Publié le 27/03/2018 à 11H56
Un mois et demi après le départ forcé de l’ancien président Jacob Zuma, l’Afrique du sud inflige un revers à la diplomatie du roi Mohamed VI. Malgré le retour du Maroc, après 30 ans d’absence, au bercail de l’Union Africaine, le parti de Nelson Mandela a tenu à rappeler son soutien aux droits du peuple sahraoui et annoncé la nomination d’un envoyé spécial sur la question du Sahara occidental.
Alors que l’ancien président sud-africain, Jacob Zuma, s’apprête à comparaître le 6 avril 2018 devant la justice pour corruption, le Congrès national africain (ANC), le parti de Nelson Mandela, au pouvoir, s’est empressé d’enterrer son héritage concernant la question du Sahara occidental.Un symposium «pour justifier l'occupation du Sahara occidental»
Là où l’ancien chef de l'ANC affirmait «n’avoir jamais eu de problème avec ses homologues marocains» et qu’il était normal d’entretenir des relations avec le Maroc, «une nation africaine», allant jusqu'à renouer avec ce pays lors du sommet de l'Union Africaine d'Abidjan, la nouvelle direction du parti s’insurge contre la politique de Mohamed VI dans ce territoire disputé et remet ses pendules à l'heure.
Suite à l’organisation d’un symposium, les 19 et 20 février 2018, sur «l’appui du Maroc aux mouvements de libération africaine : Afrique du Sud, Mozambique, Angola, Guinée Bissau et Cap Vert», l’ANC a appelé la diplomatie marocaine à «s’abstenir d’utiliser de tels forums pour justifier son occupation du Sahara Occidental».
Dans un communiqué délivré le 22 mars 2018 par Lindiwe Zulu, l’animatrice du sous-comité des relations internationales de l’ANC, le parti réaffirme les résolutions de sa 54ème conférence nationale sur cette question.
Qualifiant d’ «occupation coloniale», la présence marocaine sur ce territoire, le communiqué rappelle «les relations fraternelles historiques entre l’ANC et le Front Polisario, comme alliés dans la lutte contre l’injustice, le colonialisme et l’apartheid» et réaffirme «le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et l’indépendance».
Les partisans du Congrès national
africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du sud, brandissent des
chemises avec le portrait du nouveau président de l'ANC et encore
vice-président sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors d'un rassemblement le
11 février 2018 à Cape Town.
© Rodger Bosch/AFP
L'ANC demande à l'ONU de mener à bien le processus de paix entre les deux parties
Plus encore, outre qu’elle exhorte la communauté internationale et les Nations Unies en particulier, à assumer leur responsabilité juridique et morale et à ramener les deux parties à la table des négociations de paix, l’ANC exprime sa solidarité avec la politique sahraouie, les prisonniers et les défenseurs des droits de l’Homme.
Elle appelle également à la levée immédiate «des restrictions militaires, sécuritaires et médiatiques imposées dans les territoire occupés du Sahara occidental, pour que les ressources naturelles soient placées sous le mandat des Nations Unies».
La réaffirmation de la position de l’ANC sur ce conflit, vieux de quarante trois ans, et l’annonce de la nomination d’un envoyé spécial sur la question du Sahara occidental constituent un véritable revers pour la diplomatie marocaine qui s’efforçait toutes ces années d’obtenir le soutien des Etats africains à sa reconquête du Sahara, considéré comme territoire historique du royaume.
Le comité solidarité Sahara Tanzanie s'associe à l'ANC
L'ANC a également ouvert une brèche dans laquelle s’est aussitôt engouffré le Comité solidarité Sahara Tanzanie (TASSC). Dans son communiqué daté du 26 mars, la vice-présidente du comité a réaffirmé sa solidarité avec la déclaration de l’ANC et dénoncé le symposium du Maroc, «seul colonisateur africain» de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), pays africain partenaire des luttes de libération du continent.
«Le comité appelle les pays africains et la communauté internationale à ne jamais se laisser distraire par les prétentions marocaines et à se concentrer sur l'exigence du royaume à libérer le Sahara Occidental», a conclu Christina Mfanga.
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