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vendredi 8 septembre 2017

Jean-Claude Lefort : Ma lettre au Directeur de cabinet du Ministre des affaires étrangères


Jean-Claude Lefort



Ivry-sur-Seine, le 5 septembre 2017
Monsieur le Directeur de cabinet,
C’est avec une stupéfaction mêlée de colère que je prends connaissance des propos tenus sur Salah Hamouri lors du point de presse du Quai d’hier 4 septembre. Cette consternation vient du fait que le porte-parole indique que : « Nous demandons aux autorités israéliennes de permettre à M. Hamouri de recevoir la visite de son épouse et de leur enfant comme sa famille en a exprimé le souhait. » Cette affirmation constitue un faux pur et simple. Jamais ma fille n’a fait pareille demande auprès des services diplomatiques français. Jamais. Et je trouve vraiment inconvenant, pour le moins, que l’on prenne des décisions à sa place, de manière arbitraire. De l’arbitraire elle n’a que trop à en souffrir, vraiment trop, venant d’Israël. Vous en ajoutez une « couche ». Intolérable.
Mais cette stupéfaction est mêlée de colère car cette phrase émanant du Quai ne signifie rien d’autre que les autorités françaises – loin de notre seule et unique demande visant à ce que la France exige et obtienne la libération de Salah Hamouri – acceptent finalement la décision israélienne prise par le ministre extrémiste Lieberman de placer en détention, pour 6 mois renouvelables, Salah Hamouri ! Et qu’elle accepte aujourd’hui de voir Israël se défaire d’un engagement pris auprès d’elle pour la libération de Salah Hamouri en décembre 2011 puisque ce matin la Cour a décidé que Salah devra purger les 3 mois qu’il n’a pas effectués suite à cette libération anticipée négociée ! Si ce n’est pas de l’acharnement et de l’arbitraire, alors les mots n’ont plus de sens. L’acceptation – c’est cela que ça veut dire cette déclaration du Quai mensongère de surcroît. Et je ne peux l’accepter.
Je ne peux accepter que mon pays pratique à l’endroit des Français « un deux poids, deux mesures ». En Turquie on proteste et on demande la libération d’un second compatriote. Pour Israël on se tait et on accepte l’inacceptable. Je ne peux accepter que mon pays se défasse de son rôle de défense, partout, des droits de l’Homme.
Je suis donc contraint, sauf démenti rapidement formulé de votre part, de rendre publique cette lettre dénonçant un faux du Quai – ce qui est très grave – et une acceptation de l’inacceptable signant le fait que la France accepte l’arbitraire israélien sans broncher ni lever le petit doigt ! On attendait, nous assurait-on, que la France soit de retour…Nous en sommes loin.
Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, en mes salutations distinguées.
Jean-Claude Lefort

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