Particulièrement vulnérables face à l’épidémie de coronavirus, les SDF sont les grands oubliés de cette crise sanitaire |
Que va-t-il advenir des personnes sans-abri ? C’est une question
qui n’a que très rarement été posée mais qui s’impose. Le gouvernement a
pris des mesures dont l’isolement volontaire pour l’ensemble de la
population, sauf motif urgent ou professionnel afin de limiter la
propagation du Covid-19 qui a déjà fait deux morts dans le pays et
contaminé 61 personnes : Jeudi à 14h , 115 dimanche 22/3/2020.
Mais alors que de nombreux
citoyens ont fait le choix de braver les directives de l’Exécutif et
sont sortis déambuler dans les artères de leurs villes, il y a les
démunis, sans domicile fixe, qui n’ont d’autre choix que de rester dans
la rue. Selon les chiffres officiels publiés en 2017 par le
Haut-commissariat au plan (HCP), il y aurait 7.226 personnes sans-abri
au Maroc. Des chiffres basés sur le recensement général de la population
de l’habitat de 2014 et contestés par plusieurs associations car un
grand nombre de sans-abri seraient dépourvus de papiers d’identité et
donc impossibles à identifier. Conséquence, on ignore le nombre réel de
SDF dans le pays. Mais il va bien falloir s’enquérir de leur sort et
trouver une solution en ces temps d’urgence sanitaire.
«Nous
sommes en arrêt d'activité depuis vendredi dans les cinq villes où nous
avons des antennes. C'était le mieux à faire pour éviter de contaminer
les « joodeurs » ainsi que nos bénéficiaires. Sauf qu'entre-temps, nous
avons reçu des messages d'appel à l'aide et on ne trouve pour l’instant
aucune solution», nous a confié, avec regret, Hind Laidi, présidente de
l’Association Jood tout en exprimant une inquiétude extrême : « Ils ont
faim depuis la fermeture des cafés et restaurants. Même l'eau devient
inaccessible. Et surtout, ils sont exposés à 100% au virus dehors sans
aucune protection. On espère que les autorités penseront à eux au milieu
de tout ce stress».
La situation est inextricable puisque la
volonté ne manque pas contrairement aux possibilités. Mais l’Association
Jood, active dans le soutien des personnes vivant dans la précarité,
souvent sans aucun toit, n’entend pas baisser les bras. Car si le
sentiment d’impuissance prédomine, « nous n’avons aucun pouvoir
actuellement face à cette situation », déplore Hind Laidi. Elle apporte
une lueur d’espoir dans ce sombre océan de désolations dans lequel
vivent les sans-abri en ces moments. « Les joodeurs mettent en place un
lien Google Maps pour géo-localiser les sans-abri sur Casablanca, Rabat,
Marrakech, El Jadida et Tanger», nous explique-t-elle. Et de préciser :
« Nous posterons ce lien en priant les citoyens de donner de la
nourriture et l'eau aux sans-abri qui se trouvent à proximité d'eux. Et
on demandera aux médias aussi d'appuyer notre demande ». Une initiative
qui sera sans aucun doute cruciale pour ne pas faire des sans-abri les
grands oubliés de cette crise sanitaire.
Dans ce sens, l’Etat
français a décidé le maintien des 14.000 places d’hébergement d’urgence
ouvertes pour la période hivernale pour deux mois supplémentaires afin
d’éviter toute remise à la rue des personnes hébergées. En sus, le
ministère de la Solidarité français a demandé d’identifier a minima un
site par région dit de "desserrement" qui permettra d’accueillir et
d’isoler en chambre individuelle ou en zones confinées les personnes
sans domicile diagnostiquées mais ne nécessitant pas une
hospitalisation. A cela, s’ajouteront deux centres de ce type, destinés
aux «malades non graves du Covid-19», pour un total de «150 places». A
terme, 80 centres de desserrement (dotés de près de 3.000 places)
doivent voir le jour. Au Maroc, jusqu’à présent, aucune mesure n’a été
prise ou du moins annoncée. Il va falloir s’y atteler et trouver une
solution avant qu’il ne soit trop tard.
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