C’est
un président largement déconsidéré qui a appelé l’unité nationale et à
la solidarité. Lorsque l’urgence est la crise sanitaire, il faut
effectivement se protéger et protéger la collectivité. Les risques liés à
la diffusion du Covid-19 ne doivent pas être minimisés au prétexte
d’une vulnérabilité qui se réduirait aux plus âgé.es ou aux personnes
fragiles : ce sont nos ami.es, nos parents ou grand parents. La réduction des risques est une responsabilité de tou·tes.
Ce
même esprit de responsabilité devrait animer Emmanuel Macron et son
gouvernement. Eux qui ont cru bon en début d’épidémie de convoquer un
conseil des ministres déclenchant le 49.3 en urgence sur le projet de
loi sur les retraites, doivent immédiatement, au nom même de cet esprit
de responsabilité, suspendre le processus législatif sur la réforme des
retraites, comme les organisations syndicales l’ont réclamé.
Les
personnels hospitaliers, en première ligne face à la crise sanitaire,
n’attendent pas du chef de l’État une reconnaissance dans les mots, mais
de voir leurs revendications satisfaites dans les plus brefs délais.
Or, Emmanuel Macron n’a fait aucune proposition concrète en la matière :
aucun chiffre, aucune mesure précise pour débloquer de nouveaux
financements ou de nouvelles places ou services, alors que notre système
de santé, notamment hospitalier a été mis à mal par des années de
casse, aucune prime exceptionnelle alors que les
personnels sont totalement mobilisé·es pour faire face à l’épidémie.
Emmanuel Macron a évoqué la nécessité de « libérer des lits », mais il
est urgent d’ouvrir de nouveaux lits. Au delà des moyens propres aux
hôpitaux, il faut distribuer à la population des masques et gel
anti-bactérien.
Emmanuel
Macron annonce enfin la fermeture de tous les établissements scolaires
(crèches, écoles, collèges, lycées et universités) dès lundi « jusqu’à
nouvel ordre » mais n’est pas en mesure de garantir que les frais de
garde d’enfants seront couverts, ni l’intégralité des salaires des
parents garantis, en renvoyant leur mise en œuvre concrète à plus tard.
La
gravité de la crise sanitaire et l’approfondissement de la crise
financière exigent une série de mesures sociales d’urgence, qui n’ont
pas été annoncées ce soir. La mise en oeuvre de la réforme de
l’assurance chômage, et notamment son volet qui doit entrer en
application le 1er avril, vont générer une double réduction,
terrible, des droits et des indemnités pour des centaines de milliers de
chômeur.ses. Elle doit immédiatement être annulée. De même, le chômage
technique va être généralisé :
il aurait fallu que le Président de la République annonce un maintien
intégral des salaires. Les salarié·es potentiellement exposé.es au
risque doivent se voir garantir un droit de retrait.
Les
mal logés et sans logis sont en première ligne, susceptibles d’être
durement affectés si l’épidémie gagne du terrain. Des mesures d’urgence
doivent être appliquées, au-delà du prolongement de la trêve hivernale :
réquisition des logements vacants, moratoire sur la baisse des aides au
logement, sur les coupures d’énergie et d’eau, etc.
En
matière économique, les mesures d’urgence doivent en priorité aller aux
entreprises sous-traitantes et aux PME, qui sont en général les
premières victimes des contractions subites de l’activité, afin
d’assurer aux salariés de ces entreprises le maintien de leurs emplois
et de leurs salaires.
Alors
que deux krachs boursiers viennent de se dérouler coup sur coup, le jeu
de ping-pong entre la BCE et les États-membres, qui se renvoient la
responsabilité d’une réponse économique appropriée en pointant leurs
insuffisances réciproques, comme l’a fait Emmanuel Macron ce jeudi
12 mars, est proprement irresponsable. Il est urgent que les États de
l’UE, plutôt que prendre des mesures unilatérales, proposent un front
uni, une solidarité entre pays - comme ça aurait du être le cas avec
l’Italie - et des mesures sanitaires, économiques et
financières qui soient à la hauteur des enjeux.
Dans
cette optique, face à Donald Trump qui prend des mesures unilatérales
discutables, la Commission européenne doit immédiatement cesser de
négocier un accord commercial annoncé pour la semaine prochaine (le
18 mars) : l’urgence est de résoudre la crise sanitaire et de limiter
autant que faire se peut les conséquences sociales, pas d’approfondir la
mondialisation néolibérale en accédant aux exigences de l’hôte de la
Maison-Blanche.
Enfin,
puisque Emmanuel Macron a renvoyé au gouvernement la mise en œuvre de
nombre de ses déclarations restées générales, Attac France appelle à
faire preuve de la plus grande vigilance vis-à-vis de la façon dont ces
engagements seront mis en œuvre.
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