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jeudi 4 mai 2017

Le Polisario saisit un cargo transportant des phosphates de la mine Phosboucraa, au sud-est de Laayoune, vers laNouvelle Zélande.

Le Polisario ouvre en Afrique du Sud un nouveau front contre le Maroc

L’arrêt de la Cour de justice européenne de décembre qui lui était favorable a inspiré le Front Polisario à agir ailleurs qu’en Europe. Pour la première fois, il y a réussi à faire saisir un cargo qui transportait des phosphates au sud-est de Laayoune, vers Bluff, en Nouvelle Zélande.
Le tribunal civil maritime de Port Elizabeth a donné l’ordre de retenir le cargo « NM Cherry Blossom », battant pavillon des Îles Marshall, qui se réapprovisionnait dans ce port, pour vérifier si son chargement, de 54.000 tonnes de ce minerai acheté par une société néozélandaise de fertilisants, contrevient à la légalité sud-africaine et internationale. La valeur du chargement est estimée à près de cinq millions de dollars. La Nouvelle Zélande est le deuxième importateur mondial de phosphates sahariens, selon l’observatoire West Sahara Ressources Watch. Le bateau immobilisé appartient à la société grecque AM Nomikos TRansworld Maritime.
Dans les rangs des indépendantistes sahraouis on se réjouit déjà de cette victoire politico-juridique qui compense un peu le revers de leur retrait d’El Guerguerat forcé par les débats qui, la semaine dernière, ont précédé au Conseil de sécurité de l’ONU le vote de la résolution prorogeant le mandat de la Minurso (contingent des Nations Unies déployé au Sahara). El Guerguerat était un poste de contrôle établi en août par le Polisario entre le mur militaire marocain et la frontière mauritanienne.

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La presse marocaine, à commencer par le journal en ligne « Le 360 », proche du Palais, dénonce, en revanche, la « piraterie maritime » de l’Afrique du Sud. L’Office Chérifien des Phosphates (OCP), la grande entreprise publique marocaine qui exploite Phosboucraa, insiste cependant sur le « caractère normal » de la procédure entreprise par la Justice sud-africaine. Elle agit ainsi, rappelle dans la presse marocaine la direction de la société publique, en attendant de connaître les arguments de l’OCP qui démontrera qu’elle « respecte scrupuleusement » le droit international.
Mohamed Khadad, qui coordonne la relation entre le Polisario et la Minurso, explique que les avocats du Polisario ont invoqué deux arguments devant la Justice sud-africaine. D’abord le statut du Sahara de territoire non autonome, tel que reconnu par les Nations Unies, et l’arrêt du 21 décembre de la Cour de justice de l’Union européenne.
Celui-ci stipule que l’accord agricole entre Rabat et l’UE n’est pas applicable au Sahara occidental car ce territoire ne fait pas partie du Maroc. Ses richesses ne peuvent donc être exploitées qu’avec le consentement de sa population. Depuis le début de l’année, les avocats du Polisario ou des associations européennes qui soutiennent les indépendantistes ont tenté, sans succès, d’immobiliser ou de faire saisir la cargaison d’au moins trois bateaux qui, partis de Laayoune, ont accosté dans les ports de Las Palmas (Espagne), Fécamp (France) et Amsterdam.
Si la Justice sud-africaine donne finalement raison aux avocats du Polisario sa décision pourrait avoir des conséquences en Europe. Florent Marcellesi, député européen élu en Espagne sur la liste commune des écologistes d’Equo et des gauchistes de Podemos, prévoit qu’à l’arrêt de décembre s’ajoutera alors le jugement du tribunal de Port Elizabeth. « Les juges et autorités publiques européennes et nationales auront ainsi davantage d’arguments pour prendre des dispositions similaires à l’Afrique du Sud », affirme-t-il.
L’Afrique du Sud est cependant l’un des grands alliés du Polisario en Afrique. En Europe, c’est le Maroc qui compte avec des amis sûrs, à commencer par la France et l’Espagne. Ces deux puissances et la Commission européenne font de leur mieux pour atténuer l’impact de l’arrêt de décembre 2016 sur les relations entre le Maroc et l’Union européenne.

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