- 28 oct. 2017
- Par Gabrielle Lefèvre
- Blog : point de vue
Comment contrer le pillage des ressources naturelles du
Sahara Occidental par la puissance occupante qu'est le Maroc? En
utilisant l'arme du droit.
« Encore peu fréquentée par les surfeurs malgré la grande qualité des vagues et de ses paysages, la presqu’île de Dakhla est une destination surf d’exception avec ses longues plages de sable désertiques. C’est là que se trouve notre surf camp à Dakhla. Les vagues du Sahara sont uniques et proposent des conditions de surf peu égalées dans le monde, idéales pour l’initiation et le perfectionnement en Surf et en Stand Up Paddle. » (1)
Accompagnée d’images idylliques, cette publicité pour les vacances
sportives d’Océan Vagabond situe Dakhla au Maroc… Sauf qu’il ne s’agit
pas du Maroc mais du Sahara Occidental, occupé par le Maroc qui y exerce
une répression brutale sur la population sahraouie.
Grave problème donc pour les créateurs de rêves vacanciers :
l’occupation est contraire au droit international et y collaborer - même
en faisant du commerce - rend tous ceux qui y participent complices de
cette violation.
Cela a été rappelé en décembre 2016 par la Cour européenne de
justice dans un arrêt sur les accords d’association et de libéralisation
conclus entre l’UE et le Maroc (2). Ces accords ne sont pas applicables
au Sahara occidental qui bénéficie d’un statut séparé et distinct en
vertu de la charte des Nations Unies et du principe d’autodétermination.
Or, un traité, quel qu’il soit, ne doit ni nuire ni profiter à des
tiers sans leur consentement. Donc, des accords entre l’UE et le Maroc
concernant, par exemple, l’exploitation des ressources naturelles du
Sahara Occidental, ne peuvent être conclus qu’avec l’accord du peuple
sahraoui, représenté politiquement par le Front Polisario.
En conséquence, un accord commercial entre des opérateurs de voyages,
de séjours sportifs ou autres et le Maroc ne sont pas valables à moins
d’obtenir l’autorisation du Front Polisario qui, lui, ne surfe pas sur
les textes légaux et continue à revendiquer avec détermination pacifique
(plus de quarante ans déjà !) le droit à l’autodétermination du peuple
sahraoui par le biais d’une procédure de référendum sous l’égide des
Nations Unies. Cette procédure est refusée avec obstination par le
Maroc qui profite donc de l’exploitation des ressources naturelles des
territoires occupés, sans vergogne tout en terrorisant les populations
par une occupation militaire et policière violente : destructions de
campements, arrestations arbitraires, tortures et absence d’assistance
judiciaires en prison… De multiples violations des droits humains sont
dénoncées sans relâche par des observateurs et des militants pour les
droits humains du monde entier mais aussi dans des rapports très
documentés des Nations Unies.
Le point sur les ravages de l’occupation marocaine vient d’être
établi lors de la 42eme Conférence européenne de coordination du soutien
au peuple sahraoui (Eucoco) à Vitry-sur-Seine. (3)
A cette occasion, a été annoncé par l’avocat Me Gilles Devers le
lancement de la procédure contre Transavia, compagnie néerlandaise low
cost du groupe Air France/KLM, qui ouvrait ce 26 octobre la liaison
Paris-Dakhla. Dans une assignation en justice déposée au tribunal de
Créteil, le Front Polisario demande l’interdiction de cette desserte
ainsi que 400.000 € de dommages et intérêts.
Aux surfeurs du monde entier de choisir s’ils veulent surfer sur les
droits d’un peuple ou exiger de pratiquer leur passion dans le cadre
d’un arrangement politique et économique respectant ces droits !
(2) Arrêt dans l’affaire C-104/16P Conseil/Front populaire pour la
libération de la saguia-el-hamra et du rio de oro (Front Polisario).
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