Hier, je suis allé voir le Chœur d’Ali Aarrass au Festival
XS au Théatre national. Salle comble.
C’était le jour des commémorations des attentats de Zaventem
et de Maelbeek. Dans le climat ambiant, présenter une pièce contre le terrorisme
d’Etat, est un acte de courage artistique et de résistance qu’on ne peut que
saluer avec respect et admiration.
Vous pouvez encore voir ce spectacle ce soir et demain, je
vous le conseille vivement.
En dix minutes intenses et concentrées, 18 femmes en blanc
nous transportent dans le monde obscur des prisons marocaines. Mise en scène et
décor volontairement sobres et fragiles, comme dans l’univers de « Waiting »
de Victoria Brittain ou d’ Un Homme debout de Jean-Marc Mahy.
Comme dans un très lent ballet, au son de l’eau qui coule, les
femmes lavent des draps blancs. Des draps, comme des voiles qui cachent l’horreur
de la torture, se lèvent petit à petit, révélant des tâches de sang, celui de
la torture. En voix off, Farida raconte comment son frère Ali arrive à mettre
des mots sur l’indicible. Puis, elle chante. La chanson de la liberté, L’Estaque
de Lluis Llach, entourée et accompagnée par les autres femmes, symboles de la
solidarité, de la compassion, de la lutte.
En dix minutes Julie Jaroszewski et les 18 femmes ont réussi
à mettre en scène le calvaire d’Ali Aarrass, qui a été et qui est toujours à la
tête de la campagne internationale contre la torture d’Amnesty international. Un calvaire, décrit et confirmé par de multiples
rapports internationaux entassés sur les bureaux des ministères en Belgique, en
Espagne et au Maroc. Elles ont réussi à les en sortir, en les transformant en
message universel et humain dont personne ne sort indemne.
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