Le Maroc “cherche des prétextes” pour
perturber les efforts de l’émissaire onusien, Horst Kohler, a déclaré
mercredi à New York, le coordinateur sahraoui auprès de la Minurso,
M’Hamed Khedad, appelant le Conseil de sécurité à apporter son soutien
au médiateur allemand.
S’exprimant mercredi à l’APS, à quelques heures du briefing prévu sur
le Sahara occidental au Conseil de sécurité de l’ONU, M’hamed Khedad a
souligné que le Maroc était “en désarroi” après la décision de
l’émissaire de l’ONU d’élargir le cercle de la médiation à d’autres pays
et organisations. Son désarroi a été accentué après sa défaite fin
février à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), a relevé le
coordinateur sahraoui.
“Le Maroc fait feu de tous bords pour entraver le travail de M.
Kohler”, a-t-il ajouté, précisant que la vision prônée par le nouvel
émissaire “détruisait tous les concepts construits ces dernières années
sur le maintien exclusif du dossier du Sahara occidental au sein du
Conseil de sécurité”, où Rabat jouit de l’appui inconditionnel de la
France.
Depuis janvier, l’ancien président allemand a tenu une série de
consultations avec des responsables de l’Union africaine, de l’Union
européenne ainsi qu’avec d’autres pays européens comme la Suède et la
Grande Bretagne, après avoir rencontré les parties au conflit et les
deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie.
Khedad a émis le souhait de voir “le Conseil de sécurité soutenir
l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU et l’aider dans sa
mission de médiation au lieu d’être un obstacle à la recherche d’une
solution” à ce conflit vieux de 40 ans.
Kohler est attendu cet après-midi au Conseil de sécurité pour faire
son premier briefing sur le Sahara occidental. Jusqu’ici aucun élément
n’a filtré sur le contenu de sa présentation, prévue à huis clos.
Ce briefing, scruté de près à New York, devrait fournir les premières
indications sur le prochain rapport que Kohler va présenter en avril à
l’occasion du renouvellement du mandat de la mission des Nations unies
pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara
occidental (Minurso).
Des sources proches du dossier évoquent l’éventualité d’une
déclaration de soutien qui sera faite par le Conseil de sécurité pour
appuyer les efforts de médiation menés par Kohler.
Ces déclarations font souvent l’objet de multiples tractations au
sein du Conseil de sécurité qui pourrait se contenter aujourd’hui de
simples éléments à la presse délivrés sous forme de communiqué de presse
par le président du Conseil de sécurité au nom des 15 membres de
l’organe onusien.
Le Conseil de sécurité n’a pas encore tranché sur l’opportunité de
publier cette déclaration de soutien, affirment les mêmes sources.
Le rôle que devrait jouer Kohler est un élément important dans le
processus de paix au Sahara occidental mais il ne sera pas décisif sans
le soutien du Conseil de sécurité, s’accordent à dire plusieurs
observateurs.
Étant donné l’impasse dans laquelle se trouve le processus onusien,
le Conseil de sécurité “pourrait envisager des moyens afin de soutenir
Kohler dans ses efforts pour tenir un cinquième round de négociations”,
souligne l’agenda prévisionnel du Conseil de sécurité publié début mars.
Rappelant le contexte de ce blocage, le document relève que les
divisions au sein du Conseil de sécurité ont accentué “son incapacité à
s’entendre” même sur le règlement des dernières crises survenues au
Sahara occidental.
“Le Conseil de sécurité est resté silencieux” sur les crises d’El
Guergarat et de la Minurso sur “insistance de la France qui soutient la
position du Maroc”, souligne-t-on dans les précisions accompagnant cet
agenda. (SPS)
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