par Isabelle Lendrevie Orient XXI
12 juillet 2017
Alors qu’a éclaté une « nouvelle crise »
des migrants, avec la menace de l’Italie le 28 juin dernier de fermer
ses ports, le calvaire des réfugiés se poursuit et s’aggrave, les pays
européens violant allègrement les principes dont pourtant ils se
réclament.
Après la crise des réfugiés de 2015, un certain nombre de mesures ont été prises par l’Union européenne (UE) pour endiguer l’arrivée des demandeurs d’asile et des migrants en provenance de la Turquie. En mars 2016 est signé « l’accord » entre l’UE et la Turquie autorisant le renvoi des déboutés d’asile vers la Turquie, considérée désormais comme « pays sûr ». Certains hotspots en Grèce (camps de réfugiés de Moria à Lesbos)
ont été transformés en centres de demandes d’asile, permettant ainsi de
bloquer les migrants en Grèce. Les États membres aux frontières de l’UE
— comme l’Italie — sont désormais dans l’obligation de prendre les
empreintes digitales des migrants, et la route migratoire des Balkans a
été fermée le 8 mars 2016.
L’autre mesure phare de l’UE est la
relocalisation des demandeurs d’asile entrés en Italie ou en Grèce vers
d’autres États membres. Un nouveau contentieux est né, celui des
demandeurs d’asile qu’on appelle dans le jargon juridique « les dublinés ». Conformément au règlement européen dit « Dublin III » de 2013 et grâce à la prise d’empreintes (système d’information Eurodac),
il est possible de déterminer l’État responsable de la demande d’asile,
c’est-à-dire le premier pays par lequel les migrants sont entrés dans
l’espace Schengen.
La Grèce est temporairement exclue de ce système. La majorité des cas
de transfert de demandeurs d’asile devant être expulsés vers un autre
État de l’UE et se trouvant actuellement en
France s’effectue donc essentiellement vers les pays des Balkans comme
la Hongrie et la Bulgarie (à cause de l’arrivée massive des migrants par
la route des Balkans) et vers l’Italie, l’une des portes d’entrée dans l’union.
Violation du droit d’asile
Ce qu’on peut appeler une nouvelle crise européenne des réfugiés
depuis que l’Italie a menacé le 28 juin 2017 de fermer ses ports est une
histoire de contradic
http://orientxxi.info/magazine/voyage-au-bout-de-l-enfer-pour-les-dublines-ces-refugies-dont-l-europe-ne-veut,1946
tions politiques et juridiques et de violences
administratives et policières.
Chaque État prétend appliquer le droit d’asile européen et le droit
international, mais la réalité constatée est la même partout : un manque
de volonté politique dans l’accueil des réfugiés et un imbroglio
administratif et juridique qui permet de décourager et d’expulser le
maximum de demandeurs d’asile des territoires nationaux ou du territoire
européen.
Ces pratiques administratives et policières encouragées par les États sont pourtant en totale violation avec la Convention de Genève relative au statut des réfugiés de 1951, certaines règles du droit d’asile européen comme le « principe de l’unité familiale » ou « les circonstances humanitaires » prévus par « Dublin III », le « droit à l’information dans une langue comprise par le migrant » ou le « droit d’être entendu » prévus par les directives européennes de 2013 ou la Charte des droits fondamentaux de l’UE, le droit de « ne pas subir de traitements inhumains ou dégradants »
prévu à l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme
ou enfin, le droit à une protection de l’État pour les mineurs étrangers
isolés conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989.
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