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Télégrammes

17,4 millions de touristes ont visité le Maroc en 2024, soit 20% de plus qu’en 2023. 51% étaient des touristes étrangers (TES) et 49% des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Le tourisme a représenté 7 % du produit intérieur brut (PIB) marocain en 2023. Les premiers pays d’origine des touristes ont été la France, l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Marrakech est restée la destination phare, suivie d’Agadir et d’Essaouira. Le Maroc a donc pris la première place en Afrique comme destination touristique, devançant l’Égypte, qui a reçu 15,7 millions de visiteurs. La Tunisie a, elle, passé le cap des 10 millions de visiteurs, soit 9,4% de plus qu’en 2023, dont 3,5 millions provenant d’Algérie et 2,1 de Libye.

vendredi 31 janvier 2025

Le Maroc devient un gros client pour l’industrie de défense israélienne

Dean Shmuel Elmas, Globes  10/7/2024
 Traduit par SOLIDMAR

« Globes » se penche sur les principaux systèmes de défense israéliens achetés par le Maroc, avec en point d’orgue un accord d’un milliard de dollars avec IAI, dont les médias étrangers rapportent qu’il concerne les satellites espions Ofek.


Illustration : Tali Bogdanovsky

Hier 9 juillet 2024, Israel Aerospace Industries (IAI) a annoncé un accord d’une valeur d’un milliard de dollars sur cinq ans avec une tierce partie dont le nom n’a pas été révélé. Les médias étrangers ont déclaré que l’accord portait sur des satellites, dont les premières informations ont été publiées l’année dernière. La présence du président de l’IAI, Amir Peretz*, au Maroc lors de l’annonce de l’accord a alimenté ces informations.

Le Maroc est l’un des pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham en 2020. Son influence sur l’industrie de la défense israélienne a été des plus significatives. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), entre 2019 et 2023, Israël était le neuvième exportateur mondial d’équipements de défense. Le SIPRI a constaté que même si le Maroc et Israël n’ont normalisé leurs relations qu’en décembre 2020, Israël occupait déjà la troisième place en termes d’importations de défense du Maroc, fournissant 11 % de ses besoins.


Les défis du Maroc

Depuis que Peretz a été nommé président de l’IAI, l’entreprise est devenue un acteur très important de l’industrie de la défense au Maroc. Le SIPRI a rapporté il y a six mois que le Maroc voulait acheter à Israël deux satellites d’espionnage Ofek 13. Ces satellites d’observation sont considérés comme l’un des meilleurs au monde et sont utilisés par l’unité de renseignement 9900 de Tsahal, qui est responsable de la collecte et de l’extraction de renseignements visuels et géographiques.

Cette transaction est intéressante dans le contexte de la concurrence commerciale entre les grandes entreprises de défense israéliennes et françaises. Le Maroc a préféré le satellite Ofek 13 à ceux d’Airbus et de Thales, ses précédents fournisseurs dans ce domaine. Quelques mois plus tard, le président français Emmanuel Macron a décidé de tenir les entreprises israéliennes à l’écart du prestigieux salon de la défense et de l’aérospatiale Eurosatory à Paris.

Bien que la France ait attribué cette décision à la guerre à Gaza, on peut supposer que des considérations politico-économiques étaient également à l’origine de cette décision. Le président français a probablement été influencé par la vente historique du système de défense aérienne à longue portée Arrow 3 à l’Allemagne pour 3,5 milliards de dollars, et du système de défense aérienne à moyenne portée David’s Sling de Rafael à la Finlande pour 316 millions d’euros. Ces contrats ont permis aux technologies israéliennes de faire la une des journaux et, contrairement à la plupart des systèmes français, elles ont fait leurs preuves sur le champ de bataille.

Ce dernier contrat vient s’ajouter aux nombreux contrats signés par Israël avec le Maroc. IAI a vendu le système de défense aérienne Barak MX au Maroc en 2022 pour 540 millions de dollars. Le système comprend trois intercepteurs : le Barak MRAD d’une portée de 35 kilomètres, le Barak LRAD d’une portée de 70 kilomètres et le Barak ER d’une portée de 150 kilomètres. Le site web « Intelligence Online » a également rapporté l’année dernière qu’IAI avait achevé la livraison de trois drones Heron 1 au Maroc. Ce contrat de 48 millions de dollars est inhabituel car il a été signé en 2014, par le biais d’une coentreprise entre IAI et Airbus.

Un autre acteur important dans le domaine des achats de défense au Maroc est BlueBird Aero Systems, dans lequel IAI détient une participation de 50 % depuis 2020. Ces dernières années, BlueBird a fourni divers produits au Maroc, tels que la munition rôdeuse [téléopérée] SpyX, ainsi que WonderB et ThunderB - des systèmes sans pilote qui décollent et atterrissent verticalement. Ronen Nadir, PDG de BlueBird, a déclaré au site web « ZM » en avril que la société avait même mis en place une usine de production au Maroc, qui devrait commencer à fonctionner bientôt.

Sur le plan de la géopolitique régionale, les nombreux achats de défense du Maroc auprès d’Israël ont plus que jamais constitué un défi pour Rabat au cours des derniers mois. Cependant, le Maroc doit faire face à d’importants défis sécuritaires, notamment en ce qui concerne le Sahara occidental et son voisin oriental, l’Algérie, qui est un ami proche et de longue date des organisations terroristes palestiniennes.

En juillet 2023, lors de l’opération de Tsahal dans le camp de réfugiés de Jénine, un haut responsable du Hamas, Khaled Mechal, s’est exprimé à la Grande Mosquée d’Alger et a félicité l’Algérie pour sa « position héroïque dans la lutte palestinienne » à Jénine. Dans le même temps, le président algérien Abdelmajid Tebboune a annoncé l’octroi de 30 millions de dollars pour la reconstruction après les dégâts à Jénine.

L’Algérie est également l’un des principaux soutiens du Front Polisario, qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc. Israël, quant à lui, a officiellement annoncé l’année dernière qu’il reconnaissait la souveraineté marocaine au Sahara occidental.

Les détracteurs du Maroc sur la question du Sahara occidental se sont récemment efforcés de mettre en évidence l’utilisation de missiles israéliens pendant la guerre à Gaza. Le journal français de gauche « L’Humanité » a rapporté il y a quatre mois que l’armée marocaine opère à partir d’une base à l’aéroport de Smara au Sahara occidental en utilisant des drones Hermes 900 et Hermes 450 d’Elbit Systems. Ces mêmes drones sont également utilisés par Israël aujourd’hui à Gaza.

L’année dernière, le site web « Intercept » a publié une information émanant de de Federico Borsari, chercheur spécialisé dans les technologies sans pilote au Center for European Policy Analysis (CEPA). Selon Borsari, le Maroc possède environ 150 avions à décollage vertical (WonderB, ThunderB et SpyX de Blue Bird), trois drones Heron d’IAI et des munitions rôdeuses Harop d’IAI, ainsi que quatre drones Hermes d’Elbit Systems.


Pas seulement des armes

La coopération israélo-marocaine en matière de sécurité ne se limite pas à l’armement. Comme l’a révélé « Globes », la nouvelle péniche de débarquement de Tsahal, l’INS Komemiyut, est arrivée en Israël il y a environ un mois en provenance des USA - après une escale au Maroc pour le ravitaillement en carburant pendant le long voyage du navire de Pascagoula, dans le Mississippi, à la base navale de Haïfa. À Tanger, l’équipage a fait le plein de carburant et de nourriture afin de poursuivre sa route vers Israël.

Un autre domaine dans lequel les deux pays et les entreprises de défense sont impliqués est celui de la recherche. L’année dernière, IAI a signé un protocole d’accord avec l’Université Internationale de Rabat (UIR) pour établir un centre d’excellence dans les domaines de l’aéronautique, de l’intelligence artificielle et de l’innovation.

NDLT

*Amir Peretz est né en 1952 à Boujaâd au Maroc, dont il a gardé la nationalité. Lire Des avocats marocains attaquent Peretz (2006)

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