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mercredi 15 août 2018

Maroc : Il était une fois un hacker dénommé Chris Coleman

11 août 2018

4 journalistes français dénoncés par le hacker Chris Coleman Octobre 2014, des centaines de documents de la diplomatie marocaine sont publiés pêle-mêle sur Twitter par un mystérieux hacker, sous le pseudo @chris_coleman24. Corruption de journalistes étrangers par le régime marocain, coulisses de la politique chérifienne sur la question du Sahara : les informations dévoilées par ces câbles diplomatiques ont été vérifiées des spécialistes du site “Arrêt sur images”. 

  Les autorités marocaines, trop embarrassées par ces révélations, ont gardé le silence, ce qui confirme l’authenticité des documents mis sur la toile par le mystérieux hacker. Des correspondances entre diplomates, mails personnels, dossiers confidentiels : ces documents concernent principalement le ministère marocain des Affaires étrangères (rapports, notes confidentiels des ambassades et consulats du Maroc à l’étranger, les boîtes mail de Ouali Tagma, directeur, à l’époque, du Département des affaires africaines, celle de Mbarka Bouaida, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères); des boîtes mail de personnes proches de la DGED, le service d’espionnage extérieur marocain (Ahmed Charaï, propritétaire de plusieurs publications, Mourad El Ghoul, directeur du cabinet de Yassine Mansouri, patron de la DGED). Ces documents sont au nombre de plusieurs milliers dont une grande majorité sont liées à la position du Sahara et montrent, ce qui n’a pas surpris les observateurs réguliers de cette question, que la diplomatie chérifienne est guidée par la question sahraouie. 

Financement du lobby pro-marocain en France et aux Etats-Unis, accointance des services secrets du Maroc avec le lobby juif, les informations livrées par « Chris Coleman » attaquent le royaume chérifien sur des points sensibles. Ces révélations ciblent ainsi des journalistes français, américains et même italiens qui auraient été achetés par les services de contre-espionnage marocains pour défendre les intérêts du Maroc dans le conflit sahraoui. Le dénommé « Chris Coleman » pointe aussi du doigt trois fonctionnaires de l’ONU qui auraient échangé des informations avec des diplomates marocains, notamment l’ex-ambassadeur à Genève, Omar Hilale, devenu quelques mois plus tard représentant permanent du Maroc aux Nations unies à New York. Le hacker révèle surtout les dessous du renoncement des Etats-Unis à leur demande d’élargissement du mandat de la Minurso (la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental) aux droits humains auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU. A ce sujet, le journaliste espagnol Ignacio Cembrero évoque, dans un article repris par le journal électronique Orient XXI, l’échange entre Barack Obama et le roi Mohamed VI, dans lequel on apprend que le Maroc s’engage à trois concessions en échange du recul de la Maison Blanche : l’arrêt du jugement des civils par des tribunaux militaires, la facilitation des visites au Sahara des fonctionnaires du Haut Commissariat aux droits de l’homme et la légalisation des associations sahraouies indépendantistes comme le Collectif sahraoui des défenseurs des droits de l’homme (Codesa) présidé par Aminatou Haidar. Le Makhzen finira par légaliser l’association ASVDH, dont le président est Brahim Dahane, un ancien prisonnier politique de l’ère de Hassan II. Les documents du hacker Chris Coleman montrent bien quelles sont les méthodes utilisées par le Maroc pour soigner son image extérieur: des journalistes américains payés à 60.000 dollars pour un article, du lobbying auprés des milieux juifs américains, des think tanks américains et français engagés afin de produire des rapports favorables au Maroc et dénigrant l’Algérie et le Polisario. C’est vrai que le Maroc a toujours travaillé son image. Et il est prêt à tout pour soigner cette image, y compris avoir des amis dans les instances qui vont davantage la soigner. Les documents du hacker Chris Coleman montrent bien quelles sont les méthodes utilisées par le Maroc pour avoir cette image-là. Il y a aussi cette comparaison avec les autres pays de la région. Parmi les perles publiées par le hacker Coleman se trouve une missive adressée par Mohamed Fadel Benyaich à José Manuel García-Margallo, ministre des affaires étrangères articulée en trois (3) petits paragraphes où on relève pas moins de quatorze (14) fautes d’orthographe et de conjugaison. Benyaich était à l’époque ambassadeur du Maroc à Madrid, poste occupé aujourd’hui par sa sœur.

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