Blog du Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA), créé en février 2009 à l'initiative de Solidarité Maroc 05, AZLS et Tlaxcala
Si
Hassan II avait le courage de ses abominations, les admettant parfois
jusque dans certains de ses discours, Mohammed VI en reprend la plupart à
son compte, le courage en moins. Autant le père avait la menace
tonitruante, autant le fils fait profil bas, dans le but de faire
croire que les exactions ne sont pas de son fait. La stratégie qui a si
bien fonctionné aux premières années du règne, semble avoir atteint ses
limites et la théorie du gentil roi pris dans les filets d’un Makhzen
omnipotent et cruel, ne trompe plus personne. Alors comme le criminel en
série change de modus operandi lorsqu’il est sur le point d’être
démasqué, la police politique de Mohammed VI maquille, à présent, sa
coercition en la mâtinant de subtilités et de ruses avec une
inclination particulière pour les scandales sexuels, au moyen de
montages photos, vidéos pornographiques assortis de chantage ou pire,
d’accusations de viol contre les journalistes.
Pour qui connaît la
société marocaine où la pudeur est érigée en postulat sinon en dogme,
traîner la souillure de pareil scandale discrédite définitivement et
aliène l’empathie que l'on est en droit d’attendre de ses semblables. Du
moins, c’est ainsi que Mohammed VI semble concevoir les scénarios de
lutte contre ses opposants, dans cette seconde moitié de règne.
Pour
arriver à ses fins et piéger ses victimes, le Makhzen utilise les
technologies de son temps, comme la surveillance informatique et
l’espionnage des téléphones qui vont lui révéler les détails les plus
intimes de la vie des journalistes et faciliter ainsi le moment de
l’interpellation.
Le cas Hicham Mansouri
Hicham Mansouri est journaliste. En 2009, il créé, avec plusieurs confrères, l’Association Marocaine du Journalisme d’Investigation (AMJI), reconnue par les autorités en 2011, deux jours après le lancement des manifestations du Mouvement du vingt février. Le Printemps Arabe venait
de commencer et les autorités qui étaient dans l’expectative, ont
préféré reconnaître l’association. Au sein de l’AMJI, plusieurs
figures militantes dont Maati Monjib, universitaire, journaliste, défenseur des droits humains et président de l’association « Freedom now ».
Parmi les membres de l’association, figure également Ali Anouzla,
journaliste. Il n’en fallait pas plus pour exciter la vindicte du
Makhzen. Très tôt, censures et menaces pleuvent sur l’association dont
le site est finalement piraté et son contenu infecté par du contenu
pornographique.
Le
24 septembre 2014, alors qu’il sort de l’hôtel Ibis qui flanque la gare
de l’Agdal à Rabat, Mansouri est pris à partie par deux inconnus et
roué de coups, sans autre forme de procès. Le journaliste sortait de
réunion avec Maati Monjib. Les deux hommes préparaient une série de
conférences sur les « Médias et droits humains ». Les conférences
seront interdites et Andréa Nüsse, directrice de l’antenne de la Fondation Friedrich Naumann, priée de quitter le Maroc, en raison de son étroite collaboration avec l'Association Marocaine des Droits de l'Homme (AMDH).
Le
15 mars 2015, un fabriquant de logiciel confirme au journaliste qu’un
outil-espion est bien installé comme il s’en doutait, sur son
ordinateur, depuis « deux adresses IP protégées » qui ne peuvent être
supprimées même après réinitialisation de ce dernier.
Deux
jours plus tard, le 17 mars, au matin, une dizaine de policiers en
civil, enfonce violemment la porte de son domicile. Selon la version
officielle, le journaliste est surpris en flagrant délit d’adultère, la
femme qui se trouve avec lui étant mariée. Les inspecteurs prennent des
photos compromettantes du couple nu et traînent le journaliste hors de
l’appartement, au vu et au su du voisinage, une simple serviette
couvrant ses parties intimes.
En
réalité, après avoir brisé la porte, les policiers battent le
journaliste, le frappent au visage et contraignent le couple à se
déshabiller, avant de les photographier, histoire de conforter le
flagrant délit de « relations sexuelles en dehors du mariage». Comme
c’est toujours le cas au Maroc, la justice « bonifie » les charges avec
la qualification de « préparation d'un local pour la prostitution». Des
charges susceptibles d’alourdir la peine. Conduit au commissariat, le
journaliste est détenu pendant quarante-huit heures, sans pouvoir
contacter ni son avocat ni sa famille. Au terme de sa garde-à-vue, il
est incarcéré en attente de son jugement.
Le 25 mars 2015, L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme publie un communiqué où il « condamne
l’agression, l’arrestation et la détention de M. Mansouri, en ce
qu’elles ne semblent viser qu’à entraver ses activités de défense des
droits humains. L’Observatoire appelle ainsi les autorités marocaines à
relâcher immédiatement et inconditionnellement M. Mansouri. »
Le
27 mai 2015, la Chambre d'appel du tribunal de première instance de
Rabat confirme la peine prononcée contre Hicham Mansouri, le 30 mars, en
première instance : dix mois de prison, assortis d’une amende de près
de quatre mille (4 000) Euros.
Le 28 mai 2015, Front Line Defenders publie une déclaration se disant « préoccupée
par l'arrestation, la détention et l'agression d'Hicham Mansouri, car
ces actes semblent uniquement liés à son travail légitime et pacifique,
en faveur des droits humains. » et l’organisation de se dire « préoccupée
par l'augmentation des actes qui visent les défenseurs des droits
humains au Maroc, notamment les arrestations, les campagnes de
diffamation, les menaces et les poursuites. »
Alors
qu’il purge sa peine à la prison Zaki 1, à Salé, le journaliste est
soumis à de constantes humiliations, passages à tabac et tortures
morales et physiques ce qui le fait « clairement penser à une vengeance téléguidée, de la part de la « main invisible » qui contrôle tout le processus judiciaire. »
Au
petit matin du 25 août 2015, l’acharnement du régime prend une tournure
bien plus grave. L’homme est réveillé sans ménagement par les gardiens
qui le confient aux inspecteurs de la Brigade Nationale de la Police
Judiciaire. Conduit à leur siège à Casablanca, il se voit notifier les
charges d’« atteinte à la sûreté de l'Etat », en vertu de l'article
206 du Code pénal. Il est accusé d’avoir fait, en 2014, la promotion
de l'application StoryMaker pour Smartphone, lors de son travail avec Free Press Unlimited.
Si
Mansouri est libéré le 17 janvier 2016 pour l’affaire d’adultère, ses
ennuis continuent. Tout comme elle le fait avec Anouzla depuis
l’affaire du lien de la vidéo d’AQMI, la justice marocaine déploie son
épée de Damoclès en renvoyant son procès, pour la seconde affaire liée à
la sureté de l’état, à une quinzaine de reprises. Entretemps, l’homme
s’est exilé en France au lendemain de sa libération. Il s’en explique :
-« J'ai quitté
le Maroc après avoir perdu confiance en la justice. A ce que m’ont fait
subir les policiers est venu s’ajouter le traitement inhumain subi en
prison……………Il règne dans le pays un climat délétère surréaliste qui
confirme l’inexorable montée en puissance des sécuritaires à laquelle
s'ajoutent un vide politique et un climat de peur. Le tout se traduist
par une forte autocensure et la disparition de la presse d’opinion. »
A
ce point de la confrontation entre le régime et les journalistes, ses
méthodes coercitives éventées, la police politique de Mohammed VI change
son modus operandi, le teintant d’affaires de mœurs qui n’avaient
jusque-là touché que des islamistes, comme ce fut le cas pour Nadia
Yassine, lorsqu’une vidéo la montrant à Athènes en Grèce, en compagnie
d’un ancien camarade du lycée français de Marrakech et membre d’Al-Adl Wal-Ihsane,
Youssef Alaoui Slimani, avait surgi sur la toile le dimanche 12 juin
2011. Les images furent imputées par la porte-parole de la Jamaa, au
Makhzen. Difficile, en effet, d’imaginer le commun des mortels jouant au
paparazzi, après s’être enquis de la date du voyage, de l’itinéraire
et du lieu de séjour du couple. Seule la police en avait les moyens et
le mobile : faire taire l’islamiste, tout comme elle tente, à présent,
de le faire avec Hicham Mansouri.
Depuis
l’incident, Nadia Yassine s’est retirée de la vie politique. Exilé en
France comme réfugié politique, Hicham Mansouri poursuit son combat pour
la liberté.
A
l’aube de l’année 2018, alors que l’état marocain semble avoir
définitivement renoué avec son passé sombre, ce qui reste de presse
libre, fait après l’« élimination » du « Journal Hebdomadaire »,
d’« Assahifa », de « Demain », de « Douman », de « Lakome.com » et de
« Badil info », dans la prudence, sinon dans l’autocensure, sauf Akhbar Al-Yaoum et Al-Yaoum24.
Avec
des dizaines de milliers de lecteurs, Akhbar Al-Yaoum est aux
publications arabophones, ce que fut, le Journal Hebdomadaire aux
éditions francophones. Par ses analyses géopolitiques pertinentes, ses
brillants éditoriaux et le ton résolument engagé et critique vis-à-vis
du pouvoir, le quotidien dérangeait bien au-delà des frontières du pays.
Son patron avait déjà eu maille à partir avec la justice, condamné en
2015, pour diffamation envers le ministre de l'Agriculture et de la
Pêche, Aziz Akhannouch, et celui de l'Economie et des Finances, Mohamed Bousaïd.
Mais
le procès le plus inique, fut celui du 23 octobre 2009. L’homme et son
dessinateur comparaissaient en justice, pour « offense à la famille
royale ». Quelques jours auparavant, pourtant, on se souvient d’un
Taoufik Bouachrine battant sa coulpe au micro de l’AFP :
- « Nous
sommes disposés à présenter des excuses si le Prince estime que la
caricature a porté atteinte à son image ………………..Nous ne visons pas le
drapeau national et n’avons rien contre le Prince Moulay Ismaïl ».
Akhbar
Al-Yaoum avait publié dans son édition du 26 et 27 septembre 2009, une
caricature de Khalid Gueddar, représentant le cousin du roi, à la
cérémonie de son mariage, juché sur un palanquin, avec, en arrière-fond,
un drapeau rouge frappé de l’étoile de David. Une caricature, somme
toute, très banale et en rien insultante mais qui fut le prétexte
qu'attendaient les autorités pour traîner les deux trublions au prétoire
où ils s’y entendirent condamner à trois ans de prison avec sursis et
trois cent mille (300 000) Euros de dommages et intérêts à la
« victime ».
Dans
le cadre de la même caricature, le ministère de l'Intérieur avait
également porté plainte contre les deux journalistes, pour « offense au
drapeau national », en raison du remplacement de l’étoile
« chérifienne » par celle à six branches.
Le ministère se fendra d’une déclaration stipulant que « l'utilisation
de l'étoile de David dans la caricature, suscite (...) des
interrogations sur les insinuations de ses auteurs et dénote des
penchants d'antisémitisme flagrant ».
Acharnement
coupable et ignorance crasse. N’importe quel historien l’aurait
confirmé au tribunal, ce vendredi-là : qu’on l’appelle « Khatem
Sayidouna Souleymane » (sceau de Salomon) ou « Etoile de David », le symbole en question a toujours émaillé l’histoire du Maroc, au cours des siècles,
sur le sceau du sultan Abdelhafid, sur les « Fels » et les « Rials »,
frappés tant par ce dernier que par Mohamed V, en 1879, 1921 et 1953.
L’étoile à six branches figura longtemps, partout. Sur les timbres du
royaume, sur les obligations du 1° juin 1912 et les actions émises par
le Protectorat français, sur les zelliges des décorations
hispano-mauresques, sur les fanions des troupes marocaines, sur les
uniformes des Régiments des Tirailleurs Marocains (RTM) et des Spahis.
Le dictionnaire Larousse en est la meilleure preuve. Sa publication de
1938, illustrait le pays d’un drapeau rouge, frappé de l’étoile de David
verte.
Et
pourquoi ne pas mettre le dessinateur au bénéfice d’un doute
raisonnable, en considérant que c’est probablement cette séculaire
tradition judéo-berbère, remontant à la nuit des temps, qui consiste à
promener les mariés sur un palanquin, qui pourrait lui avoir inspiré
cette association, en référence à nos symboles du passé ?
Et
pourquoi céder à la paranoïa et faire un procès d’intention en
soupçonnant injustement le caricaturiste et d’antisémitisme, plutôt
qu’interroger l’histoire pour se convaincre que les deux triangles
isocèles superposés, ne sont, de surcroît, et contrairement aux idées
reçues, pas un symbole propre aux Juifs ?
L’étoile
à six branches symbolise, en effet, dans les trois cultures, juive,
chrétienne et musulmane, la sagesse, la vie et la santé. Tout ce que
pouvaient souhaiter, sans doute, Taoufik Bouachrine et Khalid Gueddar,
aux jeunes mariés, Ismaël Alaoui et Anissa Lehmkuhl qu’ils ne connaissaient pas et envers lesquels ils ne nourrissaient ni animosité ni détestation.
Pourtant
au cours de ce même vendredi, le tribunal condamne les deux hommes à un
an de prison avec sursis et à une amende de dix mille (10 000) Euros.
Le
23 février 2018, à 16.40, une vingtaine de policiers en civil, font
irruption au dix-septième étage de la Tour Habous, au 14, Avenue Des
Forces Armées Royales, à Casablanca. Ils viennent interpeler Taoufik
Bouachrine. Sans être brutale, l’intervention est musclée. Les
inspecteurs contrôlent les identités des personnes présentes puis
placent le Directeur de journal en garde-à-vue, avant de se livrer à
une perquisition minutieuse des lieux.
« Ils ont fouillé les bureaux du journal, pris des photos et confisqué la clé » racontera Mounir Abou Al Maali, journaliste présent sur place.
Dans
la soirée, un communiqué du procureur général près la cour d’appel de
Casablanca confirme l’interpellation sans en préciser les motifs.
Le 26 février, un nouveau communiqué confirme l’arrestation et la met au compte de plusieurs « plaintes pour agressions sexuelles parvenues au ministère public». Il est fait également fait mention d’une cinquantaine de vidéos sur lesquelles on apercevrait huit victimes présumées.
Le
27 février, Akhbar Al-Yaoum publie des informations faisant état de
caméras placées dans les bureaux du journal ainsi que de pressions sous
forme de « menaces de diffusion de photos d’ordre privé » sur certains journalistes pour qu’ils portent plainte contre Taoufiq Bouachrine.
Le quotidien poursuit : « Les
médias qui dérangent sont menacés, les journalistes espionnés et des
photos relatives à leur vie privée peuvent être utilisées contre eux »,
Le 25 avril 2018, dans une vidéo d’Al-Yaoum24,
Afaf Bernani raconte comment de simple témoin, elle s’est retrouvée,
à son corps défendant, parmi la liste des plaignantes contre Taoufik
Bouachrine, après avoir signé un procès-verbal de police, le 24 février.
Un document qu’elle dit avoir trouvé bien plus volumineux que ce
qu’elle avait déclaré au policier. Lorsqu’elle porte plainte contre
l’enquêteur, elle est condamnée à six mois de prison ferme pour
diffamation. La jeune fille affirme que les policiers l’ont filmé
lisant, à leur demande, ce qui était supposé être son procès-verbal et
dans lequel il était fait mention de harcèlement sexuel de la part de
son patron. Ses dénégations à ce propos, seront coupées au montage et le
film présenté au tribunal, confortera l’accusation de diffamation.
Afaf Bernani achève sa vidéo en niant totalement avoir un jour fait
l’objet d’un quelconque harcèlement, agression ou maltraitance de
l’éditorialiste dont elle dit qu’il s’est toujours comporté
honorablement avec elle.
Le
26 février 2019, Amnesty International appelle, après enquête, les
autorités marocaines à libérer immédiatement le patron de presse et
dénonce un procès politique.
Mohamed Sektaoui, secrétaire général d'Amnesty Maroc, déclare au cours d’une conférence de presse tenue à Rabat :
-« Nous
considérons que l'incarcération de Bouachrine est une affaire de
liberté d'expression. Il paie, au prix fort, son droit d'exprimer
pacifiquement des opinions critiques……..Les
experts de l'ONU dont l'objectivité et l'honnêteté ne peuvent être mises
en doute (...) ont émis un avis clair et tranchant dans cette affaire:
ils considèrent que la détention de Bouachrine est arbitraire, il faut
donc le libérer immédiatement.»
Alors
que Taoufik Bouachrine dort en prison, dans l’attente de son procès, il
apparaît que c’est une série d’articles critiques sur le prince
héritier Mohamed Ben Salmane d’Arabie saoudite qui soit à l’origine de ses ennuis. En effet, le 27 juin 2019, The Guardian
publie une interview d’Asmae Moussaoui, son épouse, dans laquelle elle
explique que les articles en question avaient mis MBS hors de lui et
que « le Maroc subissait des pressions énormes pour réduire au silence le journaliste ». Madame Bouachrine explique également que des sms de Jamal Khashoggi
à son mari, l’avertissaient de menaces graves qui pesaient sur lui.
Entre octobre 2017 et janvier 2018, le journaliste saoudien qui sera
assassiné le 2 octobre 2018, à l’ambassade d’Arabie saoudite à Ankara,
n’avait cessé de prévenir l’éditorialiste d’Akhbar Al-Yaoum et de lui
déconseiller vivement de se rendre en Arabie saoudite où il risquait un
assassinat.
Nullement
impressionnée par les admonestations de Reporters Sans Frontières,
d’Amnesty International, du Comité de protection des journalistes et les
dénonciations nationales et internationales de ses pratiques pour
museler les journalistes, la justice marocaine condamne Taoufik Bouachrine,
le 9 novembre 2019, à douze (12) années de réclusion pour « traite
d’êtres humains, abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative
de viol ». La condamnation pousse plusieurs experts du Conseil des droits humains des Nations unies, après enquête minutieuse à stigmatiser une détention «arbitraire», un «harcèlement judiciaire» et une insuffisance de preuves et de «témoignages à charge».
De
son côté, pour la première fois, la justice faisait état de preuves à
charge, sous la forme de vidéos. Leur projection en pleine audience,
provoquera la colère de Maître Mohamed Ziane.
L’avocat ne s’est pas privé d’exprimer son plus grand scepticisme,
clamant n’avoir absolument pas reconnu son client dans le film en
question, tourné, de surcroît, dans la pénombre et dont l’acteur
masculin était visiblement bien plus corpulent que Taoufik Bouachrine.
L’éditorialiste
qui a toujours nié les faits qui lui étaient imputés, boycotte les
dernières audiences de son procès pour dénoncer ce qu’il considère comme
un procès politique. Le 26 octobre 2019, après sept heures de
délibérations, la cour d’appel alourdit la peine à quinze (15) ans
d’emprisonnement, assortis de deux-cent-cinquante mille (250 000) Euros
d'indemnités pour les huit plaignantes.
Pendant
tout le temps qu’a duré la procédure, de prétendus journaux
électroniques « initiés » par les autorités n’ont cessé de rendre compte
des moindres détails des comparutions, des convocations, des
interrogatoires, au mépris du secret de l’instruction. Bien pire et
comme l’a si bien décrit Afaf Bernani, les noms des prétendus victimes
de Bouachrine, leur adresse, leur numéro de téléphone ont été jetés en
pâture aux chiens qui ne se sont pas privés de leur faire payer
chèrement tout rétropédalage ou démenti. L’accusé a, de facto, été privé
de la présomption d’innocence. Autant de faits réprimés sévèrement par
la loi.
Dans
un état de droit, le procès Bouachrine n’aurait jamais dû avoir lieu,
en raison des doutes que les charges produites ont suscités et de la
suspicion de forfaiture et de fabrication de preuves qui l’ont entaché.
Interviewé
le 13 juin 2012, par Ilhem Rachidi, Khalid Gueddar, toujours dans le
viseur des autorités, donnera son sentiment sur la situation des
libertés, lorsque la justice revancharde de Mohammed VI, rattrapera le
rappeur Mouad Belghouat, Alias El Haqed comme elle rattrapa la plupart
des militants du « Mouvement du Vingt Février ». Il dit :
« Mettre
un chanteur de rap en prison,……………….montre le vrai visage du régime
marocain. C’est une dictature et on continuera à être une dictature tant
qu’on mettra des artistes en prison et qu’on laissera les gens qui ont
été condamnés par la justice pour avoir pillé les richesses du pays et
les trafiquants de drogue, libres. »
Le
dessinateur ignorait combien ses paroles feraient encore sens en 2021.
Il suffit de remplacer chanteur de rap et artiste par journaliste.
La
justice de Mohammed VI a, depuis longtemps, perdu toute crédibilité, en
raison de son alignement systématique sur le parquet soumis aux
instructions téléphonées, pour « liquider » les voix dissonantes.
Taoufik Bouachrine, tout comme Hicham Mansouri avant lui, ont, les
premiers, parmi les journalistes à avoir expérimenté à leurs dépens, le
nouveau mode opératoire du Makhzen, les affaires de mœurs, pour les
faire taire. Le premier croupit en prison. Le second a dû fuir son pays
afin d’échapper au pire.
A suivre
Ce site gratuit est financé par la publicité. En savoir plus
L’avocat, un fruit au goût amer
-
ENASS.ma a produit durant les dernières semaines une enquête sur les
cultures consommatrices d’eau au Maroc et plus précisément l’avocat. Notre
travail m...
Gedichte für Palästina
-
*Aktuelle Gedichte von neun palästinensischen DichterInnen und Aktionen,
die Ihr jetzt ergreifen könnt, um den Völkermord zu stoppen*
*Übersetzt von Mil...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire