Le Polisario ouvre en Afrique du Sud un nouveau front contre le Maroc
L’arrêt de la Cour de
justice européenne de décembre qui lui était favorable a inspiré le
Front Polisario à agir ailleurs qu’en Europe. Pour la première fois, il y
a réussi à faire saisir un cargo qui transportait des phosphates au sud-est de Laayoune, vers Bluff, en Nouvelle
Zélande.
Le tribunal civil maritime de Port Elizabeth a donné l’ordre de retenir le cargo « NM Cherry Blossom »,
battant pavillon des Îles Marshall, qui se réapprovisionnait dans ce
port, pour vérifier si son chargement, de 54.000 tonnes de ce minerai
acheté par une société néozélandaise de fertilisants, contrevient à la
légalité sud-africaine et internationale. La valeur du chargement est
estimée à près de cinq millions de dollars. La Nouvelle Zélande est le
deuxième importateur mondial de phosphates sahariens, selon
l’observatoire West Sahara Ressources Watch. Le bateau immobilisé appartient à la société grecque AM Nomikos TRansworld Maritime.
Dans les rangs des indépendantistes
sahraouis on se réjouit déjà de cette victoire politico-juridique qui
compense un peu le revers de leur retrait d’El Guerguerat forcé par les
débats qui, la semaine dernière, ont précédé au Conseil de sécurité de
l’ONU le vote de la résolution prorogeant le mandat de la Minurso
(contingent des Nations Unies déployé au Sahara). El Guerguerat était un
poste de contrôle établi en août par le Polisario entre le mur
militaire marocain et la frontière mauritanienne.
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La presse marocaine, à commencer par le journal en ligne « Le 360 », proche du Palais, dénonce, en revanche, la « piraterie maritime »
de l’Afrique du Sud. L’Office Chérifien des Phosphates (OCP), la grande
entreprise publique marocaine qui exploite Phosboucraa, insiste
cependant sur le « caractère normal » de la procédure
entreprise par la Justice sud-africaine. Elle agit ainsi, rappelle dans
la presse marocaine la direction de la société publique, en attendant de
connaître les arguments de l’OCP qui démontrera qu’elle « respecte scrupuleusement » le droit international.
Mohamed Khadad, qui coordonne la relation
entre le Polisario et la Minurso, explique que les avocats du Polisario
ont invoqué deux arguments devant la Justice sud-africaine. D’abord le
statut du Sahara de territoire non autonome, tel que reconnu par les
Nations Unies, et l’arrêt du 21 décembre de la Cour de justice de l’Union européenne.
Celui-ci stipule que l’accord agricole
entre Rabat et l’UE n’est pas applicable au Sahara occidental car ce
territoire ne fait pas partie du Maroc. Ses richesses ne peuvent donc
être exploitées qu’avec le consentement de sa population. Depuis le
début de l’année, les avocats du Polisario ou des associations
européennes qui soutiennent les indépendantistes ont tenté, sans succès,
d’immobiliser ou de faire saisir la cargaison d’au moins trois bateaux
qui, partis de Laayoune, ont accosté dans les ports de Las Palmas
(Espagne), Fécamp (France) et Amsterdam.
Si la Justice sud-africaine donne
finalement raison aux avocats du Polisario sa décision pourrait avoir
des conséquences en Europe. Florent Marcellesi, député européen élu en
Espagne sur la liste commune des écologistes d’Equo et des gauchistes de
Podemos, prévoit qu’à l’arrêt de décembre s’ajoutera alors le jugement
du tribunal de Port Elizabeth. « Les juges et autorités publiques
européennes et nationales auront ainsi davantage d’arguments pour
prendre des dispositions similaires à l’Afrique du Sud », affirme-t-il.
L’Afrique du Sud est cependant l’un des
grands alliés du Polisario en Afrique. En Europe, c’est le Maroc qui
compte avec des amis sûrs, à commencer par la France et l’Espagne. Ces
deux puissances et la Commission européenne font de leur mieux pour
atténuer l’impact de l’arrêt de décembre 2016 sur les relations entre le
Maroc et l’Union européenne.
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