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vendredi 20 mars 2020

Le conavirus va altérer les conditions de sortie de prison d’Ali


Le Belgo-Marocain doit être libéré le 2 avril de sa prison au Maroc. Mais le virus mondial empêchera famille et proches de l’accueillir et il ne pourra pas aisément quitter le royaume.
Par Baudouin Loos, dans Le Soir, Le 18/03/2020 

Ali Aarrass risque-t-il de devenir une victime indirecte du coronavirus ? Sa libération prochaine ne devrait pas être mise en cause, mais le comité d’accueil prévu devrait être bien plus restreint et il paraît d’ores et déjà acquis qu’il lui sera impossible de quitter le Maroc dans un futur proche malgré ses souhaits.
D’aucuns ont peut-être oublié le sort funeste de ce Belgo-Marocain condamné pour « trafic d’armes pour un réseau terroriste » à douze ans de prison au Maroc en 2011 après un procès qualifié d’« inique » par Amnesty International.
La seule « preuve » de l’accusation à l’époque : des « aveux » arrachés sous la torture. C’est l’Espagne qui avait extradé Ali Aarrass en 2010 après l’avoir arrêté deux ans plus tôt et après qu’une enquête du fameux juge Baltazar Garzon avait amené la justice espagnole à prononcer un non-lieu. La longue détention du Belgo-Marocain a été pénible, rythmée par de multiples mauvais traitements, en deux époques : six années dans la prison de Salé, puis un transfert à celle de Tiflet, en isolement 23 heures sur 24.

La libération d’Ali Aarrass, qui a désormais 58 ans, est annoncée pour le jeudi 2 avril. Plusieurs personnes, dont des membres de son comité de soutien et un de ses avocats, avaient prévu de faire le voyage jusqu’au Maroc pour l’accueillir à sa sortie de prison et pour l’accompagner vers Melilla, l’enclave espagnole située au nord du Maroc, où vit une partie de sa famille, dont son père, malade. Mais le virus qui s’est attaqué à la Terre entière est aussi passé par là, même si son offensive au Maghreb reste modeste pour le moment. Le royaume du Maroc a fermé ses frontières avec Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles sur le continent africain, et les liaisons aériennes ont également été suspendues.

Pas seul à sa sortie
Farida Aarrass, la sœur d’Ali, qui se dévoue depuis le début pour tenter d’alléger ses souffrances, avait quitté son domicile bruxellois il y a déjà quelques jours afin de préparer à Melilla le retour de son frère auprès de leur père. Certains membres du comité de soutien et un des avocats d’Ali devaient se rendre à la prison d’Ali à Tiflet le 2 avril et l’escorter à Melilla.

Farida a communiqué par Facebook ce mercredi : « La situation actuelle complique et continuera à compliquer l’organisation de son accueil. Nous avions prévu de nous retrouver à plusieurs sur place, pour l’accueillir ensemble dignement. Le destin en aura décidé autrement. Les vols réservés sont annulés, les frontières fermées et donc même la famille de Melilla ne peut s’y rendre, et voilà qu’Ali risquerait de se retrouver seul à la sortie de prison. Heureusement que nous connaissons des personnes sur place qui pourront s’en occuper comme il se doit et même plus ».
Après douze années de tourments, la vie d’Ali Aarrass devrait donc prendre un tournant capital dans deux semaines. Mais ce passage devrait se révéler plus compliqué qu’espéré par lui et ses proches.

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