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dimanche 11 juillet 2021

Soulaiman Raissouni condamné dans un simulacre de procès

Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc

ASDHOM 23, rue du Maroc 75019 Paris

asdhom@asdhom.org    www.asdhom.org

La prison Oukacha de Casablanca capte en ce moment l'attention de toute la communauté internationale sauf malheureusement celle des autorités marocaines qui s'obstinent dans leur ignominie à se délecter de l'agonie d'un de ses pensionnaires. Il s’agit du journaliste indépendant Soulaiman Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar al-Yaoum, journal qui a cessé de paraître non sans pression.

Soulaiman Raissouni y est détenu depuis le 22 mai 2020, soit plus de 13 mois en préventive alors que le code marocain de procédure pénale en prévoit une durée maximale de deux mois prolongeable 5 fois. Faut-il énumérer dans ce communiqué toutes les dernières arrestations que nous pensons arbitraires ? Faut-il étayer pour chaque cas les multiples irrégularités flagrantes qui ont entaché les procédures judiciaires et pénales? Cela ne tiendrait pas dans ce seul communiqué, mais nous y reviendrons prochainement dans le cadre de notre partenariat avec l'AMDH au moment où sera lancée la campagne internationale pour la libération de tous les détenus politiques et d’opinion au Maroc, victimes de l'arbitraire, comme on l’avait annoncé en avril dernier.

L’urgence du moment est de sauver la vie de Soulaiman Raissouni qui a été condamné le vendredi 9 juillet par la Cour d’appel de Casablanca à cinq ans de prison ferme et cent mille dirhams (environ dix mille euros) d’amende. Ses avocats qui se sont retirés des deux dernières audiences parlent de « massacre de la procédure pénale », et pour cause. Du lancement des poursuites contre Soulaiman Raissouni et jusqu’au verdict en passant par son arrestation programmée et filmée par un média de diffamation, les irrégularités et les atteintes à ses droits et aux droits de sa défense, pourtant garantis par la Constitution marocaine, se sont multipliées. Soulaiman Raissouni s’est vu contraint d’observer une grève de la faim depuis le 8 avril 2021, soit plus de trois mois maintenant.

Très affaibli, il n’a eu de cesse de réclamer une assistance pour assister aux audiences et pouvoir se défendre. La délégation générale de l’administration pénitentiaire lui a non seulement refusé cette assistance, mais elle a outrepassé ses prérogatives par la voix de son délégué général en le dénigrant et en mettant en doute sa grève de la faim appuyant ainsi l’accusation. Le tribunal l’a donc condamné en son absence forcée, mais en présence de trois avocats nommés la veille après le retrait de sa défense pour protester justement contre l’absence de son client et aussi l’absence voulue du plaignant qu’elle n’a pas pu interroger lors du procès. Peut-on parler dans ce cas d’un procès équitable ?

Dans un État de droit doté d’une justice indépendante qui se respecte, un tribunal aurait libéré et renvoyé Soulaiman Raissouni chez lui parmi les siens dès la première audience.

Malheureusement pour lui et pour nous, défenseur-e-s des droits humains, nous sommes face à un État qui foule aux pieds tous ses engagements internationaux en matière des droits et libertés dont celles d’opinion et de la presse en écrasant toute voix critique sur son passage.

L’association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) dit son indignation et tient les autorités marocaines pour responsables de ce qui pourrait arriver à Soulaiman Raissouni.

Elle assure ce dernier et ses proches de toute sa solidarité et se tient aux côtés de toutes les organisations et les personnes éprises de justice pour dénoncer ce procès inique monté de toutes pièces et réclamer la libération immédiate de Soulaiman Raissouni pour préparer son procès en appel.

Paris, le 10 juillet 2021

Bureau exécutif de l’ASDHOM

 

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