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dimanche 6 mai 2018

Liberté de la presse au Maroc

 Le Hirak fait perdre au Maroc deux places au classement mondial

Liberté de la presse au Maroc : Le Hirak fait perdre au Maroc deux places au classement mondial
Source : Lesinfos.ma
26/04/2018

Sous le titre « la haine du journalisme menace les démocraties », Reporters sans frontières a rendu son rapport annuel sur la liberté de la presse dans le monde. On y apprend que le Maroc, 135e sur 180 pays, a perdu deux places au classement. En cause, le Hirak du Rif.

Classé 133e l’année dernière, le Maroc a perdu deux places dans le classement mondial établi par Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse. Les causes de ce recul sont imputées aux événements qui ont secoué le Rif en octobre 2016 et qui ont débouché sur plusieurs arrestations et procès visant aussi bien la presse que les citoyens. Selon RSF, le mouvement populaire du Rif a mis en évidence les difficultés que rencontrent les journalistes marocains et étrangers qui tentent de couvrir les mouvements sociaux ou s’attaquent à des sujets jugés tabous. Ainsi, de mai à juillet 2017, une vague de répression a touché les journalistes couvrant les manifestations populaires et RSF recense pas moins de 14 arrestations de journalistes et de journalistes-citoyens. « Au Maroc, outre les procès qui se poursuivent depuis des années contre plusieurs acteurs des médias, l’année 2017 a été marquée par de fortes pressions judiciaires sur les journalistes. Les autorités marocaines ont délibérément entravé le travail des médias nationaux et étrangers couvrant le Hirak du Rif. Plusieurs procès ont été intentés aussi bien contre des journalistes citoyens que professionnels, plusieurs sont actuellement incarcérés et des peines de prison et des amendes ont été prononcées », détaille le rapport qui s’indigne aussi de l’expulsion de plusieurs journalistes étrangers.
 
L’Afrique du Nord : Une situation des plus mauvaises
 
Ce classement mondial laisse transparaître les multiples pressions que les journalistes subissent en Afrique du Nord, plus spécifiquement. « La Tunisie, le Maroc, l’Algérie et la Libye figurent parmi les pays de la région où la situation de la liberté de la presse y est la plus mauvaise », s’alarme le rapport. « Si la Tunisie stagne, le Maroc et l’Algérie poursuivent leur baisse au Classement mondial de la liberté de la presse, en perdant chacun deux places par rapport à l’an dernier. La Libye, en queue de peloton, gagne une place. Une hausse en trompe-l’oeil qui s’explique par un effet mécanique de détérioration générale des pays situés en bas du Classement et par le fait que de nombreux journalistes ont fui une Libye devenue trop dangereuse, faisant ainsi baisser le nombre d’exactions », analyse RSF.
Cette situation s’explique par les cadres législatifs restrictifs, les entraves à l’exercice du journalisme sur le terrain, en particulier lors des manifestations, et les nombreux sujets tabous qui empêchent les journalistes de remplir pleinement leur rôle et d’assurer une information indépendante, plurielle et libre. « Au Maroc, bien que purgée des peines de prison, la loi relative à la presse renvoie au Code pénal et à la loi sur le terrorisme. Face à des cadres légaux insuffisamment protecteurs, voire menaçants pour la profession, les journalistes de la région risquent des peines de prison ferme, dès lors que leurs enquêtes dérangent un peu trop les autorités », martèle le rapport.

L’emprisonnement des journalistes marocains fait mouche
 
Le rapport de Reporters sans frontières dénonce aussi l’arrestation de plusieurs journalistes au Maroc alors que ces derniers couvraient le Hirak. « Au Maroc comme en Algérie, des journalistes continuent d'être condamnés à des peines de prison ferme. Hamid El Mahdaoui, journaliste marocain et directeur du site Badil.info, est en détention depuis juillet 2017. Arrêté alors qu'il couvrait les événements du Rif, il a été condamné en première instance à trois mois de prison ferme et à une amende de 20 000 dirhams. En septembre, la cour d’appel d’Al-Hoceïma a revu sa peine à la hausse, le condamnant à un an de prison ferme ». Actuellement emprisonné comme quatre autres journalistes et journalistes-citoyens et trois collaborateurs de médias, il est jugé dans le procès du Hirak qui va sur sa cinquantième audience.
« La libération de la haine contre les journalistes est l’une des pires menaces pour les démocraties. Les dirigeants politiques qui alimentent la détestation du journalisme portent une lourde responsabilité, car remettre en cause la vision d’un débat public fondé sur la libre recherche des faits, favorise l’avènement d’une société de propagande. Contester aujourd’hui la légitimité du journalisme, c’est jouer avec un feu politique extrêmement dangereux », prévient en conclusion, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.

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