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dimanche 10 novembre 2024

Extrême droite : quand la menace vient des États-Unis


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21:06 (il y a 1 heure)





La lettre politique
lundi 04 novembre 2024


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L’édito
Extrême droite : quand la menace vient des États-Unis


Par Fabien Escalona

Dans une vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux, on voit l’écrivain Régis Debray suggérer que la France, via un référendum, devienne un nouvel État des États-Unis d’Amérique. Quitte à subir les conséquences des choix diplomatiques, économiques et militaires effectués à la Maison-Blanche, plaisante-t-il à moitié, autant peser sur eux et avoir l’opportunité d’être scrutés par les médias du monde entier, à l’instar de la Pennsylvanie ou de la Géorgie ces derniers jours.

À Paris comme dans les autres capitales européennes, de fait, on retient son souffle. La dépendance du Vieux Continent envers Washington, que ce soit pour sa sécurité, son énergie ou son accès aux technologies de pointe, le rend particulièrement vulnérable en cas de retour de Donald Trump au pouvoir.

Ce dernier, qu’on le considère comme un fasciste ou comme un autocrate typique de notre XXIe siècle, n’entend pas seulement dynamiter les fondements de la République américaine. Il porte une conception des relations internationales complaisante envers les despotes, dédaigneuse envers les droits des peuples, et méfiante envers toute alliance privilégiée. Sous son influence, écrivait récemment le philosophe Michel Feher, l’ordre international serait de plus en plus « fondé sur le droit des potentats à disposer des peuples résidant dans leur orbite ».

En politique intérieure, les réseaux d’extrême droite profiteraient pleinement d’une éventuelle victoire du candidat républicain. La galaxie trumpiste est déjà en connexion directe avec les promoteurs européens de la « démocratie illibérale », généreusement financés par Viktor Orbán. Le premier ministre hongrois, qui construit son influence auprès de Donald Trump, agit parallèlement comme un véritable cheval de Troie d’extrême droite au sein de l’Union européenne (UE). Il en défie ouvertement les principes, par exemple en matière d’État de droit ou d’égalité de genre.

Mais si Orbán est volontiers loué en France par tous les responsables d’extrême droite confondus, le cas de Trump est plus délicat. Du côté du Rassemblement national (RN), la stratégie de normalisation a incité les dirigeant·es à prendre leurs distances vis-à-vis de l’ancien président américain, qui a encouragé l’insurrection du Capitole et enchaîne les déclarations ultraviolentes.

Les partisans d’Éric Zemmour, qui ne vivent que par l’accumulation de transgressions, n’ont pas ces pudeurs. Au passage, le zemmourisme se rapproche aussi du trumpisme par un masculinisme très visible dans sa sociologie électorale, là où Marine Le Pen a tout fait pour que son parti ne soit plus sous-représenté dans l’électorat féminin.

En dépit de ces différences, les positions passées et les alliances actuelles du RN ne laissent planer aucun doute sur son appartenance à la vague autoritaire et identitariste qui déferle à l’échelle planétaire.
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