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lundi 12 mars 2018

Le coup de grâce pour Mohammed VI? Echec au roi. Avec l'annulation, par la justice française, de la ligne Paris- Dakhla, ville occupée du Sahara occidental, la 4ème édition du Forum de Crans Montana risque de voler en éclats.

LE FORUM DE CRANS MONTANA EST PRÉVU DU 15 AU 20 MARS À DAKHLA

Le coup de grâce pour Mohammed VI?

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Echec au roi

C'est la porte ouverte à une nouvelle bataille juridique. Le Front Polisario l'engagera-t-il? Si c'est le cas, cela ne serait que légitime.

Le Forum de Crans Montana qui est prévu du 15 au 20 mars à Dakhla se tiendra, en effet, en territoire sahraoui occupé par le Maroc. C'est à partir de cette ville que Mohammed VI avait décidé de vendre son projet d'autonomie du Sahara occidental à la communauté internationale en y implantant ce «fameux» rendez-vous qui doit réunir le gotha de la finance mondiale, des hommes politiques de premier plan, des présidents de Républiques et des têtes couronnées. Un événement qui a régulièrement tourné en eau de boudin suite à des campagnes de boycott exceptionnelles.

Cela n'a apparemment pas découragé le pouvoir marocain, qui compte revenir encore cette année à la charge. Avec une forte probabilité de se mettre à dos encore une fois la communauté internationale qu'il n'a cessé de défier et le droit international qu'il a constamment piétiné, ce qui lui a valu bien des déboires. Cette fois-ci, il risque le coup de grâce. La diplomatie royale qui a, en effet, subi revers sur revers vient de connaître un autre échec de taille avec l'annulation, par la justice française, de la ligne Paris-Dakhla, ville occupée du Sahara occidental où le Maroc compte organiser la 4ème édition de cet évènement. Il faut souligner que l'assignation déposée par le Front Polisario devant le tribunal de commerce de Créteil pour obtenir l'interdiction du vol et de l'exploitation de la ligne Paris-Dakhla repose sur l'arrêt rendu par la Cour de justice européenne dans l'affaire de l'accord de pêche conclu entre le Maroc et l'Union européenne. Une brèche ouverte pour procéder à l'annulation de ce forum. «Organiser ce forum dans une ville qui, de jure, n'appartient pas au pays hôte pose un sérieux problème», a souligné l'ex-directeur au Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies. Pourquoi? «Il s'avère que Dakhla ne se trouve pas au Maroc, mais bel et bien au Sahara occidental, dans la zone occupée par le Maroc», a expliqué Werner Blatter, dans une tribune publiée jeudi dernier par le journal suisse Le Temps. Or il s'avère que les arrêts rendus par la Cour européenne de justice, que cela soit en ce qui concerne l'accord agricole ou de celui de la pêche qui lient le royaume à l'UE, reposent sur cet argument. Que disent-ils?
«Compte tenu du fait que le territoire du Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Royaume du Maroc, les eaux adjacentes au territoire du Sahara occidental ne relèvent pas de la zone de pêche marocaine visée par l'accord de pêche», ont jugé les magistrats européens. «En concluant cet accord, l'Union européenne (ndlr) a violé son obligation de respecter le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination», ont-ils souligné dans leur arrêt rendu le 27 février 2018. Une porte ouverte pour le Front Polisario qui ne se fera pas prier pour faire valoir que la ville de Dakhla occupée ne peut accueillir une manifestation imposée par son colonisateur, le Maroc.
Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine le lui a rappelé. à l'issue de son 30ème Sommet tenu à Addis-Abeba en janvier 2018. Il a exhorté tous ses États membres, les organisations de la société civile africaine ainsi que les autres acteurs concernés, de boycotter la prochaine édition du Forum de Crans Montana à Dakhla.
L'Union africaine, qui avait mené par le passé de vigoureuses campagnes pour son boycott, redescend dans l'arène pour faire échec à ce quatrième essai de forfaiture chaperonné par le Palais royal. L'Union européenne, l'Unesco, toutes les instances onusiennes, de nombreux pays, toutes les organisations internationales de défense des droits de l'homme avaient aussi dénoncé l'agression caractérisée et la violence faite au droit international par le caractère de ce type de rencontres.
«Permettez-moi de souligner que l'Unesco, comme vous le savez, ne saurait s'associer à un Forum dont la prochaine édition se tiendra à Dakhla, territoire contesté aux fins du droit international et aux termes des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, auxquelles notre organisation est tenue de s'aligner et de se conformer», avait écrit l'ex-directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, dans une lettre datée du 19 février 2015 adressée au président exécutif du Forum de Crans Montana, Jean-Paul Carteron, un Français d'origine établi en Suisse, une marionnette entre les mains du monarque alaouite qui a décidé de sceller le destin du peuple sahraoui. Le retour de manivelle va sans doute provoquer de gros dégâts. La diplomatie marocaine, déjà à l'agonie, risque de rendre l'âme.

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