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jeudi 21 novembre 2024

Révélations en Algérie sur le roman “ Houris” de Kamel Daoud : une histoire volée en violation du secret médical

L'écrivain Kamel Daoud et son épouse objets de deux plaintes déposées en Algérie

Le lauréat du Prix Goncourt 2024 est accusé d'avoir emprunté pour son roman "Houris" l'histoire d'une patiente de son épouse psychiatre, sans en demander l'autorisation.

Publié

Deux plaintes ont été déposées en Algérie contre l'auteur franco-algérien Kamel Daoud et son épouse psychiatre, les accusant d'avoir dévoilé et utilisé l'histoire d'une patiente pour l'écriture du roman Houris, récompensé récemment par le Prix Goncourt 2024, a appris l'AFP auprès de l'avocate des plaignants.

"Dès la publication du livre, nous avons déposé deux plaintes contre Kamel Daoud et son épouse Aicha Dehdouh, la psychiatre qui a soigné la victime" Saâda Arbane, a déclaré à l'AFP l'avocate Fatima Benbraham, en précisant avoir saisi le tribunal d'Oran, lieu de résidence de Kamel Daoud et son épouse en Algérie.

Accusation de violation du secret médical

Saâda Arbane, survivante d'un massacre lors de la guerre civile en Algérie dans les années 1990, s'était exprimée sur une chaîne algérienne en accusant l'auteur d'avoir dévoilé son histoire dans le roman sans son autorisation.

"La première plainte a été déposée au nom de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme" et "la seconde au nom de la victime", a précisé Me Benbraham, assurant que leur dépôt remontait au mois d'août, "quelques jours après la parution du livre", et bien avant l'attribution début novembre du Prix Goncourt au roman. "Nous n'avons pas voulu en parler, afin qu'il ne soit pas dit que nous voulions perturber la nomination de l'auteur pour le prix", a-t-elle déclaré.

Selon cette avocate bien connue en Algérie, les plaintes portent sur "la violation du secret médical, puisque le médecin [l'épouse de Kamel Daoud] a remis tout le dossier de sa patiente à son mari", ainsi que sur "la diffamation des victimes du terrorisme et la violation de la loi sur la réconciliation nationale", qui interdit toute publication sur la période de la guerre civile entre 1992 et 2002.

L'éditeur Gallimard défend l'écrivain

Vendredi 15 novembre, Saada Arbane était apparue sur la chaîne de télévision One TV en affirmant que l'histoire du roman Houris est la sienne. Cette rescapée d'une tentative d'égorgement par des islamistes armés a dit avoir reconnu des éléments de sa vie : "sa canule [pour respirer et parler], ses cicatrices, ses tatouages, son salon de coiffure".

Kamel Daoud n'a pas répondu à ces accusations, mais son éditeur français Gallimard, a dénoncé lundi 18 novembre les "violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d'un régime dont nul n'ignore la nature", contre l'écrivain depuis la publication du roman. "Si Houris est inspiré de faits tragiques survenus en Algérie durant la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels", a affirmé Gallimard.

Le roman, qui se déroule à Oran, raconte l'histoire d'une jeune femme qui a perdu l'usage de la parole lors d'un massacre le 31 décembre 1999, pendant la guerre civile qui a fait 200 000 morts, selon des chiffres officiels.

***

L’écrivain a soutenu que son roman est une fiction. Mais la chaîne algérienne OneTv a interviewé une femme qui se dit être le vrai personnage du roman de Kamel Daoud. Elle accuse le lauréat du prix Goncourt 2024 d’avoir raconté son histoire sans son consentement.

La femme révèle qu’elle était suivie par une psychologue qui n’est autre que l’ex-épouse de Kamel Daoud. La victime affirme avoir reçu, à maintes reprises, des demandes de la part du couple, pour l’écriture d’un livre sur son drame. L’enquête de OneTv sur Houris a été diffusée vendredi soir.

Question : qu'en disent ces messieurs-dames du Jury du Prix Goncourt ? Cette histoire mériterait un retrait du prix, non ?

dimanche 10 mars 2019

Kamel Daoud : « En Algérie, l’humiliation de trop »


Par Kamel Daoud
Pour l’écrivain algérien, le règne du président Bouteflika a entraîné une « kadhafisation » de son pays. En deux décennies, l’Etat, en proie à un « encanaillement généralisé », a glissé d’une fausse république à un royaume tentaculaire, estime-t-il dans une tribune au « Monde »
Kamel Daoud est connu et reconnu pour ses prises de position contre l’islam politique ou le régime de Bouteflika.Kamel Daoud est connu et reconnu pour ses prises de position contre l’islam politique ou le régime de Bouteflika. JOEL SAGET / AFP



Tribune. L’homme qui déteste son peuple. C’est l’une des légendes muettes qui accompagnent Abdelaziz Bouteflika depuis le début de son règne, en 1999. Le roman politique algérien aime collectionner les anecdotes sur le caractère rancunier de cet homme, son ancienne ambition devenue colère après qu’il a été écarté, chassé du pouvoir en 1981, ses blagues racontées aux visiteurs étrangers, dépeignant les Algériens sous le pire des portraits, ses grimaces et ses envolées égocentriques. C’était au temps où il parlait.
Aujourd’hui, son silence, qui dure depuis son AVC, depuis son dernier discours en 2012, où il promettait la transition et annonçait l’épuisement de sa génération, est tout aussi interprété comme du mépris. Il a menti la dernière fois qu’il s’est exprimé, depuis il n’a rien dit aux Algériens. De rares mots, lors des audiences accordées aux étrangers. Les images désastreuses d’une décomposition en liveque son frère surveille comme monteur d’images à la télévision publique. Pour lui, le peuple ne compte pas, ou seulement s’il dépasse les 90 % de « oui » pour le réélire.
Son règne est aussi celui d’une kadhafisation lente du pays depuis son élection après la guerre civile : destruction des institutions, encanaillement généralisé de l’Etat, de ses hommes, concentration abusive des pouvoirs, monarchisation.
La grande tradition d’un pouvoir collégial, sous la forme d’un « cabinet noir » ou de « décideurs » à Alger, version occulte du consensus, a fini en palais peuplé de courtisans, de clans, de clowns et de courtiers. Une galaxie autour d’un homme et surtout de son frère, devenu le régent de la République.
Mœurs de videur de boîte de nuit
Son époque est aussi celle de l’inflation des titres : « Son Excellence », « Fakhamatouhou ». La traduction ne rend pas compte du grossier du titre. Il faut traduire « Sa Grandeur ». Le mantra est obligatoire dans la bouche de chaque ministre, de chaque haut fonctionnaire, en prologue ou en conclusion de chaque déclaration publique, de chaque annonce de projet. Ceux qui ne sacrifient pas à l’usage finissent mal. En témoigne un journaliste de la télévision nationale qui, oubliant le titre, se fit remercier.