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dimanche 30 juillet 2017

Au Maroc, les manifestations dans le Rif se déroulent en direct sur les écrans



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Un blog de la rédaction - Le Monde

Les smartphones et les sites Web locaux ont changé la donne en matière de contestation. Mais l’Etat s’adapte, comme l’illustre la répression en cours.

LE MONDE | Par
Des manifestants filment l’intervention de Nasser Zefzafi pendant un rassemblement à Al-Hoceïma, le 18 mai.

La ville d’Al-Hoceïma et ses alentours, dans le Rif marocain, connaissent une vague de manifestations ininterrompue depuis plus de dix mois. Déclenché par la mort, en octobre 2016, de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson broyé dans un camion à ordures après la confiscation de sa marchandise par la police, le Hirak (mouvement) a pris forme pour dénoncer la corruption et la marginalisation économique et sociale de la région du nord-est du pays.

Il s’agit du premier mouvement de protestation de masse au Maroc depuis 2011, et les manifestations pour réclamer plus de démocratie – le mouvement du 20 Février. Dans cette mobilisation, les réseaux sociaux, de nouveaux sites d’information et un certain nombre de nouvelles applications, accompagnant une démocratisation massive des smartphones, jouent un rôle crucial. Certains de ces outils étaient, certes, déjà présents et utilisés il y a six ans. Mais leur usage a évolué.
C’est ce dont témoigne le journaliste indépendant Omar Radi, qui avait participé aux manifestations de 2011 et couvre le Hirak. Il se souvient de l’utilité, à l’époque, d’applications comme WhatsApp et Facebook :
« On s’en est énormément servi pour se réunir, débattre dans des groupes, coordonner des activités puis les diffuser à tout le monde»
Aujourd’hui, au Rif, poursuit-il, « le premier rôle des réseaux n’est plus de s’organiser, car les conversations en ligne sont trop surveillées et le bouche-à-oreille est privilégié. Mais ils permettent de parler du mouvement à un maximum de monde. »

La « révolution » Facebook Live

L’apparition, en 2016, de Facebook Live, application qui permet de filmer et de diffuser des images en direct, a, par exemple, été cruciale. Quasiment chaque jour, les manifestants d’Al-Hoceïma diffusent, en direct sur le réseau social, leurs marches, leurs réunions publiques, mais aussi la répression policière. Récoltant en général des milliers de vues.
Pour Omar Radi, la fonctionnalité est une petite révolution :
« Personne ne rêvait de voir le Hirak à la télé, et maintenant chacun a une mini-télé dans sa poche. »
Les vidéos venues du Rif permettent, en outre, de donner une autre image de la région, généralement vue comme rebelle et conservatrice dans le reste du pays : certaines vidéos montrent les hommes formant des cordons de sécurité pour protéger les forces de l’ordre et les biens publics. Dans d’autres, ils nettoient les dégâts de la veille. La place des femmes est également mise en avant, comme lors de cette marche exclusivement féminine du 8 mars.
Un Marocain résidant à l’étranger, venu soutenir le Hirak, filme une manifestation sur la plage, dimanche 23 juillet.

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