dimanche 12 novembre 2017

INTERVIEW – Omar Brouksy : « Les institutions françaises s’aplatissent face au régime marocain »

Comment l’élite française parvient-elle à influencer la politique de l’État face au Maroc ? Le journaliste et professeur de droit marocain évoque les enjeux et les conséquences de ces « liaisons dangereuses »
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Le président français Emmanuel Macron rencontre le roi du Maroc Mohammed VI au Palais royal, à Rabat, le 14 juin 2017 (Reuters)
Après un premier livre très critique sur la monarchie, Mohammed VI derrière les masques, Omar Brouksy publie en septembre, aux éditions Nouveau Monde, La République de sa Majesté.
Du passé d’Emmanuel Macron au Maroc à l’affaire Hammouchi (le patron des renseignements marocains) en passant par les contrats de Jamel Debbouze, le journaliste et professeur de droit constitutionnel à l’Université de Settat (Casablanca), propose une enquête sur l’influence de ces nombreuses personnalités du monde politique et culturel français, incarnation d’une certaine idée de l’idylle franco-marocaine, entretenue par des hommes et des femmes de l’ombre recrutés pour « protéger » l’image de la monarchie.
Dans un entretien avec Middle East Eye, il explique quels enjeux sous-tendent ces « liaisons dangereuses pour l’idéal démocratique ».
Résultat de recherche d'images pour "omar brouksy"         Omar Brouksy est journaliste et professeur de droit constitutionnel à l’Université de Settat (Casablanca) (Facebook) 
Middle East Eye Vous présentez votre livre comme une enquête sur l’influence d’une partie de l’élite politique, économique et médiatique française, non pas sur les relations d’État à État. De quelle manière l’influence de cette élite s’exerce-t-elle et jusqu’à quel point est-elle capable de peser ?
Omar Brouksy : En effet, cette élite a des intérêts personnels, économiques, politiques très importants au Maroc. Elle traverse tous les secteurs : la politique, les affaires, la culture, etc… et son influence à travers les médias est énorme.
Quand quelqu’un comme Jamel Debbouze dit quelque chose de positif sur le roi du Maroc, cela a bien plus d’influence que si un homme politique le dit. De même, quand Bernard-Henri Lévy écrit que le Maroc est la meilleure des démocraties dans la région et que la monarchie est très ouverte, cela pèse.
Pourtant, on sait que tous les pouvoirs sont en réalité concentrés entre les mains du roi, que la femme hérite la moitié de ce qu'hérite l'homme, que les Marocaines ne peuvent pas se marier avec des non-musulmans, que plus de 400 personnes sont aujourd'hui en prison pour avoir manifesté pacifiquement dans le Rif, etc.
Le problème, c’est que cette influence affaiblit de nombreuses valeurs, comme la tolérance, le respect des libertés individuelles, la séparation du politique et du religieux… au profit des courants conservateurs, elle affaiblit le courant démocratique et laïc dans son bras de fer avec les mouvements conservateurs.
 
Cette relation, très sophistiquée, rappelle la connivence qui existait entre cette même élite française et le régime de Ben Ali. Souvenez-vous, quand, au début de la révolution tunisienne, Michèle Alliot-Marie, alors ministre des Affaires étrangères, avait proposé le savoir-faire français à la police tunisienne « pour régler les situations sécuritaires.
 

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