Luk Vervaet: association-accueil-familles-detenus-maison-d-arret-auxerre-photo-Jeremie-nger)
Dans ces temps de dénonciation de la violence faite aux femmes, qui parle de la violence d’État faite aux femmes et aux familles de prisonniers ? Qui se réalise que, derrière chaque prisonnier, il y a une maman, une sœur, une épouse, un frère, des enfants ? Qui sont ces victimes cachées, invisibles, collatéraux de l’emprisonnement d’un proche ? Quels sont les effets pratiques, financiers, sociaux, émotionnels de l’enfermement sur la vie des familles des détenus ?
Avec un revenu en moins, dans une situation de déstabilisation ou de rupture de la vie conjugale et de la relation enfant-parent, ce sont souvent les femmes seules qui prennent sur elles toutes les responsabilités financières pour le ménage et les enfants.
Pour les détenus, elles sont souvent le seul lien avec le monde extérieur. Ce sont elles qui doivent assurer le maintien du contact entre le détenu et ses enfants.
Ce sont elles qui doivent amener le soutien financier et émotionnel en prison.
La plupart de ces femmes souffrent en silence. Si elles parlent, elles sont souvent stigmatisées et isolées à cause de leur relation avec un prisonnier.
Et quid des enfants des prisonniers ?
Pour protéger leurs enfants, certaines mamans ne racontent pas aux enfants que leur papa est en prison, mais qu’il est parti travailler dans un autre pays. D’autres enfants font de longs voyages avec leurs mamans pour rendre visite à leur père, souvent en transport public, avec au bout du voyage un environnement carcéral hostile. Il a été prouvé par de nombreuses études que le fait d’avoir un parent en prison pendant les premières dix ans de sa jeunesse, multiplie par trois le risque d’un « comportement anti-social et agressif » chez l’enfant. Quand les enfants sont confrontés avec un appauvrissement de la famille à cause de l’emprisonnement d’un proche, ceci peut contribuer au cycle intergénérationnel de pauvreté et de délinquance.
Apparemment, la convention de l’Onu relative aux Droits de l’enfant, entrée en vigueur le 2 septembre 1990, n’est pas d’application pour les enfants des détenus. On peut y lire (article 5) que les États signataires veillent à ce que les enfants aient le droit de recevoir « orientation et conseils appropriés » de leurs parents. Or, il n’en est rien. Les contacts avec un parent emprisonné sont rares. Ils se passent par téléphone, par une lettre, lors d’une visite, et certains perdent tout contact. Dans l’article 16 on peut lire que « Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. 2. L’enfant a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »
Mais qui réalise les effets dévastateurs des articles à sensation dans les médias, les conséquences des rafles et des perquisitions souvent violentes et répétées de la police dans les maisons de suspects en présence des enfants ?
Sur ces problématiques, Farida Aarrass et Rachida Belliraj témoignent dans le cadre des Journées nationales de la prison. Avec un proche enfermé à 2500 km d’ici, elles vivent au carré tous les effets collatéraux pour les familles.
Le 23 novembre 2017 : Vernissage Hors Les Murs (17h) et Témoignages de familles (18h).
http://lepharedukanaal.com/ Quai des charbonnages, 40-1080 Bruxelles Le site des Journées nationales de la prison : http://www.jnp-ndg.be/index.php/fr/programme-calendrier/417
http://supermax.be/la-violence-carcerale-faite-aux-famille…/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire