Francisco Carrión, El
Independiente, 18/2/2025
Traduit par Tafsut Aït Baâmrane, Tlaxcala
« C’est la première fois qu’un ministre français se rend officiellement dans cette région, dans cette province du Sud », s’est vantée Rachida Dati, la ministre française de la Culture, qui a effectué un voyage controversé dans les territoires occupés du Sahara occidental, quelques mois après que le président français Emmanuel Macron avait reconnu la souveraineté marocaine sur l’ancienne province espagnole, la dernière colonie d’Afrique.
Vêtue d’une melhfa
(le vêtement typique des femmes sahraouies), Dati a parcouru El Ayoun, la
capitale du Sahara occidental, et Dakhla, l’ancienne Villa
Cisneros que le Maroc tente de transformer en une ville de tourisme balnéaire.
« C’est une visite politique mais aussi culturelle », a souligné Dati, une
vieille connaissance de la politique française qui occupe ce poste depuis début
2024, sous trois premiers ministres successifs. « Ils connaissent mes
convictions et mon histoire avec le Maroc », a-t-elle déclaré aux journalistes
pour montrer son ferme soutien à la monarchie alaouite et à l’occupation du
Sahara. « C’est un moment politique et symbolique très fort pour les deux pays
», a-t-elle ajouté.
Condamnation du Polisario
La visite a
été condamnée par la République arabe sahraouie démocratique. « Le gouvernement
sahraoui condamne la visite de la ministre française de la Culture, Rachida
Dati, dans les villes occupées de Dakhla et El Ayoun, la considérant comme un
acte hostile et provocateur qui ne peut être interprété que comme une
tentative flagrante de légitimer l’occupation », a déclaré le Front
Polisario dans un communiqué.
À El Ayoun, Dati
a annoncé la création d’une antenne de l’Alliance française. « Nous voulons que
cette Alliance devienne un centre de ressources et un axe clé pour la
coopération culturelle entre la France et le Maroc », a-t-elle glissé lors d’un
itinéraire au cours duquel elle était accompagnée du ministre marocain de la
Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, et de l’ambassadeur
de France au Maroc, Christophe Lecourtier, qui s’était déjà rendu dans les
territoires occupés il y a quelques mois.
Dati a été l’une
des ministres les plus enthousiastes à l’égard de la reconnaissance de Macron
qui a scellé la fin de la crise diplomatique entre Rabat et Paris. Celle qui
était ministre de la Justice sous Nicolas Sarkozy, de père marocain et de mère
algérienne, s’était rendue aux célébrations du 25e anniversaire du règne de Mohamed VI en juillet
dernier, coïncidant avec l’annonce du président français. « C’est un honneur d’être
présente en ce jour historique pour les relations franco-marocaines. Ce cours
de l’Histoire est essentiel et irréversible. Nous en sommes tous les
architectes », a-t-elle gazouillé sur son compte X, anciennement Twitter.
Enthousiaste à l’idée de resserrer les liens avec le Maroc
« Nous
rendons hommage à Sa Majesté le Roi Mohamed VI et au Président de la République
Emmanuel Macron pour leurs visions ambitieuses pour nos deux peuples, qui
savent que, d’une rive à l’autre de la Méditerranée, notre avenir ne peut être
que commun. Vive le Royaume du Maroc et vive la France ! », a-t-elle ajouté.
Selon Dati, « la souveraineté du Maroc est incontestable ». « La position du
président de la République Emmanuel Macron est un événement important et
positif qui renforce la souveraineté du Royaume du Maroc », a-t-elle conclu.
Paris
cherche également à stimuler le commerce et les investissements au Sahara, un
territoire non autonome en attente de décolonisation. À Dakhla, Dati a inauguré
une nouvelle antenne de l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel et du
cinéma (ISMAC) qui formera de jeunes professionnels du cinéma et des médias.
Comme le rappelle Reporters sans frontières, le Sahara est un trou noir de l’information.
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