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Suite de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. Parmi les revendications portées par les militants sahraouis : la vérité sur les personnes disparues lors de la conquête territoriale marocaine, la libération des militants indépendantistes et l’amélioration des droits humains dans les territoires qualifiés d’« occupés » par le Maroc. Rencontre dans les camps de réfugiés avec certains de ces militants.
De notre envoyé spécial à Rabouni,
C’est en mère de famille et en grand-mère que Nuha Abidim nous reçoit dans le salon de sa maison du camp de Boujdour, pour l’immuable cérémonie du thé. Mais en 1976, c’est en petite fille de sept ans qu’elle fuit l'avancée des troupes marocaines dans le territoire sahraoui que viennent de quitter les Espagnols. L'aviation marocaine bombarde l'oasis d'Oum Breyda. La famille embarque dans un camion, sans son père, Abidin Buzeid Allal, qu'elle ne reverra jamais.
Après avoir affirmé qu’il était vivant dans un camp de réfugiés sans en apporter la preuve, le Maroc lui a assuré qu’il était décédé en prison en 1980. Mais faute de preuves, de corps, et en raison de témoignages contradictoires, Nuha Abidim n’arrive pas à croire à la version officielle.
Jamais ! Je ne suis pas convaincue. Il y a beaucoup de contradictions. Ils ont dit ne pas l'avoir, puis m'ont dit qu'il était mort en prison. C'est toujours confus. On ne sait pas s'il est mort : si oui, où est-il mort ? Je veux aller sur place. Je n'ai pas de rancune vis à vis du peuple marocain qui est un peuple frère. Mais le gouvernement, lui, a tué mon père, m'a arraché mon sourire d'enfant. Contre lui, j'ai beaucoup de colère.
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Le « trou noir » en matière de droits humains
En 2010, après des années de pressions internationales, la Commission marocaine des droits de l'homme a reconnu 638 disparitions forcées de militants sahraouis dont 351 ont été exécutés ou sont morts en détention.
L'Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis, recense pour sa part 444 décès, mais déplore que depuis le Sahara occidental soit retombé dans un « trou noir » en matière de droits humains. C'est le mot qu'emploie Abdeslam Omar Lahcen, président de l'Afapredesa : « Créer un climat de terreur, en plus des détentions arbitraires qui continuent, la pression économique en expulsant du travail bon nombre de militants en les envoyant à l'intérieur même du Maroc... C'est l'unique moyen de pouvoir maintenir sa main mise sur la population et sur les ressources naturelles. C'est l'enjeu de toute cette histoire. »
► À écouter aussi : Sahara occidental, Ghalia Djimi dénonce les violations des droits de l'homme
Un tribunal militaire « qui échappe à tout contrôle »
Arrêté à Laayoune, condamné par un tribunal militaire en 2015, Salah Lebsir a passé quatre ans en détention, avant d'être libéré et de gagner les camps de réfugiés en Algérie. Il explique que « les autorités marocaines surveillent les militants sahraouis. Si on vous voit avec un drapeau, réclamer l'indépendance, participer à une manifestation, on vous suit et on vous attrape. On passe au tribunal militaire qui échappe à tout contrôle. J'ai passé quatre ans en cellule, sans avocat ni médecin, à subir des mauvais traitements. On essaye de nous faire craquer psychologiquement, mais ça ne marche pas, notre demande d'autodétermination est légitime. »
En quête d'une figure pour médiatiser leur combat, les militants sahraouis mettent en avant Sultana Khaya, active à Boujdour contre l'exploitation des ressources naturelles par le Maroc. La presse marocaine la qualifie de « mercenaire à la solde du régime militaire algérien ».
Télégrammes
Extrait de la conférence de presse de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie sur le bilan des activités de la diplomatie russe en 2024, Moscou, 14 janvier 2025
Question : Des scientifiques de Saint-Pétersbourg ont demandé à poser une question sur les relations russo-marocaines. Le Maroc se considère comme la porte d'entrée de l'Afrique. Nous aimerions connaître votre point de vue sur le problème des relations russo-marocaines.
Sergueï Lavrov : Pour ce qui est du Maroc, c'est un pays ami. En décembre 2023, nous avons tenu une réunion régulière du Forum russo-arabe pour la coopération au Maroc. Nous étions dans la ville de Marrakech. Tout était parfaitement organisé. Nous avons eu une réception avec le premier ministre. Nous avons de bons projets. Nous aidons les Marocains à résoudre les problèmes qui relèvent de la compétence du ministère des Affaires étrangères. Je fais avant tout référence au problème du Sahara occidental. Ici, nous devons être guidés par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Le thème de l'autodétermination des peuples a été soulevé à plusieurs reprises aujourd'hui. Il y a très longtemps, environ 40 ans, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé que le problème de l'appartenance du Sahara occidental devait être résolu par l'autodétermination du peuple sahraoui. Je travaillais encore à New York à cette époque. Il y avait un représentant spécial du Secrétaire général pour l'organisation du référendum. Il s'agissait de James Baker, ancien secrétaire des États-Unis. Il décrivait les schémas pour le décompte des voix, la façon dont les anciens sélectionneraient les tribus qui voteraient. Tout semblait à peu près réglé. 40 ans plus tard, rien n'a bougé. La question n'est pas facile pour les Marocains.
L'administration américaine de Donald Trump (lorsqu'il était pour la première fois à la Maison Blanche) a tout simplement décrété que le Sahara occidental était marocain. Aujourd'hui, nous avons le Groenland et le canal de Panama. Bien entendu, aborder ces questions de manière unilatérale ne fait que semer une tempête qui ne manquera pas éclater à nouveau au bout d'un certain temps.
Nous devons rechercher des accords universellement acceptables. Nous savons à quel point c'est important pour le Maroc. Nous nous efforcerons de lui apporter toute notre assistance possible. Toutefois, la question ne peut être résolue que sur la base d'un accord mutuel et non en imposant quelque chose à l'une des parties.
Source : https://mid.ru/fr/foreign_policy/news/1991476/
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