Source : LesInfos.ma
03/07/2018 11:30
Condamné à trois ans ferme et 3.000 dirhams d’amende, le directeur du site « Badil.info » fera finalement appel de son jugement. Retour sur un cas qui suscite bien des polémiques.
L’épouse du directeur du site d’information « Badil » avait d’abord
annoncé que son mari n’allait pas faire appel de son jugement, mais ses
avocats – Me Mohamed El Haini et Me Habib Hajji - ont affirmé le
contraire, lundi soir sur un post Facebook. La condamnation de Hamid El
Mahdaoui, jugée très lourde, suscite l’indignation tant dans les milieux
des médias qu’associatifs et l’appel pourrait peut-être faire basculer
les choses.
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Amnesty international monte au créneau
Poursuivi indépendamment des acteurs du Hirak pour « non-dénonciation
d’une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l’Etat », le
fondateur du site d’information « Badil » a écopé de trois ans de prison
ferme et 3.000 dirhams d’amende. Une surprise pour Amnesty
International. Ainsi, Yasmina Kacha, chercheuse pour l’organisation
internationale et directrice du bureau Afrique du Nord à Reporters sans
frontières explique que cette condamnation montre que la situation au
Maroc est extrêmement difficile pour les journalistes. « Lorsqu’il a été
annoncé que son dossier était séparé des autres jugements, on
s’attendait à ce qu’il soit libéré », s’étonne la chercheuse auprès de
nos confrères de Libération. « Il est maintenu en détention à
l’isolement depuis bientôt un an, il a mené plusieurs grèves de la faim
et on le condamne pour avoir parlé au téléphone et avoir reçu des appels
de sources potentielles. C’est le choc ».
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Propos insensés
En effet, la justice marocaine a procédé à l’arrestation du journaliste
sur la base de sept conversations téléphoniques dans lesquelles Hamid
El Mahdaoui s’était entretenu avec un certain Ismaïl Bouazzati,
ressortissant marocain originaire d’Al Hoceïma et établi à Amsterdam.
Dans ces communications, Ismaïl Bouazzati avait fait part de son souhait
d’introduire des armes et des chars d’assaut sur le territoire
marocain, des propos que le patron de « Badil » a jugés complètement
insensés expliquant qu’il n’a, de ce fait, rien caché aux autorités.
Lors de son audience le 27 juin dernier, le journaliste a refusé que les
enregistrements téléphoniques soient réécoutés.
Hamid El Mahdaoui a été arrêté le 20 juillet 2017 à Al Hoceïma, alors
en pleine révolte, avec d’autres acteurs de la contestation. Il a été
condamné une première fois à trois mois de prison ferme pour
« incitation d’individus à commettre des délits par des discours et des
cris dans des lieux publics », avant que l’affaire des échanges
téléphoniques ne vienne alourdir sa peine. Il est à rappeler que le
journaliste n’est pas à sa première condamnation. À l’origine de
révélations sur la mort de Karim Lachgar – il avait expliqué que
l’activiste avait été victime de torture dans un commissariat en 2014 -
il avait déjà été condamné à quatre mois de prison pour diffamation.
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