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samedi 17 juillet 2021

Amnesty International dénonce "les souffrances des personnes interceptées en mer et renvoyées en Libye"

L'organisation de défense des droits humains s'insurge également contre "la complicité des Etats européens qui continuent honteusement d'aider les gardes-côtes libyens à capturer des personnes en mer et à les renvoyer de force dans l'enfer de la détention en Libye".

Article rédigé par
France Télévisions Rédaction Afrique
Publié Des migrants africains internés au camp d'Al-Hamra, à 106 kilomètres au sud de la capitale Tripoli, protestent contre leur détention en Libye, le 2 février 2018. (MAHMUD TURKIA / AFP)

Dans son dernier rapport, publié le 15 juillet 2021, Amnesty international (AI) dénonce le traitement que subissent les migrants interceptés en Méditerranée et envoyés dans des centres de détention en Libye. L'ONG y déplore également l'aide "honteuse" des Européens. 

Des dizaines de milliers de migrants passent par la Libye pour tenter de gagner l'Europe par la mer. Ce pays est en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Les violations se poursuivent "malgré les engagements"

Dans son rapport intitulé No one will look for you : Forcibly returned from sea to abusive detention in Libya (Personne ne vous cherchera : renvoyé de force de la mer vers une détention abusive en Libye), Amnesty International indique que "les violations commises depuis une décennie contre les personnes réfugiées et migrantes se sont poursuivies sans relâche dans les centres de détention libyens durant les six premiers mois de 2021, malgré les engagements répétés à y mettre un terme".  

Selon l'organisation, la Direction libyenne de lutte contre les migrations illégales (DCIM), qui dépend du ministère libyen de l'Intérieur, a "légitimé" fin 2020 des violations des droits humains en prenant le contrôle de deux centres de détention gérés par des milices, où des centaines de réfugiés et de migrants ont fait l'objet de disparitions forcées ces dernières années.

Le rapport fait état de coups, violences sexuelles, extorsion de rançons, travail forcé et conditions de détention inhumaines dans sept centres de la DCIM en Libye. 

"Ce rapport effroyable jette une nouvelle lumière sur les souffrances des personnes interceptées en mer et renvoyées en Libye, où elles sont immédiatement détenues arbitrairement et systématiquement soumises à des actes de torture, des violences sexuelles, au travail forcé et à d'autres formes d'exploitation en toute impunité"

Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, dans le rapport de l'organisation de défense des droits de l'Homme

L'ONG a appelé les autorités libyennes à fermer "immédiatement" ces centres de détention.

L'organisation interpelle les Etats européens

Amnesty International a par ailleurs dénoncé "la complicité des Etats européens qui continuent honteusement d'aider les gardes-côtes libyens à capturer des personnes en mer et à les renvoyer de force dans l'enfer de la détention en Libye, alors qu’ils ont parfaitement connaissance des horreurs que ces personnes vont subir". Les Etats européens "doivent suspendre leur coopération sur les migrations et les contrôles des frontières avec la Libye", et aider "de façon urgente des milliers de personnes coincées là-bas et ayant besoin d'être protégées", a indiqué Amnesty.

Entre janvier et juin 2021, les gardes-côtes libyens, soutenus par l’Union européenne, ont intercepté en mer et reconduit en Libye quelque 15 000 personnes – soit plus que sur toute l’année 2020 – durant des opérations dites de "sauvetage", précise Amnesty selon qui "L'Italie et d'autres Etats membres de l’UE continuent par ailleurs de fournir une aide matérielle, dont des vedettes rapides, aux gardes-côtes libyens, et œuvrent à la mise en place d’un centre de coordination maritime dans le port de Tripoli, principalement financé par le Fonds d’affectation spéciale de l’UE pour l’Afrique".

 

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