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lundi 6 novembre 2017

Qui est Abderrahmane A., le plus jeune détenu du Hirak?



La Dépêche 4 septembre 2017
Qui est Abderrahmane A., le plus jeune détenu du Hirak?


© DR

Arrêté le 9 août suite à la marche contestataire à Al Hoceima qui a suivi les funérailles de Imad Laâtabi, Abderrahman A., à 14 ans, est le plus jeune détenu du Hirak. Le 30 août, le juge d’instruction du tribunal d’Al Hoceima a refusé la requête de sa mise en liberté.


La requête avait été déposée par sa défense pour lui “permettre de passer la fête de l’Aid avec sa famille”, nous a confié l’avocat Abdessadak Elbouchattaoui, qui se dit “étonné de ce refus sans motifs par le juge”.

Accusé d’avoir participé à une manifestation non autorisée et d’avoir caillassé les forces de l’ordre, Abderrahman A. se trouve aujourd’hui à la prison des mineurs à Nador (120 km d’Al Hoceima).

Le jeune de 14 ans est un élève en première année du collège, et se trouvait au cimetière le jour des funérailles de Imad Laâtabi, décédé le 8 août suite à une blessure durant la marche du 20 juillet à Al Hoceima. Sa famille et celle de Laâtabi sont voisines, et résident au quartier populaire Bni Boujibar à Al Hoceima. Après l’enterrement du défunt, le collégien a participé à la manifestation qui s’en est suivie et qui a connu des affrontements entre police et manifestants. Le soir même, la police l’a arrêté près de chez lui.  
 Victime ou coupable?
Selon l’avocat Elbouchattaoui, la police avance qu’elle détient une photo du petit, avec une pierre à la main, le jour de la manifestation. Et c’est sur la base de cette photo que le juge d’instruction aurait refusé la liberté provisoire pour l’accusé, “pour les besoins de l’enquête”, explique l’avocat.
“Je l’ai vu moi-même en train de pleurer au cimetière”, assure Me. Elbouchattaoui, poursuivant que le jeune garçon s’était laissé emporter par ses émotions en participant à la marche.
“S’il avait une pierre dans les mains, c’est parce qu’il est victime de la détérioration de la situation à Al Hoceima”, argue l’avocat, qui propose une solution alternative à son emprisonnement: “le remettre à ses parents et leur imposer des mesures comme interdire à l’enfant de sortir le soir”. L’avocat de Abderrahman A. n’en démord pas: “un enfant ne peut être coupable de ses actes, il faut le remettre à ses parents comme l’indique la loi”.

    Que dit la loi?

    Le code pénal marocain définit un cadre juridique spécifique aux mineurs délinquants, comme il les fait bénéficier d'une justice spéciale, différente de celle applicable aux délinquants majeurs.
    Le "mineur délinquant " est, selon le code pénal marocain, celui qui, au jour de la commission de l'infraction, n'a pas encore atteint l'âge de la majorité pénale, fixé à 18 ans révolus.
    Selon l'article 138 du code pénal, “les mineurs de moins de 12 ans sont irresponsables”, pour “défaut de discernement”, et de ce fait, ils échappent à toute condamnation pénale et bénéficient “d’une excuse de minorité”.
    Mais les choses ne sont pas si simples pour le cas d’Abderrahman A., âgé de 14 ans. Car si la loi dispose effectivement que les mineurs bénéficient d’un traitement judiciaire particulier, un mineur qui a entre 12 et 18 ans est considéré comme “partiellement responsable”.
    Il peut donc faire l’objet d’une condamnation pénale, selon l’appréciation par le juge de l’acte commis.

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