Situation des Refugiés à Embrun
le 18 mai 2017
et lettre au Président de la République
le 18 mai 2017
et lettre au Président de la République
Dans les semaines à venir, des personnes
exilées actuellement accueillies dans les Hautes-Alpes courent le risque de
renvoi vers différents pays dont l’Italie, déjà à saturation à cause des
traversées de la Méditerranée.
21 jeunes demandeurs d’asile accueillis au CAO d’Embrun ont entamé
une grève de la faim depuis le 10 mai 2017, pour protester contre ces décisions
et demander la levée de la procédure.
En
effet, le règlement Dublin III n'est pas obligatoire : certaines préfectures en
France ont décidé de ne pas l’appliquer et de permettre aux demandeurs d’asile
de déposer leur demande en France. L’Allemagne vient également de suspendre le
renvoi vers la Hongrie des réfugiés passés sur son
territoire.
Après avoir tenté lors de
plusieurs réunion d'intimider les migrants, la préfecture décide de les séparer
afin de casser leur cohésion.
La préfecture rajoute du stress à leur détresse !
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Lettre ouverte au Président de la République la vie des migrants est en danger
Lettre ouverte au Président de la République la vie des migrants est en danger
Inter Collectifs Migrants
Alpins
Aux bons soins de S et J-M Flandrin
Quartier Fondation – Chalvet
05200 EMBRUN
Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue du Faubourg Saint
Honoré
75008 Paris
Monsieur le Président de la
République,
L’Inter Collectifs Migrants Alpins,
qui regroupe aujourd’hui 15 organisations citoyennes, se doit de vous alerter
sur la « fabrique de clandestins » et la mise en danger de la vie des
migrants que provoque l’application du « règlement dit Dublin III ».
Nos départements alpins
accueillent avec enthousiasme et professionnalisme des personnes qui ont dû
fuir leur pays dans le cadre des dispositifs institutionnels (CAO, CADA,
accueil d’urgence) et d’initiatives citoyennes (réseau Welcome, réseau
Hospitalité…). Les communes, les associations, les bénévoles et la société
civile en général ont prouvé au fil des mois et des années qu'ils étaient
capables d'accueillir dignement et dans la durée ces personnes sur le
territoire : accueil d'urgence, aides aux besoins fondamentaux, cours de
français, conseils à l'insertion, activités, parrainages républicains. Certains
réfugiés qui ont obtenu leur statut l'an dernier ont déjà trouvé du travail.
Chacun fait sa part ici, et cela nous prouve tous les jours qu’il est possible
d’accueillir dignement.
Les personnes accueillies nous
montrent à chaque instant leur motivation et leur reconnaissance ; ils
apprennent le français, s’investissent dans le bénévolat, tissent de nombreux
liens et trouvent leur place dans nos communautés et dans nos vallées. Dans
leur parcours de rescapés, ils rencontrent enfin du repos et s’accrochent à
l’espoir que cette trêve génère dans leurs vies.
Mais contrairement à ce qui
s’était passé l’an dernier pour les demandeurs d’asile en provenance de Calais,
l'Etat Français empêche les personnes que nous accueillons aujourd’hui de
déposer leur demande d'asile en France. Les accords de Dublin sont invoqués par
les Préfets de nos Départements, malgré la marge de manœuvre dont ils disposent
légalement. Nous ne comprenons pas cette inégalité de traitements entre les
demandeurs d’asile.
Cette nouvelle épreuve est celle
de trop pour les demandeurs d’asile dont plusieurs d’entre eux ont entamé une
grève de la faim depuis le 10 mai dernier à Embrun dans les Hautes-Alpes. Cette
action aussi déterminée que désespérée doit trouver une issue positive de toute
urgence.
Vous avez annoncé, lors de votre
élection, qu’il est de votre « responsabilité d’entendre la colère,
l’anxiété et les doutes… exprimés » lors de votre élection. Vous semblez
aussi avoir pris la mesure du drame qui se joue aujourd’hui en Méditerranée et
dans les pays d’Afrique dont sont issus ces rescapés qui viennent chercher chez
nous la paix. Parce que vous vous êtes engagés à nous écouter « en protégeant
les plus fragiles, en organisant mieux les solidarités, en luttant contre
toutes les formes d’inégalité ou de discrimination », nous vous demandons que « la France
fraternelle » accueille sur nos territoires les migrants « dublinés ».
Cela permettrait aux migrants qui
le souhaitent de déposer leur demande d’asile en France là où ils sont
accompagnés dans leurs démarches et là où ils ont déjà montré leur capacité à
s’intégrer. Leurs témoignages racontent mieux que nos mots combien leurs vies
sont en mises en danger par ces retours en arrière. Nous vous invitons à
visionner un film court[1] (10’) réalisé à Briançon qui
montre la force des liens tissés sur ce territoire et la manière dont les
traumatismes ressurgissent avec la menace de ces renvois dans d’autres pays
européens déjà traversés dans des conditions difficiles.
Ce geste d’humanité serait aussi
un geste de sagesse si on regarde la question migratoire à l’échelle
européenne. L’Italie et la Grèce, nos partenaires européens sont très
fragilisés par les arrivées massives de migrants par la mer. Leurs politiques
d’asile déjà sous pression pourraient s’écrouler suite aux retours des
demandeurs d’asile « dublinés ».
L’effort de l’Italie est déjà considérable. Il représente le double de
celui de la France si nous tenons compte des PIB par habitant et du nombre de
demandeurs d’asile !
Monsieur le Président, nous vous
invitons à prendre une mesure forte et exemplaire dès le début de votre mandat en annulant et en faisant cesser les demandes de
transferts de « dublinés » que la France a formulées auprès d’un état
voisin (11657 en 2015, puis 25963 en 2016... ). Nous serons à vos côtés pour
montrer que la France a la capacité d’accueillir dignement ceux qui sont venus
chercher la protection et la sûreté chez nous.
Le règlement européen du 26 juin
2013, dit Dublin III, prévoit qu’un pays peut « dédubliner » les
demandeurs d’asile en les autorisant à faire leur demande dans un pays européen
autre que celui de leur entrée dans l’Union Européenne. L’Allemagne vient de
suspendre le renvoi vers la Hongrie des réfugiés passés sur son territoire. La
France peut également suspendre le « dublinage », d’autant que notre
pays est très loin d’avoir rempli les engagements pris à l’égard de l’Union
Européenne, puisque nous avons relocalisé environ 3000 demandeurs d’asile, au
lieu des 30000 annoncés.
La France ne peut pas être seulement
le « Pays de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen », mais elle doit être surtout le pays où les
droits humains fondamentaux sont respectés. L’Etat doit agir pour donner,
à toute personne contrainte de fuir son pays, le droit de trouver asile dans le
pays de son choix.
La situation des mineurs isolés étrangers en France est
alarmante : le film « J’ai marché jusqu’à vous » diffusé par la
chaîne parlementaire LCP
met en évidence que beaucoup d’entre eux
sont livrés à eux-mêmes à Marseille, par exemple. L’aide sociale à l’enfance
n’est plus en mesure de les accueillir, ils sont la proie des trafiquants, et
ne bénéficient pas de la protection à laquelle ils ont droit.
Monsieur le Président, nous vous
demandons de prendre des mesures d’urgence, pour faire respecter les droits
fondamentaux sur notre sol, et pour offrir la protection à ceux qui sont venus
la chercher en France, au péril de leur vie.
Dans l’attente, nous vous prions
d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très
haute considération.
Nom, prénom : Date :
Adresse :
Signature :
Les collectifs, associations signataires : Chemins Pluriels – La
Cimade 05 – Réseau Hospitalité 05 – Réseau Welcome 05 – Un toit, un Droit –
Réseau Éducation Sans Frontières 05 – Tous Migrants (Briançonnais) – Icare 05
(Embrunais) – Solidaritat Ubaye – Collectif Aspres sur
Buech – Collectif Guillestre – Association Bonvenon – Association Article 1er
(Sisteron) - Collectif de Solidarité avec les Réfugiés de Sisteron
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