Le Maroc emploie des lobbies pour influencer les décisions de Washington au sujet de la question du Sahara occidental, a affirmé, jeudi, le sénateur James Inhofe, devant le Congrès américain, a rapporté hier l’APS.
«Actuellement, le Maroc est représenté par (les firmes) JPC Strategies, Third Circle et Neale Creek qui sont payés en moyenne plus d’un million de dollars par an. Tous ces lobbyistes, à Washington, ont été engagés par le Maroc», a déclaré James Inhofe qui occupe le poste de président de la commission défense du Sénat américain.
Inhofe a évoqué également sept autres cabinets spécialisés dans les questions politiques, engagés par le Maroc durant l’année 2005. Il s’agit de «The Livingston Group, Tew Cardenas, Edelman public relations, Miller & Chevalier, Gabriel and Company, Robert Holley et Whiton Case».
«Qui parlera au nom du peuple du Sahara occidental (à Washington) ? Il n’a personne», a-t-il indiqué au cours d’une audition au Sénat en rapport avec la reconnaissance, par le président américain sortant, Donald Trump, de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Il a observé aussi que les réactions, à l’échelle mondiale, ont été clairement défavorables à cette annonce, qui a été faite en contrepartie de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël.
Il a cité, entre autres, les Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne, l’Algérie et le Royaume-Uni, qui ont tous considéré la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis comme contraire au droit international et au droit à l’autodétermination, reconnu au peuple sahraoui par la communauté internationale.
Le sénateur a attiré l’attention sur le fait que l’Organisation des nations unies et l’Union africaine ont annoncé que leur position restait «inchangée» vis-à-vis de la question sahraouie.
«L’Union européenne a dit que le statut du Sahara occidental n’avait pas été déterminé et qu’il devait être négocié dans le cadre d’un processus mené par les Nations unies», a-t-il ajouté, relevant que le Royaume-Uni a également décidé de maintenir inchangée sa position concernant le Sahara occidental.
«L’Algérie a déclaré que la question du Sahara occidental est une question de décolonisation, qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international et dans le cadre du respect de la Charte des Nations unies et de l’Union africaine qui reconnaissent au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination», a poursuivi le sénateur républicain.
«Dès la proclamation faite par le Polisario relative à la création de la République arabe sahraouie démocratique en 1976, 84 pays ont reconnu le Sahara occidental comme Etat indépendant», a-t-il rappelé.
Il a, par ailleurs, affirmé que les Etats-Unis soutiennent, depuis 1966, le droit au peuple sahraoui d’avoir son propre pays, évoquant les différents accords commerciaux signés entre les Etats-Unis et le Maroc et qui ne couvraient pas le territoire sahraoui, précisément en raison de la non-reconnaissance, par les Etats-Unis, du Sahara occidental comme faisant partie du Maroc.
Le sénateur a signalé que ce qui se passe au Sahara occidental a longtemps été considéré comme «un conflit gelé» qui a placé le peuple sahraoui dans une situation de blocage. «Lorsque l’on parle de conflit gelé, on sait que rien ne va se produire», plaçant le peuple sahraoui dans les «limbes, attendant un référendum promis, bien des années en arrière, en 1966», a-t-il constaté.
«Ce conflit oublié a permis au Maroc de continuer à piétiner les droits de l’homme» dans les territoires occupés, a-t-il poursuivi. James Inhofe, sénateur de l’Oklahoma, fervent défenseur de la cause sahraouie, a été jusqu’à récemment un proche conseiller de Donald Trump avant de s’en séparer après une brouille au sujet d’amendements à apporter au budget américain de la Défense.
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