La chronique | |||||
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Dans le centre des congrès de West Palm Beach, au cœur de la Floride ultra-riche menacée par l’inéluctable montée des eaux – cette Floride-là n’y pense même pas, puisqu’elle n’y croit pas –, Donald Trump remercie sa famille et le « génie » Elon Musk. Il est 2 h 30 du matin, mercredi 6 novembre, sa victoire a été très vite confirmée. Le nouveau président américain savoure son triomphe devant un parterre de soutiens extatiques. Il vient de largement l’emporter sur la démocrate Kamala Harris. « Nous avons obtenu la victoire politique la plus incroyable que notre pays ait jamais vue. Nous avons fait l’histoire. C’est fou ! », lance-t-il à la tribune. La campagne de Donald Trump a été violente, insultante, masculiniste, vulgaire. Son projet politique est plus dangereux encore : détruire l’État fédéral, casser les régulations environnementales et défoncer le sous-sol pour trouver encore plus de pétrole, cibler la « vermine » de gauche et ses ennemi·es politiques en instrumentalisant la justice, déporter « quinze à vingt millions » d’immigré·es. Il est pourtant redevenu président. Malgré le chaos qu’il déclenche avec jubilation. Malgré la violence qui s’ensuivra. Malgré les indignations. Depuis une décennie, Donald Trump, faux milliardaire histrion vu à la télé, est devenu la figure idolâtrée d’un large mouvement réactionnaire. Il réunit les nostalgiques d’une Amérique blanche et fordiste, les idéologues fascistes ou ultra-religieux, les héraults de la bataille culturelle contre la gauche, l’école publique et les personnes transgenres. Mais aussi celles et ceux qui en ont marre des guerres états-uniennes, les apôtres libertariens du bitcoin, celles et ceux qui galèrent avec l’inflation, leurs dettes et leurs quatre cartes de crédit, les petits entrepreneurs blancs ou hispaniques essorés par les conséquences financières de la pandémie de Covid-19. L’ultra-riche Trump a fini par persuader une partie du peuple américain qu’il les défend contre les élites urbaines, démocrates, corrompues, devenues l’ennemi à abattre. À toutes les extrêmes droites du monde, il a fourni depuis une décennie une méthode et une grammaire : mêler dans le même sac les questions économiques et identitaires, la question du genre et celle de l’immigration. « On ne peut plus rien dire », « le monde court à sa perte », « les hommes deviennent des femmes », « ils nous font chier avec le climat », « laissez-nous faire du fric » et « fuck la bien-pensance ». Voilà les vrais ressorts de la grammaire trumpienne, que les extrêmes droites du monde peuvent décliner à l’envi : elle est simple, efficace. Et tant pis si elle nous emmène gaiement dans l’abîme. | |||||
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