Les victimes de la guerre du Rif attendent toujours des autorités
qu'elles reconnaissent le lien entre l'utilisation du gaz moutarde et le
taux de cancer mortel élevé dans la région. Le Maroc garde le silence.
«Il n’est pas une famille rifaine qui n’ait parmi ses
parents au moins une personne atteinte du cancer. Mon père en est
mort… » Mohamed Yakhloufi, comme tous les militants du Rif, revendique
une reconnaissance officielle du lien entre l’utilisation du gaz
moutarde lors de la guerre du Rif (1921-1926) et
le taux élevé de mortalité par cancer qui caractérise la région. « En
Espagne, le roi Felipe s’est saisi du dossier, et des partis politiques
admettent la responsabilité de leur pays. Pourtant, les autorités
marocaines ne font rien… Elles refusent de défendre ce dossier et
n’assurent même pas la prise en charge nécessaire de la population »,
s’insurge Hakim Chemla, leader d’un collectif de 200 associations
rassemblées sous la bannière du Mouvement de volontaires pour le Grand
Nador.
Le 4 février, à l’occasion de la journée mondiale de la
lutte contre le cancer, des milliers de Rifains ont battu le pavé à
Nador pour réclamer un centre hospitalier d’oncologie
dans la province. « Il est en cours de réalisation », tente de rassurer Slimane Houlich, président du conseil de la Ville de Nador, qui a fait de la création de ce centre une promesse électorale.
dans la province. « Il est en cours de réalisation », tente de rassurer Slimane Houlich, président du conseil de la Ville de Nador, qui a fait de la création de ce centre une promesse électorale.
La création de l’hôpital retardée
Le manque d’équipements et de ressources humaines
spécialisées est un constat que font tous les élus du Rif. Mohamed
Boudra, depuis son bureau de maire d’El Hoceima, a une vue à couper le
souffle sur la baie de la ville, classée parmi les plus belles au monde.
La carte postale est néanmoins entachée par ces drapeaux
espagnols qui flottent sur trois rochers de la plage de Sfiha. Une
caserne militaire espagnole y est toujours installée, comme un vestige
de ce passé colonialiste où la rébellion du Rif avait été matée à coups
d’armes de destruction massive. « Notre centre d’oncologie manque
d’équipements qui tardent à arriver, non pas à cause du déficit de
ressources financières, mais de lourdeurs administratives », nous
explique le maire, qui affirme que la région a prévu un budget de
10 millions de dirhams (930 000 euros) pour la mise à niveau de ce
centre.
Dans ce dossier comme dans d’autres, la population est
sceptique. « Notre salut viendra sans doute d’un geste de la Fondation
Lalla-Salma de lutte contre le cancer. Nos élus seront juste là pour se
prosterner devant une telle initiative », conclut Hakim Chemla.
Relire : tamazgha.fr/Le-Rif-subit-encore-les.html (aticle de 2014)
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