Ce 4 septembre s’est tenu à El Aaiun le procès de dix jeunes des territoires occupés, neuf Sahraouis et un Marocain.
Les policiers ont bloqué les rues menant
au tribunal. Ils en ont empêché l’accès à Mohamed Dadach, président de
CODAPSO, ainsi qu’à Laila Lili et Hadi Matou. Ces deux militantes des
droits humains ont pu entrer dans la salle d’audience dans l’après-midi.
La salle était pleine de membres de la
DGST (Direction Générale de la Surveillance du Territoire), un service
de renseignement. Étaient aussi présentes les familles des prévenus, et
des militants sahraouis des droits de l’homme.
Aucun observateur international n’était présent à ce procès.
Les prévenus ont été arrêtés après les
manifestations qui fêtaient la victoire de l’Algérie à la Coupe
d’Afrique des Nations. La répression de cette manifestation a été très
dure. Une jeune fille est morte écrasée par une voiture des forces
d’occupation. Nous avons diffusé des vidéos à l’opinion publique où l’on
peut voir les tabassages, les coups de fusil, les camions-citernes
lançant de l’eau sous pression.
Les chefs d’inculpation étaient les suivants :
Humiliation des forces de l’ordre.
Entrave à la circulation.
Dégradations de propriétés avec usage de la force.
Le procureur a mis les accusés au défi
de prouver que les forces de l’ordre n’avaient pas respecté les usages
civilisés et légaux dans leur intervention pour disperser les
manifestations d’El Ayoun le 19 juillet.
Et la défense n’a pas bronché alors
qu’elle avait des preuves –des vidéos d’Équipe Média et autres- montrant
toute la répression de ce jour du 19 juillet. Au contraire, l’un des
avocats a fait les louanges du roi et des forces de l’ordre « grâce
auxquelles nous vivons dans un espace de paix et de stabilité ». La
défense était composée de deux avocats sahraouis et de deux avocats
marocains. Leur seul plaidoyer a consisté à exposer des vices de forme :
la police n’a pas prévenu les familles des détenus de leur arrestation,
et les avocats n’ont eu accès aux dossiers que 72 heures plus tard,
c’est-à-dire le 22 juillet.
Ils ont demandé que, étant donnée la
spécificité des détenus –jeunes étudiants-, de ne pas donner
l’opportunité à certains partis d’exploiter le dossier pour des motifs
politiques.
Le juge a demandé aux prévenus s’ils
voulaient demander le pardon à la Direction Générale de la Sûreté
Nationale. Les détenus ont répondu qu’ils n’avaient commis ni crime ni
infraction et n’avaient donc rien à se faire pardonner.
Les prévenus ont nié tous les chefs d’inculpation et affirmé leur innocence.
Ils ont été condamnés à :
Deux ans et demi pour quatre des accusés.
Un an et demi pour trois d’entre eux.
Un an pour les trois autres.
Après le verdict, les policiers ont
agressé les prisonniers avant de les menotter pour les envoyer à la
Prison Noire. La réaction d’un des prisonniers a été de lancer une
bouteille d’eau en direction du juge et du procureur.
Les quatre mineurs qui avaient aussi été arrêtés restent en liberté provisoire.
Avec EM, El Aaiún, Sahara Occidental occupé
Le 04/09/2019
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