Politis, 31/8/2017
Les ordonnances rendues publiques ce matin dessinent un Code du travail protégeant davantage les employeurs que les salariés.
Le Medef en rêvait, le gouvernement l’a fait.
La
réforme du Code du travail dévoilée aujourd’hui par Édouard Philippe et
Muriel Pénicaud n’a absolument pas le caractère « équilibré » que vante
le Premier ministre. Dans toutes les mesures annoncées, on ne voit pas
ce qui pourrait constituer pour les salariés un progrès par rapport aux
dispositions contenues dans l’actuel Code du travail. Sans doute
l’organisation de Pierre Gattaz, qui n’a pas souhaité s’exprimer à sa
sortie de Matignon, trouvera-t-elle quelques motifs de regretter que le
gouvernement n’ait pas été assez loin. Mais l’essentiel de ses
revendications ont été satisfaites.
C’est flagrant avec les mesures visant à faciliter les licenciements
dans les multinationales (appréciation des difficultés économiques de
l’entreprise au niveau national, création d’un dispositif de rupture
conventionnelle collective…), comme dans les TPE-PME (raccourcissement
du délai de recours aux prud’hommes et plafonnement des indemnités
prudhomales…). La petite augmentation des indemnités légales accordée
par le gouvernement aux salariés licenciés ne compense pas cette
dérégulation puisque cette indemnité passera de 4 000 à 5 000 euros dans
le cas d’un salarié qui gagne 2 000 euros par mois avec dix ans
d’ancienneté.
Les autres mesures annoncées, et notamment l'augmentation du nombre
de sujets – relevant auparavant de la loi ou des accords de branche –
qui pourront désormais être négociés au niveau de l'entreprise,
constituent bien une mise en cause de la hiérarchie des normes, inversée
dans de nombreux domaines comme le souhaitait le patronat. Idem pour la
fusion des instances représentatives du personnel (délégués du
personnel, comité d'entreprise et CHSCT) au sein d'un « comité social et
économique » (CSE), la constitution d'une commission hygiène et
sécurité au sein de ces CSE n'étant obligatoire que dans les entreprises
où le risque sanitaire est évident.
Les ordonnances du gouvernement dessinent donc bien une régression
d’ampleur.
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https://www.politis.fr/.../une-regression-dampleur-au-benefice-du..
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