Marianne Bliman, Les Échos, 16/11/2024
Certains pays redoutent le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, d'autres pas. C'est le cas d'Israël, dont les dirigeants de droite et extrême droite ont salué avec un enthousiasme non feint les premières nominations annoncées par le président élu, parmi lesquelles celle de Mike Huckabee, ancien gouverneur de l'Arkansas et prochain ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem. C'est aussi le cas du Maroc.
En décembre 2020, à la fin de sa première présidence, Donald Trump avait annoncé sur Twitter avoir « signé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental - un territoire dont le statut postcolonial n'est pas réglé, le Maroc en contrôlant plus de 80 % à l'Ouest (et revendiquant ainsi sa « marocanité »), et le mouvement du Front Polisario soutenu par l'Algérie moins de 20 % à l'Est. Le roi Mohammed VI s'était alors empressé de remercier chaleureusement l'Américain, marquant sa « profonde gratitude » pour une prise de position qu'il n'avait alors pas hésité à qualifier d'« historique ».
Consulat à Dakhla, investissements
Même tonalité cette année. Donald Trump à peine réélu, Mohammed VI lui a exprimé toutes ses félicitations. « Les Marocains sont à la fête avec le retour de Donald Trump » aux affaires, juge Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes. Ainsi peuvent-ils espérer, enfin, l'ouverture d'un consulat américain à Dakhla. Juste avant l'arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, l'ambassadeur des Etats-Unis s'était rendu dans cette ville du Sahara occidental - une première pour un diplomate américain de ce rang - pour lancer officiellement le processus. Mais l'administration Biden a laissé en l'état le dossier.
A l'époque, Donald Trump avait également promis jusqu'à 3 milliards de dollars d'investissements - dont une large part aurait été réservée aux banques, hôtels et secteur des énergies renouvelables marocains. Après quatre ans d'inaction en la matière sous la présidence Biden, Rabat espère également qu'ils deviendront bientôt réalité.
Le sujet du Sahara occidental est central pour les autorités marocaines. « Il conditionne tout », souligne Antoine Basbous. Si Donald Trump va au bout de ce qu'il avait engagé lors de premier mandat, les Marocains « seront redevables d'une grande dette à son égard », anticipe-t-il. « Les intérêts américains vont être servis, en guise de remerciements. »
Israël, avec les guerres dans la bande de Gaza et au Liban, figurera en haut de la pile des sujets diplomatiques de Donald Trump à son arrivée à la Maison-Blanche. Les accords d'Abraham signés en septembre 2020 à Washington avaient permis une normalisation des relations de l'Etat hébreu avec les Emirats arabes unis et Bahreïn, mais aussi avec le Maroc. Celui-ci pourrait aider à la relance du processus de ces accords.
*Terme générique utilisé par les médias prépondérants pour désigner le makhzen [NDLR Solidmar)