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samedi 30 avril 2022

Appels urgents ACAT et AI pour Mohamed Lamine Haddi

Situation préoccupante de Hassan Dah et Hassin Zaoui également prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik.


La situation des prisonniers de Gdeim Izik se dégrade constamment et plusieurs d’entre eux ont entamé des grèves de la faim de 48 heures à titre d’avertissement avant de se mettre en grève  illimitée. Deux prisonniers , Hassan DAH et Hassin ZAOUI, sont en grève de la faim depuis le 1er avril et leur état de santé est extrêmement préoccupant.
 
Mohamed Lamine HADDI avait annoncé le 15 mars une grève de la faim de 48 heures,  il a été immédiatement très violemment agressé dans sa cellule. L'ACAT et Amnesty International (Belgique) lancent un appel urgent pour dénoncer ces violences et attirer l’attention sur sa situation. Les visites de ses avocats et de sa famille sont interdites depuis mars 2020.  
 
Mohamed Lamine HADDIIl est détenu à l’isolement depuis 2017, année de sa condamnation à 25 ans de réclusion dans le cadre du procès collectif et inique du groupe de Gdeim Izik. Mohamed Lamine Haddi a déjà mené en 2021 deux longues grèves de la faim pour protester contre ses conditions de détention.

Vous trouverez toutes les informations sur les sites :
ACAT -  le 14 avril - « Mohamed Lamine Haddi torturé dans sa cellule » - https://www.acatfrance.fr/appel-a-mobilisation/mohamed-lamine-haddi-torture-a-la-prison-de-tiflet-2
Amnesty International-  le 22 avril :  « Un miliant sahraoui sahraoui emprisonné battu par des gardiens » :  https://www.amnesty.be/veux-agir/agir-individus/reseau-actions-urgentes/article/militant-sahraoui-emprisonne-battu-gardiens

Egalement, ci-joints les 2 modèles de lettre proposés par l’ACAT et Amnesty International à personnaliser comme vous le désirez. 
Vous trouverez à la fin de chaque courrier les destinataires auxquels vous êtes invités à adresser une copie de votre courrier.

Association des Amis de la RASD - bur.aarasd@wanadoo.fr
Site : association-des-amis-de-la-rasd.org ;  www.ecrirepourlesliberer.com
Facebook : Amis de la République Sahraouie

bur.aarasd via gmail.com 27/4/2022

Pièces jointes17:52 (il y a 5 heures)

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  A Monsieur Aziz Akhannouch,Palais royal, Rabat Chef du gouvernement du Royaume du Maroc/ cg.gov.ma


 Je vous écris pour vous faire part de ma vive préoccupation face aux mauvais traitements en détention infligés au militant sahraoui Mohamed Lamine Haddi. Il a dit à sa famille, lors d’un appel téléphonique, que le 15 mars 2022, cinq gardiens étaient entrés dans sa cellule, lui avaient asséné des coups de matraque et lui avaient coupé la barbe contre son gré au moyen d’une pince en métal. Il avait annoncé la veille aux surveillants qu’il envisageait de faire une grève de la faim les 16 et 17 mars pour protester contre ses conditions de détention et la privation de soins médicaux à son encontre, qui persiste malgré ses nombreuses demandes, ajoutant que si ses revendications n’étaient toujours pas entendues, il entamerait une grève de la faim illimitée le 18 mars.

 Les coups assénés à Mohamed Lamine Haddi, manifestement infligés en représailles à son projet de grève de la faim, constituent une violation de son droit à la liberté d’expression, ainsi que des mauvais traitements à l’encontre d’un détenu. Les autorités ne doivent pas recourir à des mesures visant à punir des grévistes de la faim ou à les contraindre à mettre un terme à leur grève de la faim. Lors d’un appel téléphonique à sa famille le 21 mars, Mohamed Lamine Haddi a dit que les surveillants étaient revenus dans sa cellule les 17, 18 et 21 mars et l’avaient à nouveau battu à coups de matraque. Il présente un hématome sur le côté gauche du visage à l’endroit où il a été frappé, et les gardiens refusent de le laisser voir un médecin et obtenir des médicaments pour soigner ses graves troubles digestifs. Le 21 mars, il a dit aux surveillants qu’il voulait porter plainte auprès du procureur du roi pour les mauvais traitements infligés par les gardiens. Ils ont répondu qu’ils ne prendraient pas sa plainte et l’ont battu. L’appel téléphonique à sa famille le 21 mars n’a duré que quatre minutes au total, car les gardiens l’ont interrompu à deux reprises ; selon la sœur de Mohamed Lamine Haddi, à chaque fois qu’il commence à parler à ses proches des mauvais traitements que lui infligent les surveillants, ceux-ci coupent la communication.

 Depuis le 17 septembre 2017, les autorités détiennent Mohamed Lamine Haddi et d’autres prisonniers de Gdeim Izik à l’isolement. Mohamed Lamine Haddi est seul dans sa cellule 24 heures sur 24, sans aucun contact avec les autres détenus. Les visites de son avocate, Olfa Ouled, et de sa famille sont interdites depuis mars 2020.

 Je vous prie instamment de mettre fin aux mauvais traitements infligés à Mohamed Lamine Haddi, en soumettant leurs auteurs présumés à l’obligation de rendre des comptes, et de veiller à ce qu’il ne soit plus détenu à l’isolement. Je vous appelle également à lui permettre de recevoir immédiatement des soins médicaux adaptés, de communiquer régulièrement et sans entrave avec sa famille et son avocate et de veiller à ce que ses conditions de détention soient conformes au droit international et aux normes internationales.

 Enfin, je vous engage à prendre toutes les mesures nécessaires pour que Mohamed Lamine Haddi et les autres prisonniers de Gdeim Izik bénéficient dans les meilleurs délais d’un nouveau procès, équitable cette fois-ci, devant un tribunal civil ordinaire, conformément au droit international.

  Veuillez agréer, Monsieur le Chef du gouvernement, l’expression de ma haute considération,...

 envoyer : Monsier Aziz Akhannnouch, Chef du gouvernement du royaume du Maroc, Palais roral, Rabat. ema :cg.gov.ma

Mme Mangin a fait part des déboires que subissent les détenus politiques sahraouis. «La communauté internationale doit faire pression sur le Maroc»

Mme Mangin a fait part des déboires que subissent les détenus politiques sahraouis.

La militante française des droits de l'homme, Claude Mangin a appelé, jeudi, la communauté internationale «à faire pression sur le gouvernement marocain» pour l'obliger à libérer les prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik, soulignant que la condamnation du Maroc par le Comité de l'ONU contre la torture (CAT) pour des faits de torture sur le détenu Mohamed Bourial, constituait «un grand espoir pour les Sahraouis». «J'appelle les pays européens et les membres du Conseil de sécurité de l'ONU à mettre la pression sur le gouvernement marocain pour qu'il libère tous les prisonniers incarcérés indûment depuis 11 ans et demi», a indiqué Mme Mangin dans un entretien à l'APS.

Le CAT vient de condamner le Maroc pour faits de torture et de mauvais traitements sur le prisonnier sahraoui du groupe de Gdeim Izik, Mohamed Bourial, l'appelant à «indemniser équitablement» le détenu et à «ouvrir une enquête impartiale» pour juger les tortionnaires.
En 2016, l'organe onusien avait déjà condamné le Royaume chérifien pour les mêmes faits contre le militant sahraoui et membre du groupe de Gdeim Izik, Naama Asfari. À cet égard, l'activiste française, qui est également l'épouse de Naama Asfari, a exhorté les pays signataires de la convention onusienne contre la torture à obliger le Maroc à obéir aux décisions du CAT, notant que la dernière décision de cet organe onusien constituait «un grand espoir pour les Sahraouis».
«À partir du moment où un organe onusien condamne le Maroc, c'est-à-dire un pays qui a ratifié la convention contre la torture, il me semble que le minimum est que les autres pays signataires de cette convention obligent le Maroc à obéir à cette décision», a-t-elle affirmé dans ce sens. «C'est extraordinairement incroyable et inadmissible que depuis des années, les détenus sahraouis soient encore en prison et continuent de subir des représailles», a-t-elle également dénoncé. Elle rappelle notamment que «19 prisonniers du groupe Gdeim Izik croupissent depuis près de 12 ans dans les geôles marocaines après deux procès inéquitables qui les ont condamnés à des peines allant de 20 ans à la perpétuité sur la base d'aveux obtenus sous la torture».
Ces prisonniers, a-t-elle déploré, «ont des conditions d'incarcération de plus en plus difficiles depuis la fin du deuxième procès il y a 5 ans (et) essayent d'alerter la communauté internationale en faisant des grèves de la faim répétées».
Dans ce cadre, Mme Mangin a fait part des déboires que subissent les détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines comme Kénitra et Tiflet, «une prison disciplinaire dont les détenus sont très mal traités». Elle précise que les prisonniers du groupe de Gdeim Izik n'ont pas vu leurs familles depuis deux ans à cause de la pandémie de Covid-19 et font face au manque de soins médicaux et à la torture, relevant que l'une des principales demandes de ces détenus est «leur droit au transfert pour qu'ils soient près de leurs familles conformément au droit international humanitaire».
La militante des droits de l'homme cite, entre autres, le cas de Mohamed Lamine Haddi, victime des représailles des autorités marocaines après avoir fait une grève de la faim de 69 jours et avoir été passé à tabac en prison pour avoir menacé de reproduire son action de protestation contre les conditions inhumaines de sa détention.
Soulignant que ces cas de violations des droits des militants sahraouis ont été dénoncés plusieurs fois par le CAT et Amnesty International, l'activiste a fait part de l'existence «d'appels à signatures pour alerter le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borell».
Évoquant, par ailleurs, la grave crise des droits humains dans les territoires occupés et l'horreur des crimes commis quotidiennement par les forces d'occupation marocaines contre les civils sahraouis, Mme Mangin a fait savoir «que depuis janvier 2014, aucun étranger solidaire avec la cause sahraouie n'a le droit d'entrer au Sahara occidental» pour rendre visite aux militants sahraouis. Elle cite le cas de la militante Sultana Khaya, «assiégée dans sa maison dans la ville de Boujdour par les forces d'occupation marocaines depuis 450 jours». Mme Mangin n'a pas manqué de dénoncer le black-out médiatique de la presse occidentale quant aux violations répétées des droits de l'homme par le Maroc au Sahara occidental, déplorant le fait que «le Conseil de sécurité et des chefs d'État continuent de considérer le roi du Maroc comme une personne fréquentable».

 

mercredi 27 avril 2022

Il faut abandonner les poursuites contre RABIE al-Ablaq pour crime de lèse-Majesté !

"Les autorités devraient abandonner les poursuites contre un activiste inculpé d’avoir manqué de respect au roi sur les réseaux sociaux, et qui risque jusqu’à quatre ans d’emprisonnement", a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Cette affaire n’est que la plus récente d'une série de poursuites à l’encontre de commentateurs critiquant le roi sur les médias sociaux.
 
 Le 11 avril 2022, Rabie al-Ablaq, l’activiste en question, a été jugé par un tribunal de la ville d’Al Hoceïma, dans le nord du pays. Un verdict est attendu le 25 avril. L’inculpation découle de deux vidéos, publiées sur Facebook et YouTube, dans lesquelles al-Ablaq s’adressait au roi sur un ton familier et soulignait le contraste entre sa richesse personnelle et la pauvreté largement répandue au Maroc. Pénaliser la critique pacifique des tenants du pouvoir constitue une violation manifeste du droit à la liberté d’expression. Aucun droit n’est plus fondamental que celui de critiquer toute personne qui détient le pouvoir, un roi a déclaré HRW. Le Maroc devrait cesser de poursuivre les opposants comme Rabie al-Ablaq en vertu de ce qui est, de fait, une loi contre le ‘crime de lèse-Majesté’.
 
Al-Ablaq, 35 ans, était actif au sein du Hirak, un mouvement de rue qui réclamait des droits économiques, sociaux et culturels égaux pour les populations du Rif, dans le nord du pays. Le Hirak a organisé des manifestations massives et non-violentes en 2016 et 2017, avant qu’une vague de répression policière ne mette un terme au mouvement. Environ 500 activistes ont été condamnés à des peines de prison. La plupart ont été libérés depuis, mais plusieurs leaders du mouvement purgent toujours des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Al-Ablaq, qui faisait partie des poursuivis, a passé trois ans en prison avant d’être libéré en 2020. Le 21 septembre 2021, al-Ablaq a publié sur Facebook et YouTube une vidéo de commentaire politique, peu après que le Rassemblement national des indépendants, un parti politique dirigé par l’homme d’affaires fortuné Aziz Akhannouch, avait remporté une majorité de sièges aux élections législatives marocaines. Al-Ablaq a publié une autre vidéo le 9 novembre, alors que le roi Mohammed VI venait de nommer Akhannouch chef du gouvernement. Dans ces vidéos, al-Ablaq désigne le monarque par l’expression Monsieur Mohammed Alaoui, qui occupe le poste de roi, ce qui peut être considéré comme désobligeant dans un pays où la Constitution impose respect et révérence envers le roi. Al-Ablaq a également déclaré que le roi et Akhannouch étaient tous les deux milliardaires et questionné sur la source de leur opulence, notamment en se demandant à voix haute si elle ne résultait pas du fait de voler le peuple. En mars, al-Ablaq a été convoqué plusieurs fois dans un commissariat d’Al Hoceïma, où les policiers l’ont interrogé sur les déclarations de ses vidéos. Puis un procureur l’a inculpé de manquement public au respect et à la révérence à la personne du roi en vertu de l’article 179 du code pénal. Al Ablak a été poursuivi en état de liberté provisoire. Critiquer pacifiquement les responsables de l’État est un acte d’expression spécifiquement protégé par le droit international, particulièrement le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que le Maroc a ratifié en 1979. Al-Ablaq avait été condamné à cinq ans de prison en juin 2017 pour diffusion de fausses nouvelles et usurpation du titre de journaliste en lien avec des commentaires qu’il avait publiés sur des sites web en soutien aux manifestations du Hirak, qui occupaient alors les rues. 
 
Après avoir mené plusieurs grèves de la faim en prison, Al-Ablaq a bénéficié d’une grâce royale et a été libéré en 2020. Al-Ablaq a déclaré que sa condamnation de 2017 était fondée sur des aveux que la police d’Al Hoceïma lui avait arrachés sous la torture. D’après son récit, lors de séances d’interrogatoire, les policiers l’avaient frappé au visage alors qu’il était menotté et avaient tenté de l’asphyxier en lui enfonçant une serpillière sale dans la bouche. Al-Ablaq a également déclaré que des hommes masqués avaient menacé de le violer à plusieurs reprises alors qu’il était détenu dans un commissariat de police d’Al Hoceïma. Un médecin légiste mandaté par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), une organisation étatique, avait rendu visite à Al-Ablaq en prison en 2017. Le médecin avait rédigé un rapport selon lequel le détenu souffrait d’une profonde dépression et ne cessait de pleurer et que ses allégations de mauvais traitements policiers étaient globalement crédibles, par leur concordance et leur cohérence. 
 
Les autorités marocaines ont intensifié leur harcèlement des activistes et commentateurs au cours des deux derniers mois, avec quatren personnes au moins actuellement poursuivies pour des publications critiques sur les réseaux sociaux, a déclaré Amnesty International le 7 avril. Le 23 mars, les autorités ont arrêté la commentatrice Saïda Alami, et l’ont inculpée en état de détention pour offense à fonctionnaires publics parce qu’elle avait critiqué un haut responsable de la police sur Facebook et condamné la répression de journalistes et d’activistes. Son procès est en cours.
 
Au Maroc, la presse indépendante dynamique des années 2000 n’est plus qu’un lointain souvenir a conclu Eric Goldstein. De nos jours, les autorités semblent plutôt appliquer l’expression populaire marocaine ‘Parle, et tu saigneras du nez.’

samedi 23 avril 2022

Ramadan : entre hier et aujourd'hui

LeBrief a le plaisir de partager avec vous son premier dossier approfondi du mois de Ramadan consacré à l'évolution des comportements et des habitudes des marocains durant le mois sacré. Bonne lecture et bon week-end ! space Après deux années de parenthèse "covidienne", nous vivons cette année un mois sacré presque normal. Levée des restrictions sur l'ouverture des commerces, autorisation des grands rassemblements, organisation des Tarawih dans les mosquées… Le Maroc renoue avec l'ambiance ramadanesque diurne et nocturne, mais rien à voir avec l'ambiance d'antan. Bien avant la pandémie de Covid-19, les habitudes des Marocains pendant Ramadan avaient déjà beaucoup changé. On dit que les traditions les mieux établies ont vocation à disparaître. Certes, les choses évoluent avec le temps, mais au regard d’un certain héritage, l’on se demande si cette évolution est positive. Pour ne pas remonter trop loin, Ramadan dans les années 1970, 1980 et même 1990 était vécu intensément. Il offrait des moments uniques de communion. Mois de spiritualité, mais aussi de retrouvailles, les traditions et rituels marquant ce mois sacré étaient transmis de génération en génération. Le début du mois sacré était annoncé uniquement sur les ondes de la radio et à la télévision. Les nouvelles technologies n’avaient pas encore accaparé l’espace. À l’heure de la rupture du jeûne, des sirènes et des coups de canon retentissaient pour avertir les citoyens. YT - Ramadan maroc 1979 Des métiers saisonniers complétaient le dispositif communicationnel. Le Tabbal (batteur), le Naffar (trompettiste) et le Ghayyat (flutiste) sillonnaient les rues pour réveiller les fidèles pour le s’hour avant la prière et le début d’une journée de jeûne. Les familles marocaines les honoraient, que ce soit avec de l’argent, ou en leur proposant de la nourriture. Lire aussi : Ramadan : bienfaisance et solidarité à leur summum Le premier passage était celui du battement de tambour pour réveiller les femmes chargées de préparer le repas. Puis le Naffar, qui se servait d’une longue trompette de plus d’un mètre de long, assurait un deuxième passage pour réveiller les dormeurs. Enfin, la dernière piqure de rappel était l’œuvre du Ghayyat qui utilisait une petite flûte. Aujourd’hui, très peu de villes marocaines perpétuent cette tradition, hormis les quartiers populaires des grandes cités et les différentes médinas. «Il y a des années, chaque quartier avait son ‘‘réveilleur’’ qui faisait deux passages par nuit, à au moins une heure d’intervalle. Aujourd’hui, tout a changé. La génération actuelle veille tard et dispose de smartphones. Les jeunes n’ont pas besoin d’être réveillés», témoigne Hajj Allal, figure emblématique du quartier Derb Mila à Casablanca. ⇒ lire tout le dossier ⇐

mardi 12 avril 2022

Jordi Oriola fait paraître sur youtube son film documentaire sur les Saharaouis qu'il a présenté en 2019 à travers la France

"Je ne sais pas si vous savez ce que l'Espagne vient de faire contre les Sahraouis. L'État espagnol était la puissance coloniale qui a laissé le Maroc envahir le Sahara occidental. L'Espagne devait organiser un référendum d'autodétermination pour que le peuple de l'ancienne colonie décide s'il voulait devenir un pays indépendant, mais elle l'a laissé envahir et s'est désintéressée du sort du Sahara occidental. Jusqu'à présent, elle avait défendu au minimum : la nécessité d'un référendum. Mais après les pressions exercées par le Maroc sur l'immigration, sur Ceuta et Melilla, sur le terrorisme et même sur la menace de soutenir la lutte pour l'indépendance de la Catalogne, le Premier ministre espagnol vient de déclarer que l'Espagne accepte le plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara et qu'elle cessera de demander le référendum. Sanchez et le Maroc disent vouloir une période de bonnes relations et de respect mutuel de l'intégrité territoriale de l'Espagne et du Maroc. C'est une deuxième grande trahison du gouvernement espagnol envers les Sahraouis. C'est pourquoi je pense qu'il est plus important que jamais de faire connaître le conflit, les responsables et les voies vers une solution juste, afin que les gens sachent ce qui se passe.Il sera important pour les Sahraouis de faire parvenir le documentaire aux personnes susceptibles d'être intéressées et qu'elles le diffusent à leur tour. Merci beaucoup Meilleures salutations." Jordi

En Espagne, l'isolement du Premier ministre Pedro Sánchez

 Cécile Thibaud (Correspondante à Madrid)

 Le revirement de Madrid sur la question du Sahara occidental a provoqué l'indignation des alliés parlementaires du gouvernement. A cela s'ajoutent de fortes tensions sociales, alimentées par une inflation à près de 10 %.

Pedro Sánchez a essuyé un vote critique de l'Hémicycle, après s'être aligné sur les positions du Maroc sur le statut du Sahara occidental. (Susana Vera/REUTERS)

Par Cécile Thibaud

Publié le 11 avr. 2022

Pedro Sánchez a renoué les liens avec le Maroc mais il se retrouve seul à Madrid, sous le feu croisé des critiques de ses adversaires de droite et de ses alliés de gauche. La mise en scène, le 7 avril dernier, des retrouvailles entre le chef du gouvernement espagnol et le roi Mohammed VI , autour d'un repas de rupture de jeûne du Ramadan, a du mal à cacher l'isolement du Premier ministre.

Le leader socialiste a pris seul la décision de se rapprocher de Rabat, qui propose une autonomie du Sahara occidental au sein du Maroc, sans consulter ses alliés politiques ni même le Conseil des ministres. Il a opéré, seul, un arbitrage délicat entre le partenaire marocain sur les questions migratoires et le fournisseur de gaz algérien.

« Le malaise porte moins sur le fond que sur la forme », estime Fernando Vallespín, professeur de sciences politiques à l'université Autonoma de Madrid. « En termes de realpolitik, il est patent que la question sahraouie était dans l'impasse depuis des décennies et les pressions américaines ces dernières semaines ont accéléré le rapprochement, explique-t-il. Pedro Sánchez a opté pour le réaliser rapidement et sans consultation. Il avait fait le calcul que la situation de crise en Ukraine allait aider à absorber le choc. Mais il a obtenu l'effet inverse et mobilisé contre lui. »

Levée de boucliers de tout l'arc parlementaire

Ses déclarations selon lesquelles la proposition de Rabat sur le Sahara occidental était « la plus sérieuse, réaliste et crédible » a provoqué une vaste levée de boucliers dans tout l'arc parlementaire espagnol. Les efforts du Premier ministre pour présenter la nouvelle position de Madrid comme une simple continuité de la diplomatie du pays ont tourné court.

Il a essuyé un vote critique de l'Hémicycle, soutenu par son seul parti, le PSOE, pas non plus très à l'aise face à ce changement de cap non concerté. Aux protestations de la droite s'est ajoutée l'émotion des formations de gauche qui lui reprochent d'avoir trahi le peuple sahraoui, déjà abandonné à son sort au moment du retrait espagnol, à la fin du franquisme.

Ces tensions ne devraient pas remettre en cause les alliances parlementaires du gouvernement, selon Fernando Vallespín. « Mais elles augmentent la défiance de ses partenaires vis-à-vis d'un exécutif qui oublie trop qu'il gouverne en minorité dans une situation économique tendue », insiste le politologue.

Climat de défiance

Le gouvernement est également fragilisé par l'inflation de presque 10 % qui menace le pouvoir d'achat des familles et la compétitivité des entreprises. La colère sociale gronde, déjà attisée par quinze jours de grève des camionneurs qui ont provoqué plusieurs centaines de millions d'euros de pertes, dans la chaîne de l'industrie agroalimentaire notamment.

Pour l'instant, Pedro Sánchez a réussi à gagner du temps en arrachant à Bruxelles la reconnaissance de « l'exception ibérique » en matière énergétique, qui devrait permettre de plafonner les hausses de l'électricité et de réduire la facture des consommateurs. Reste à savoir quelle sera la formule validée par Bruxelles et surtout l'effet concret qu'elle aura sur l'économie des ménages.

En attendant, les partenaires parlementaires de la coalition de gouvernement s'agacent du manque de consultation et préviennent que leur fidélité peut aussi avoir des limites, surtout si la situation économique se dégrade. « Mieux vaut avancer ensemble et avec les idées claires », avertit le nationaliste basque Aitor Esteban, en conseillant au Premier ministre « d'arrêter d'agir en cow-boy solitaire ».


lundi 11 avril 2022

Initiative de la CGT de Gap pour la journée de la terre


"Le 22 avril, journée de la Terre, à 19H au Royal à Gap, la CGT vous invite à une soirée / débat sur le thème de l'articulation social / climat.
 Le mot d'ordre : Changeons le système pas le climat. THE SHIFT PROJECT, association qui imagine un plan de transformation de l'économie française pour sortir de la tendance climatique et l'inverser viendra parler de ses propositions. Ils mettront en avant les changements à porter sur la santé, la mobilité et l'emploi notamment. Denis Lebioda, photographe local exposera également une partie de ses œuvres dans la salle. N'hésitez pas à faire passer l'information, à venir nombreux et à nous aider, entre les deux tours, à faire passer le message que ces questions comptent !"

Pour celles et ceux qui le veulent et le peuvent nous pouvons prévoir, ensuite de nous restaurer ensemble.


 

vendredi 8 avril 2022

Ce ne sont pas des enfants ukrainiens, mais des enfants palestiniens

Ce ne sont pas des enfants #Ukrainiens. Ce sont les 66 enfants palestiniens qui ont été tués par des avions de guerre israéliens à Gaza en mai dernier.

 

mercredi 6 avril 2022

Maroc: un comité de soutien à Omar Radi condamne le transfèrement "arbitraire" du journaliste vers une autre prison

Maroc: un comité de soutien condamne le transfèrement "arbitraire" du journaliste Radi vers une autre prison


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RABAT- Un comité de soutien à Omar Radi a condamné le transfèrement "arbitraire" du journaliste-militant marocain d'une prison à Casablanca vers une autre à Tiflet, exprimant des craintes sur sa santé du fait qu'il soit éloigné de l'hôpital où il est soigné pour ses maladies chroniques.

Dans un communiqué relayé lundi par des médias locaux, le Comité local de Casablanca pour la liberté d'Omar Radi, Souleiman Raissouni et tous les détenus d'opinion et de la liberté d'expression, a considéré ces "pratiques comme la continuité d'une série de restrictions systématiques imposées à Omar Radi depuis décembre 2019 et un châtiment pour ses parents, suite à leur lutte héroïque pour la liberté de leur fils". 

Le comité a averti que "le journaliste détenu souffrait d'une maladie chronique nécessitant un suivi médical attentif, ce qui était plus ou moins disponible du fait de sa proximité avec le centre hospitalier de Casablanca, où il était transféré chaque fois que son état de santé se détériorait. Maintenant, ce transfert arbitraire à la prison de Tiflet constitue une menace pour sa santé".

Et de poursuivre : "Les parents d'Omar vivent à Casablanca, près de la prison d'Okacha, où leur fils purgeait une peine résultant d'un jugement injuste, et aujourd'hui ils se trouvent soudain, au début du mois de jeûne, contraints de se déplacer vers Tiflet pour rendre visite à leur fils".

Aussi, le Comité de soutien a noté que l'affaire Radi est toujours pendante devant un tribunal de cassation, et donc son transfert constitue également "une violation du droit de son avocat à lui parler, vu que la plupart de ses avocats et coordinateur de la défense sont de Casablanca".

La même source a souligné en outre que le même traitement a été réservé au journaliste Taoufik Bouachrine, qui a été aussi transféré d'une prison de Casablanca à une autre à Salé, "dans une pratique arbitraire et inhumaine qui approfondit sa souffrance et celle de sa famille".

Le comité a exigé "le retour immédiat de Radi à la prison d'Okacha, avec la restitution de tous les documents qui lui ont été confisqués", tenant le régime marocain "pleinement responsable" de ce qui peut résulter de ce transfert sur sa santé.

Enfin, le comité a fait part de son intention de contacter d'urgence toutes les parties concernées, l'administration pénitentiaire, le Conseil national des droits de l'homme et le représentant du ministère de tutelle pour revenir sur ce "pas dangereux".

De son côté, la famille d'Omar Radi a qualifié ce transfert de "kidnapping", exprimant sa peur pour sa vie après son éloignement de l'hôpital où il suit son traitement.

Radi avait été arrêté après la publication d'un rapport d'Amnesty International affirmant que le téléphone du journaliste avait été piraté par les autorités marocaines via le logiciel d'espionnage sioniste Pegasus.

Dans un nouveau rapport publié la semaine dernière, l'ONG a dénoncé "la poursuite des restrictions" contre la liberté d'expression au Maroc, accusant les autorités d'exploiter l'état d'urgence sanitaire pour empêcher des manifestations pacifiques.  

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lundi 4 avril 2022

Edgar Morin signe "Réveillons-nous !"

Grand entretien Edgar Morin signe "Réveillons-nous !" : "J'aimerais bien vivre encore le temps de voir comment se dessine l'histoire humaine"

C'est un des plus grands penseurs français. Un sociologue qui, à 100 ans passés, continue de prendre la plume avec un regard toujours vif sur le monde d'aujourd'hui. Il publie un nouveau livre, "Réveillons-nous !" 

Article rédigé par
Radio France
Publié Mis à jour

Guerre en Ukraine, montée des idées réactionnaires, crise climatique... 

Le philosophe et sociologue Edgar Morin publie Réveillons-nous, un appel aux consciences pour ne plus "subir les événements comme des somnambules". Il redit l'urgence de "penser l'avenir", la nécessité de "s'attendre à l'inattendu pour savoir naviguer dans l'incertitude". Edgar Morin, qui a fêté ses 100 ans en juillet 2021, n'a pas été surpris par l'attaque russe contre l'Ukraine : dans l'entretien qu'il a accordé à franceinfo, il rappelle qu'il avait averti sur le "risque d'infection" de l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Il évoque également, pour les regretter, la déroute intellectuelle de la gauche et le succès de "la France réactionnaire". Et il médite sur l'avenir, le sien et celui du monde.

franceinfo : Vous publiez Réveillons-nous ! comme un écho douze ans après à un autre appel, celui du penseur et résistant Stéphane Hessel, Indignez-vous ! Vous voulez nous sortir d'une forme de léthargie ?

Edgar Morin : Stéphane Hessel disait Indignez-vous, il s'adressait à des gens déjà réveillés ! Moi, j'ai l'impression que nous subissons les événements un peu comme des somnambules. Ce que j'ai vécu, du reste, dans ma jeunesse, dans les dix années qui ont précédé la guerre. Je demande à essayer de voir et de comprendre ce qui se passe. Sinon, nous allons subir les événements comme, malheureusement, nous avons subi la dernière Guerre mondiale. 

Vous avez été un résistant, un combattant quand la France a connu la guerre. Et vous êtes un des rares intellectuels français à avoir été élevé au grade de Commandeur de la Légion d'honneur à titre militaire. Comment vivez-vous ce retour de la guerre en Europe ? 

Bien entendu, il y a une surprise, mais pas totale puisque dans un article que j'ai fait dans Le Monde en 2014, au moment de la crise ukrainienne et, déjà, la scission des provinces russophones en Crimée, j'avais dit : attention, c'est un foyer d'infection qui risque d'avoir des conséquences désastreuses. Et pendant des années, on a fermé les yeux sur cette infection. Il y avait une petite guerre permanente dans l'Ukraine et dans le fond, le vrai problème, c'est que, en plus du sort de l'Ukraine qui voulait être démocratique et s'intégrer à l'Union européenne, elle était un enjeu, une proie pour deux superpuissances : la Russie poutinienne, qui rêvait de retrouver la grande Russie et de l'absorber, et le monde occidental, les États-Unis, qui rêvaient de l'intégrer à l'Occident.

La grande différence, c'est qu'au cours de ce conflit très fort, mais encore resté sans guerre, le président des Etats-Unis, en même temps qu'il apportait un soutien intransigeant en paroles, a dit : moi, je ne ferai pas la guerre. Ce qui fait que dès le début, il y a eu un déséquilibre. Et aujourd'hui, nous sommes dans une sorte de contradiction parce que d'un côté, nous pensons que la résistance ukrainienne est juste – c'est une guerre patriotique – mais en même temps, nous pensons que si nous entrons dans ce conflit, nous risquons ce que Dominique de Villepin appelait un "tsunami mondial" : de proche en proche, arriver à l'explosion. 

"D'un côté, nous voulons soutenir un pays qui résiste et de l'autre côté, nous ne pouvons pas le faire intégralement, c'est-à-dire entrer dans la guerre. Et nous sommes dans un entre-deux : on fournit des armes et du ravitaillement."

Edgar Morin

à franceinfo

Quel regard avez-vous sur ces Ukrainiennes, ces Ukrainiens, qui prennent les armes pour défendre leur pays face aux Russes ?

Pour moi, ce sont des résistants qui, cette fois, résistent avec une armée nationale, alors que nous, on était des résistants désarmés. Je trouve que c'est très beau, mais je pense aussi que nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans la logique de la guerre et intervenir militairement. Donc, je sens cette contradiction que nous vivons tous et qu'il faut assumer. 

Vos trois écrivains préférés sont russes : Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov. Est-ce qu'ils vous aident à comprendre la guerre d'aujourd'hui ?

Non, cela m'aide surtout parce qu'ils portent en eux un humanisme russe qui, à la différence de l'humanisme occidental, qui est surtout abstrait, est concret. Il est plein de compassion pour la souffrance et la misère humaine. Et ce que m'ont appris ces auteurs, très profondément, c'est cet humanisme de compassion pour la souffrance. Mais quand Tolstoï écrit Guerre et Paix et qu'il fait des analyses de la guerre de résistance russe à Napoléon, ça fait beaucoup plus penser à la conquête que voulait faire Hitler de la Russie qu'à l'absorption par cette énorme Russie de la petite Ukraine. 

Entretien avec Edgar Morin : l'Ukraine et la Russie
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Dans deux semaines a lieu le premier tour de l'élection présidentielle et vous inscrivez votre livre dans ce contexte. "La campagne pour l'élection présidentielle de 2022, écrivez-vous, montre combien la France réactionnaire a aujourd'hui pris le pas sur la France humaniste." Et vous n'en êtes pas étonné ?

C'est un processus que je n'ai pas cessé d'analyser et j'en suis arrivé à constater l'aggravation. C'est la succession de crises que nous vivons depuis pas mal de temps qui explique aujourd'hui ce grand développement de la France réactionnaire. Il faut penser que dans le monde entier, il y a une crise des démocraties, une crise du progrès. On a cru pendant longtemps que le progrès était sûr, une loi historique, et on se rend compte que l'avenir est de plus en plus incertain et inquiétant. Il y a la crise du futur, l'angoisse, les crises qui sont arrivées : économique en 2008, puis la pandémie. Les angoisses que ça crée provoquent une rétraction, une refermeture sur soi, une peur, une volonté de défendre une identité qui, du reste, est mythologique. Le propre de l'identité française, qui s'est construite pendant des siècles, est d'avoir intégré des peuples très différents les uns des autres, Alsaciens, Flamands, Bretons, Corses, etc.

Identité française mythifiée, dites-vous, notamment par Éric Zemmour, dont vous voulez combattre les idées dans votre livre. Il reprend, dites-vous, le pire mythe des nationalismes modernes : la purification ethnique.

La France est à la fois une et plurielle. C'est une chose que Zemmour nie totalement. Je le contredis en rappelant ce qu'est réellement la France. Elle a plusieurs souches, mais en même temps, sa vraie souche historique, c'est celle qui a été créée à partir de la Révolution et la République.

Comment expliquez-vous une forme de défaite des intellectuels et des politiques de gauche qui n'ont pas su apporter de réponses, pas su se faire entendre ?

Tout d'abord, il faut dire qu'il y a eu une crise des idées socialistes. Le socialisme avait pour lui une théorie très bien articulée, une conception de l'homme, du monde, de l'histoire, formulée par Marx. Et aujourd'hui, cette théorie a d'énormes lacunes. 

"Il faut repenser le monde, repenser l'histoire, et les partis de gauche n'ont absolument pas fait ça."

Edgar Morin

à franceinfo

Il y a une crise de la pensée politique en général, et particulièrement de ce côté-là. Quant aux intellectuels de gauche, ils n'ont pas répondu à la mission de l'intellectuel, qui est très importante aujourd'hui. Parce que nous sommes dans un monde d'experts et de spécialistes qui, chacun, ne voit qu'un petit bout des problèmes, isolés les uns des autres. Et il y a aujourd'hui cette carence, effectivement. Et ce sont aujourd'hui les intellectuels porte-paroles de la France réactionnaire qui tiennent le haut du pavé. 

Nous avons évoqué la guerre en Ukraine, avec en toile de fond la menace nucléaire. Vous dédiez aussi un des quatre chapitres de votre livre au réchauffement climatique. Est-il possible, dans ces conditions, de penser l'avenir sereinement ?

On ne peut pas être serein devant des perspectives tellement inquiétantes. Ce que j'ai voulu montrer, avant même qu'il y ait la guerre en Ukraine, c'est que depuis Hiroshima, une épée de Damoclès est sur la tête de tous les êtres humains et que ça s'est aggravé avec la crise écologique où c'est vraiment la biosphère, le monde vivant et nos sociétés qui sont menacés. Ce n'est pas seulement le climat. Le climat est un élément de cette crise générale et la pandémie a rajouté aussi au caractère mondial de la crise.

Je pense qu'on est entré dans une période nouvelle. Pour la première fois dans l'histoire, l'humanité risque un anéantissement, peut-être pas total – il y aura quelques survivants, comme dans Mad Max –, mais une sorte de "redépart" à zéro dans des conditions sanitaires sans doute épouvantables. C'est ce péril que j'avais déjà diagnostiqué comme potentiel qui, brusquement, devient actuel avec cette histoire de guerre russe. 

"Nous sommes entrés dans une période de chaos tel que l'on ne peut pas voir dans quelles directions va aller l'évolution du monde. Et mon problème, c'est que j'aimerais voir comment se dessine l'avenir."

Edgar Morin

à franceinfo

Certains penseurs aiment regarder le passé, d'autres le présent. Et vous, on a l'impression que ce que vous aimez le plus, c'est de penser l'avenir ? 

Mais vous savez, on ne peut penser l'avenir que si on a conscience du passé et de ce qui se passe dans le présent. On ne peut pas penser à l'avenir tout seul. Et aujourd'hui, l'avenir dépend de ces grands courants qui traversent l'humanité et qui sont menaçants et régressifs. Donc, je pense qu'il est urgent de penser l'avenir. Pourquoi ? Parce que jusqu'à présent, on croyait que l'avenir, c'était une sorte de ligne droite qui allait continuer. Il faut imaginer les différents scénarios. Il faut être vigilant. Il faut s'attendre à l'inattendu pour savoir naviguer dans l'incertitude. Il y a toute une série de réformes, la façon de penser, de se comporter, qui sont nécessaires aujourd'hui. 

Penser l'avenir, l'avenir de l'humanité, cela vous laisse le temps de penser au vôtre ?

J'ai très peu d'avenir ! Je vis intensément le présent, justement à travers tous les événements et surtout cette guerre en Ukraine. J'essaye de réfléchir sur l'avenir, mais je voudrais voir un peu plus clair. J'aimerais bien vivre encore le temps de voir comment se dessine un peu l'histoire humaine. Donc, je vis au jour le jour mon propre avenir. Je vis dans la vigilance et dans l'intérêt pour le monde et donc pour son avenir. 

Entretien avec Edgar Morin : la présidentielle, la gauche, l'avenir
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Réveillons-nous ! de Edgar Morin, éditions Denoël 

 

"Trahis" par l'Espagne: 2.000 personnes manifestent pour le Sahara occidental à Madrid

Madrid - Près de 2.000 personnes ont manifesté samedi à Madrid pour afficher leur soutien au Sahara occidental et réclamer l'autodétermination de cette ex-colonie espagnole, quelques jours après un revirement du gouvernement espagnol en faveur du Maroc sur le sujet.

Manifestation à Madrid en soutien au Sahara occidental et pour réclamer l'autodétermination de cette ex-colonie espagnole, le 26 mars 2022

Manifestation à Madrid en soutien au Sahara occidental et pour réclamer l'autodétermination de cette ex-colonie espagnole, le 26 mars 2022

afp.com/Pierre-Philippe MARCOU