cas présent, un pays de destination, mais bien un pays que les exilés, qui ont ainsi péri, cherchaient à fuir. Depuis le début de l’année, ils sont 31 500 à avoir quitté la France par la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne, et 7 800 ont eu besoin d’être secourus face au péril de leur embarcation, selon les chiffres enregistrés par la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Côté anglais, on dénombre 22 000 personnes ayant réussi la traversée durant les dix premiers mois de l’année. Le 11 novembre dernier, au cours d’une seule journée, 1 185 migrants étaient arrivés sur les côtes anglaises. Jusqu’à ce jour, le bilan s’élevait à trois morts et quatre disparus en 2021, six morts et trois disparus en 2020, et quatre morts en 2019.

Des politiques d’accueil insuffisantes

Dunkerque, Calais… à la différence de Lampedusa, en Italie, lieu d’espoir bien que transitoire, sont un repoussoir pour ces personnes. C’est de nous, de la responsabilité de notre État, qu’il faut donc parler. Car les mécanismes aboutissant à de telles tragédies sont connus : l’absence de dispositif d’accueil digne de ce nom dans notre pays supposé être celui des droits de l’homme ; le harcèlement quasi quotidien, y compris dans les périodes de grand froid, de la part des forces de l’ordre, qui lacèrent des tentes, s’emparent des quelques biens, empêchent les distributions de nourriture, pourrissent la vie des bénévoles ; et la difficulté à faire valoir les droits des exilés, quel que soit leur statut administratif.

À tous ces dysfonctionnements, aux effets déplorables sur les premiers concernés, s’ajoute le verrouillage croissant du port de Calais et d’Eurotunnel ces dernières années. Alors qu’auparavant les migrants tentaient leur chance à l’arrière de camions, dans des conditions tout aussi indignes, évidemment, la démultiplication des dispositifs de contrôle d’accès a rendu plus difficiles les voies routières et ferroviaires. C’est ainsi que les tentatives par la mer ont vu leur nombre croître de manière exponentielle. Quant à l’arrivée de l’hiver, elle ne fait que pousser les exilés à tenter leur chance, ou plutôt à risquer leur vie, avant qu’il ne soit trop tard. Car l’histoire des migrations est ainsi faite que, de la même manière que la prohibition n’a fait qu’accélérer la contrebande, les politiques répressives, dites « de fermeté » dans l’espace médiatico-politique, ne font que renforcer l’ingéniosité des « passeurs » sans dissuader les personnes qui, maltraitées dans un pays, considèrent que leur vie est ailleurs.

Face à ces mécanismes documentés depuis bien longtemps par tous les chercheurs, experts, bénévoles que compte cette planète (nous pourrions comparer dans une certaine mesure au temps qu’il aura fallu aux scientifiques pour se faire entendre sur la catastrophe climatique), la colère n’est que décuplée en écoutant les réactions éplorées des responsables politiques français et anglais. Sur Twitter, alors qu’il était attendu sur place, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a évoqué une « forte émotion ». Et un sentiment de culpabilité ? Point, évidemment. Il se contente de dénoncer « le caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées », tout en annonçant l’arrestation de quatre personnes soupçonnées d’être « directement en lien » avec le naufrage, appelant à une « réponse internationale très dure ». Le premier ministre, Jean Castex, a regretté une « tragédie ». « Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés », a-t-il déclaré, pointant lui aussi du doigt ces « passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère ». « La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », a affirmé mercredi dans la soirée Emmanuel Macron, promettant de « retrouver et condamner les responsables » et se tournant résolument vers les mesures répressives en demandant « le renforcement immédiat » de Frontex.

Sans surprise, les autorités françaises et britanniques sont convenues de « renforcer leur coopération ». Une réunion interministérielle doit se tenir ce jeudi à Matignon, ainsi qu’une réunion européenne dans les prochains jours. De son côté, le premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est dit « choqué, révolté et profondément attristé ». « Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d’agir à la hauteur de la situation, mais je comprends les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés », a-t-il déclaré sur Sky News, ce qui, on peut le comprendre, risque d’être mal perçu à Paris, Londres étant tout aussi responsable de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les migrants.

Les effets de l’extrême droitisation du débat public

Mais, dans leurs déclarations, tous oublient l’essentiel, à savoir que la responsabilité n’est pas à chercher trop loin, et que la réponse est entre leurs mains. Regarder du côté des passeurs n’est pas forcément inutile, mais vain à court, moyen et long terme, si rien n’est fait pour modifier radicalement nos pratiques d’accueil. Là encore, les solutions sont connues de tous, et de longue date : l’arrêt immédiat et total des violences policières, l’accès au travail pour les demandeurs d’asile, des politiques plus respectueuses des droits des exilés en matière d’hébergement et de santé,  la fin des mesures d’humiliation en direction des mineurs, etc.

Mais, voilà, le contexte politique n’est, semble-t-il, jamais favorable à une telle remise en cause des politiques migratoires, le contexte de la campagne présidentielle encore moins. À quelques mois de l’élection, l’extrême droitisation du débat public est patente, et la lâcheté en roue libre. À droite et à l’extrême droite, les semeurs de haine, fauteurs de trouble en puissance, banalisent les messages xénophobes, à force de nier l’humanité des étrangers et d’exiger leur « déportation ». « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent », déclarait à propos des mineurs isolés étrangers Éric Zemmour, il y a un an, sur CNews, comme un avant-goût de la présidentielle – des propos pour lesquels le parquet a requis des amendes mardi dernier (lire l’article de Camille Polloni).

Poursuivis par la justice, ces messages n’en atteignent pas moins leur cible. Les exilés les entendent et les comprennent. Face à l’absence de barrage politique fort, et on en revient à la responsabilité de l’exécutif, ils comprennent qu’ils ne sont pas les bienvenus chez nous, ils font leur bagage, et cherchent à fuir. La solidarité internationale ne saurait nuire, mais c’est un sursaut français qui est désormais indispensable, du côté de l’accueil plutôt que de la fermeture des frontières, pour empêcher des personnes de perdre leur vie en mer.

Carine Fouteau

 

L’asile en France pour Julian Assange !

Avec Cédric Vilani, nous avons rédigé une proposition de résolution pour que la France accorde le droit d’asile à Julian Assange. Nous avons rapidement obtenu des signatures venant de tous les groupes parlementaires.
Pourquoi ?
Parce que les motifs pour défendre Julian Assange sont pluriels, divers. J’en vois au moins trois :
- D’abord, les droits de l’Homme, les droits d’un homme, jamais jugé, jamais condamné, et pourtant enfermé depuis près de dix ans maintenant, pour aucun crime. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Nils Melzer, écrit – je le cite – « Julian Assange doit à présent être libéré immédiatement, réhabilité et indemnisé pour les abus et l'arbitraire auxquels il a été exposé. »
- Ensuite, les droits de la presse – et comme reporter, j’y suis attaché. Quel est le seul crime que Julian Assange ait commis ? C’est d’avoir divulgué des vérités, notamment sur les guerres américaines, en Irak, en Afghanistan. C’est comme journaliste, qu’il a suscité la colère de Washington, c’est comme lanceur d’alerte qu’il risque toujours une extradition, avec à la clé 175 années de prison.
-   Enfin, je vois un troisième motif, et qui me tient à cœur : patriotique. Qu’a révélé Julian Assange ? Que l’Etat français, jusqu’à son chef, était espionné par ses alliés américains. Comme le soulignait Eric Dupont-Moretti lui-même, avec force et justesse, avant de devenir ministre de la Justice – je cite : « On va tout de même rappeler ce qu’il a permis de révéler. Il a permis de révéler en France que Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient été espionnés par les Américains, ça n'est pas rien. Il a permis de révéler également que Pierre Moscovici et François Baroin, deux ministres français de l'économie, avaient fait l'objet d'une opération d'espionnage économique conduite par les États-Unis. »
Ne serait-ce que par orgueil, pour services rendus à la Nation, nous devons accueillir Julian Assange.
« Il faut protéger toutes les libertés, déclarait le président Emmanuel Macron, en 2019. La liberté de la presse mais la liberté des individus aussi. » Julian Assange incarne à la fois la liberté de la presse et la liberté des individus.
Et j’ajouterais que, en l’accueillant, nous marquerions aussi la liberté de notre pays.
Voilà pourquoi, pour ces trois raisons, qui se cumulent, qui se mêlent, les signataires de cette résolution, issus – je le rappelle – de tous les groupes parlementaires, voilà pourquoi nous réclamons que la France accorde le droit d’asile à Julian Assange.
J’ajouterai un mot, plus personnel.
Dans un entretien paru hier, j’ai vu que John Shifton comparé son fils, Julian Assange, à Prométhée. Et c’est bizarre parce que, en début d’année, j’ai publié un ouvrage qui tournait autour de Prométhée, autour de cette figure mythologique, et je m’interrogeais :
Qui serait Prométhée, aujourd’hui ?
Comme figures dignes de lui, qui lui ressemblent, je songe aux lanceurs d’alerte. Depuis l’Olympe des multinationales, des sièges sociaux, eux assistent à l’injustice, et ils se font passeurs, à leur tour, ils volent des connaissances qu’ils livrent aux humains. Eux sont des passeurs de lumières, c’est le feu du savoir qu’ils ramènent aux hommes, pour les éclairer. Mais ils sont brûlés en retour, leur vie tourne à la tragédie : les Zeus du Pouvoir et de l’Argent s’acharnent contre eux, les voilà accusés, gardés à vue, persécutés, condamnés, emprisonnés… Comment ne pas voir en Manning et son « isolement carcéral maximum », oubliée sept années durant dans sa prison de Quantico (Virginie), dans des « conditions cruelles, inhumaines, dégradantes » d’après le rapporteur de l’Onu, comment ne pas voir en elle Prométhée, envoyée dans le Caucase, au bout du monde, à sa marge, exclu ? Et Assange dans son ambassade équatorienne, avec sa barbe blanchie, ses traits tirés, vieilli prématurément, n’est-ce pas Prométhée attaché à son rocher ?
Qu’on écoute leur histoire, alors, qu’on se la raconte, qu’on se la passe, qu’on donne un sens à ces existences sacrifiées, voilà qui peut participer du soulagement…
A vous, John Shifton, à vous, Stella Morris, et à Julian Assange, si nos propos trouvent un écho dans sa prison, je veux dire que, modestement, mais nous sommes à vos côtés. Nous vous souhaitons, dans cette épreuve, dans cette longue épreuve, nous vous souhaitons de ne pas perdre courage. Et nous espérons que, à la fin, c’est la liberté, c’est la justice, c’est la vérité qui vont gagner.

 

Maroc Armement. 300 blindés français VLRA livrés au Maroc

 

mercredi 24 novembre 2021

Festisol : programme de la journée commune des associations vendredi 26 novembre

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RFKCenter appelle le Maroc à mettre fin à ses violations des droits humains au Sahara occidental

Washington, 21 nov 2021 (SPS) L’ONG américaine Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'Homme (RFKCenter) s'est dit vendredi "profondément préoccupée" par les attaques et violations des droits humains commises par les autorités de l'occupation marocaine contre les militants sahraouis dont Sultana Khaya et Aminatou Haïdar.

RFKCenter a exprimé sur son site internet sa "profonde préoccupation" face aux informations sur les attaques et violations des droits de l'Homme par l'occupant marocain, notamment contre la militante des droits humains Sultana Khaya, assignée à résidence depuis déjà plus d'un an, et contre la lauréate du Prix Robert F. Kennedy des droits humains 2008, Aminatou Haïdar.

L'ONG américaine "exhorte le gouvernement marocain à mettre fin à l'assignation à résidence de facto de Khaya et à veiller à ce que les autorités respectent les normes internationales relatives à la liberté de mouvement, d'association et d'expression", dans les territoires sahraouis occupés.

Elle rappelle que le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme (HCNDH) devrait effectuer une visite au Sahara occidental pour enquêter dès que possible sur les violations des droits de l'homme, y compris l'agression sexuelle criminelle de Sultana Khaya et de sa sœur.

A cet effet, RFKCenter appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à "remédier à la longue absence d'un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme au sein de la MINURSO (Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) pour renforcer la protection des droits de l'homme sur le territoire".

Robert F. Kennedy avait déjà appelé le Conseil de sécurité en octobre 2021 à ajouter une composante de surveillance des droits humains à la MINURSO afin de garantir la responsabilité de violations des droits commises sur le territoire, a-t-elle rappelé.

Cependant, le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé en octobre dernier le mandat de la mission onusienne sans mécanisme, permettant à l'occupant marocain de poursuivre ses violations des droits humains en toute impunité, déplore l'ONG.

"Représailles"

Alors qu'elle tentait de rendre visite à Sultana Khaya chez elle dans la ville de Boujdour occupée, le 10 novembre dernier après l'agression deux jours avant par les agents de sécurité marocains, la présidente de la Ligue pour la défense des droits de l'Homme et contre le pillage des ressources naturelles (ISACOM), Aminatou Haïdar et ses collègues, ont été arrêtés par la police marocaine et empêchés de quitter la ville de Laâyoune occupée.

Le Secrétariat général de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme et de lutte contre la corruption a déposé une plainte auprès du procureur général près la Cour de cassation de Rabat pour enquêter sur Haïdar, après sa publication d'une vidéo dans laquelle elle dénonçait cet incident, appelant le procureur à prendre des mesures judiciaires contre elle.

"De telles représailles violent les normes internationales des droits humains sur le droit d'expression et d'opinion, telles qu'elles sont inscrites dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Maroc est légalement lié", a fustigé l'association américaine.

Cet appel lancé par RFKCenter intervient alors que la militante et figure de proue du combat du peuple sahraoui pour son indépendance, Sultana Sid Brahim Khaya, a bouclé vendredi une année d'assignation, elle et sa famille, à résidence surveillée par l'occupant marocain, au cours de laquelle elle a subi toutes sortes de sévices psychologiques et physiques et plusieurs tentatives de liquidation.

Dans un témoignage récent à l'APS, la militante infatigable des droits de l'Homme et farouche opposante à la politique du fait accompli suivie par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés, a fait part de quelques séquences de son vécu sombre fait de brutalité, de terreur, de torture et d'intimidations quotidiennes de la part des forces de sécurité marocaines, dans l'indifférence la plus totale de l'ONU et des ONG de défense des droits de l'Homme, maintes fois sollicitées, vainement, pour intervenir et mettre fin à sa souffrance et celle de son peuple.

Elle a raconté, dans ce contexte, que "les forces de sécurité marocaines ont eu recours, le long de son assignation à résidence surveillée, à toutes formes de violence et de terreur qui existent afin de la tétaniser, elle et sa famille, à l'image des descentes nocturnes et à l'aube à son domicile familial à Boujdour occupée", soulignant que "la pire violence qu'elle a endurée, est peut-être celle de son viol, le 15 novembre courant devant (sa) maman, gravement malade et âgée de 84 ans". (SPS)

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mardi 23 novembre 2021

Menacé d’extradition, Julian Assange, ne mériterait-il pas le « prix Nobel de la guerre » ?



Karen Sharpe s’interroge sur l’œuvre du prisonnier fondateur de WikiLeaks. Julian Assange a été nominé à huit reprises pour le prix Nobel de la paix, sans jamais l’obtenir. Pourtant, quand on regarde les dernières volontés d’Alfred Nobel, on peut se dire qu’Assange ne volerait pas la récompense. Mais quand on regarde les lauréats, on comprend mieux aussi pourquoi le fondateur de WikiLeaks n’a pas eu le fameux prix… (IGA)


 Julian Assange a été nominé huit fois pour le prix Nobel de la paix. Pourtant, il croupit actuellement à Londres dans une prison à sécurité maximale dans l’attente d’une décision des juges anglais, suite à une demande d’extradition formulée par le gouvernement des États-Unis. Assange pourrait alors y subir de nouvelles accusations et une peine potentielle de 175 ans.

Les anciens récipiendaires de ce prix prestigieux incluent Henry Kissinger, Menahem Begin et Barack Obama qui ne furent jamais emprisonnés ou condamnés pour aucun crime. Or, leurs décisions ont directement ou indirectement été responsables de la mort, du déplacement, de la torture et de la famine de millions de personnes dans le monde.

Il n’est alors pas étonnant que certaines et certains aient depuis lors, ironiquement suggéré de rebaptiser le prix Nobel de la paix, en prix Nobel de la guerre.

À l’opposé,  le crime reproché à J. Assange, est d’avoir pratiqué un vrai journalisme en découvrant et diffusant, parmi une multitude d’autres malversations, un nombre faramineux de preuves méticuleusement documentées comprenant crimes de guerre, faits de corruption, actes de surveillance gouvernementale illégale et piratages.(...)