samedi 6 janvier 2018

L’heure de la révolution au Maroc





Contribution externe Publié le



Une opinion d'Aïcha Bacha, doctorante en sciences sociales et politiques au Cecid, à l'ULB.

Les réponses des gouvernants face à la colère d’une population désœuvrée par le taux de chômage, la pauvreté et la marginalisation ne convainquent pas. La colère du peuple sera-t-elle enfin entendue cette fois-ci ?

Retour en arrière. Mi-janvier 2011, des bruits vagues ont circulé au Maroc à propos d’un mystérieux appel à manifester. Cet appel a été lancé sur Facebook. Certains observateurs locaux n’ont accordé qu’un crédit limité à cet appel. Ils ont insisté, dans leur analyse, sur la spécificité du cas du Maroc, se basant sur le fait que le Maroc était engagé dans des réformes qualifiées de structurantes et que le changement de cap politique avait été pensé dès les années 1990. Ils ont alors misé sur l’impossibilité de l’émergence d’une révolution semblable à celles de la Tunisie, de l’Egypte, de la Libye, du Yémen, et de la Syrie.
Les manifestations houleuses qui ont secoué les villes marocaines ont démenti toutes les prédictions. Le Maroc est passé par des moments difficiles mais il a été sauvé à la dernière minute par une réforme constitutionnelle qui a calmé les esprits et qui a permis au roi d’établir un accord avec son peuple, pour une période de 6 ans.
Le 28 octobre 2016, Muhsin Fikri, poissonnier marocain auquel on avait confisqué la "marchandise", a été happé par une benne à ordure alors qu’il s’opposait à la destruction de celle-ci. L’événement fut comparable à une allumette déclenchant des feux de contestations dans toutes les régions du Maroc. Arabes et berbères, musulmans et juifs se sont manifestés dans les rues sous le même slogan : "Nous sommes tous Muhsin fikri", et le hashtag #broie-le a envahi la toile. Un an après, cette colère n’est toujours pas éteinte.

La réaction du pouvoir
Après ces vagues de manifestations, le souverain a réagi de deux manières distinctes : la première a consisté à envoyer Mohamed Hassad, ministre de l’Intérieur, rendre visite à la famille du défunt et présenter ses condoléances tout en lui ordonnant d’aller jusqu’au bout de l’enquête.
Sa deuxième réaction : la répression des manifestations par les moyens les plus brutaux.

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