La grève de la faim de Claude Mangin : une dénonciation de la politique française vis-à-vis du Sahara Occidental
Par Cristina Martínez Benítez de Lugo, Tlaxcala, 29/4/2018
La citoyenne française Claude
Mangin-Asfari , par sa grève de la faim, met en accusation la connivence
de la France avec l’occupation marocaine du Sahara Occidental.
Militante pour la
libération du Sahara Occidental, Claude est en grève de la faim depuis
le 18 avril à la mairie d’Ivry-sur-Seine. Elle réclame de pouvoir rendre
visite à son mari, Naama Asfari, un prisonnier politique sahraoui dans
les prisons marocaines, condamné à 30 ans de prison dans le simulacre de
procès de Gdeim Izik. Il est emprisonné depuis 2010 et a été torturé,
comme les autres membres du groupe et comme les autres prisonniers
politiques sahraouis.
Le Comité des Nations
Unies contre la torture a établi en décembre 2016 que le Maroc avait
torturé Naama et a spécifiquement demandé qu’il n’y ait pas de
représailles contre lui ou sa famille. Le Maroc s’est bien moqué de
cette résolution d’un organe des Nations Unies, car il a fait tout le
contraire. Il n’a même pas consenti, au procès de Gdeim Izik, à ce que
ses avocats français terminent leurs phrases lorsqu’ils ont commencé à
parler de la résolution du Comité.
Naama est à la prison
de Kenitra (Maroc). Claude vit à Ivry-sur-Seine, près de Paris. Les
autorités marocaines ne l’ont pas laissée franchir l’aéroport de
Rabat-Salé (Maroc) en octobre 2016 ni lors de ses trois autres
tentatives pour rendre visite à son mari, la dernière en date du 16
avril dernier.
Le Maroc disperse les
prisonniers politiques sahraouis et les maintient dans des prisons au
Maroc, loin de leur terre, en violation de l’article 76 de la Quatrième
Convention de Genève: « les personnes protégées par la Convention seront
détenues dans le pays occupé et, si elles sont condamnés,
elles doivent y purger leur peine « . Ces prisonniers sont condamnés,
non seulement à la prison, mais à l’éloignement de leurs familles à plus
de 1 000 et de 1 200 km. Les familles des territoires occupés ne
peuvent pas se permettre le voyage pour des raisons économiques et pour
s’occuper de leurs jeunes enfants. Pour la famille française, ils ne la
laissent carrément pas passer. C’est une vengeance. Ils ne savent pas
comment punir ces prisonniers irréductibles.
Le militantisme de
Claude ne date pas d’aujourd’hui. Elle a traversés de multiples
épreuves. C’est terrible que l’on doive mettre sa santé en danger pour
être entendu, mais c’est le prix à payer. Claude veut que le
gouvernement français la défende.
Mais c’est que le pays
censé défendre les droits de l’homme soutient ouvertement le Maroc
dans son occupation du Sahara Occidental. Il constitue le plus grand
obstacle à l’extension du mandat de la MINURSO au contrôle des droits
de l’homme dans les territoires occupés et dans la foulée, au lancement
du référendum, raison d’être de cette mission. Macron a récemment
déclaré qu’il soutiendrait une attaque militaire du Maroc contre les
territoires libérés du Sahara occidental.
C’est la politique de
la France, qui n’a envisagé de défendre sérieusement face au Maroc ni
Claude Mangin-Asfari ni les deux avocates françaises Olfa Ouled et
Ingrid Metton, qu’il n’a pas laissé visiter leur client, Naama Asfari ,
qui, d’ailleurs, a aussi la nationalité française. La France ne défend
ni ses ressortissants ni la légalité internationale.
La grève de Claude
Mangin-Asfari défend la cause sahraouie. Elle donne de la visibilité à
la situation des prisonniers politiques sahraouis. Et elle constitue une
dénonciation de la position de la France, bras droit du Maroc dans
l’occupation.
Nous devons soutenir
cette grève. Il faut lui donner de la visibilité parce qu’elle a une
grande signification. Les horribles méthodes pacifistes utilisées par
les Sahraouis sont transférées en Europe pour cette cause, dans un
mimétisme de leur situation désespérée.
En apprenant la
nouvelle, la famille de Mohamed Bani, un prisonnier politique sahraoui
condamné à la réclusion à perpétuité, a entamé une grève de la faim de
24 heures à El Ayoune. La mère de Bani, sa soeur, sa femme, sa fille et
son fils aînés et les trois petits frères ont exprimé leur solidarité
en parlant devant la caméra vidéo, avec des bouteilles d’eau à la main
et des affiches du prisonnier et de la gréviste.
La grève coïncide avec
la réunion annuelle du Conseil de sécurité au cours de laquelle la
décision habituelle est prise: ne pas donner de compétences à la MINURSO
pour le suivi des droits de l’homme au Sahara Occidental occupé.
Je suggère que vous envoyiez des messages d’affection et d’encouragement à cette combattante, à l’adresse soutien.claude@gmail.com.
Et le soutien peut
aller plus loin. Nous pouvons nous planter à Paris, de la même manière
que nous sommes allés à Lanzarote dès qu’Aminetu Haidar avait entamé sa
grève de la faim. Claude était alors avec nous. Cela peut être une bonne
occasion d’exprimer notre solidarité pour cette femme et pour cette
cause qui ne finit jamais, et de la manifester dans un pays qui
a beaucoup de responsabilité dans le conflit.
N’attendons pas qu’elle ait à souffrir encore plus longtemps. Le
temps passe vite. Il faut se mettre en marche maintenant. Et que le
gouvernement français cesse de se dérober.
Source : Tlaxcala
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