Publié le : vendredi, 20 octobre 2017
PARIS - La décolonisation du Sahara occidental
avec en toile de fond le rôle de l’Europe dans le règlement du conflit a
été examinée vendredi lors d’une rencontre parlementaire à l’Assemblée nationale française, la deuxième après celle organisée en avril 2016.
A
l’initiative du député Jean-Paul Lecoq, fervent défenseur de la cause
sahraouie, cette rencontre a regroupé de nombreux députés européens,
venus d’Espagne, d’Italie et de Suède, des parlementaires algériens, des
représentants du mouvement associatif et des responsables sahraouis.
Les
ambassadeurs du Venezuela et de Cuba en France ont également participé à
cette réunion qui a été présidée par Pierre Galand, président de la
Coordination européenne de solidarité avec le peuple sahraouie (EUCOCO).
Jean-Paul
Lecoq a tenue d’emblée à souligner que la question du Sahara occidental
est aujourd’hui accueillie au sein même de l’Assemblée nationale
française, annonçant qu’il a proposé à la commission des Affaires
étrangères de l’Assemblée d’inscrire cette question dans ses travaux
avec une programmation d’une audition de Horst Kohler, l'Envoyé personnel du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara occidental.
Déplorant l’attitude des médias français qui "ne viennent pas" lorsqu’il s’agit du conflit du Sahara occidental, il a avoué qu’il mène "un combat de tous les jours" en France, un pays qui "contribue au blocage" avec son soutien au Maroc.
"Mais,
a-t-il dit, la France n’est pas seulement les gouvernants, il y a
également des parlementaires et des associations qui constituent des
espaces de lutte pour faire avancer les choses dans le sens de l’application
du droit international" au Sahara occidental, critiquant la politique
française de "deux poids deux mesures" dans le traitement de cette
question.
De son côté, la vice-présidente de l’Intergroupe "Paix au Sahara occidental" qui compte 119 eurodéputés au Parlement européen, Paloma Lopez, a indiqué que la cause sahraouie est "de plus en plus visible" dans les travaux du parlement, malgré le lobbysme marocain.
Elle
a soutenu que le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui
demeure "la seule solution", dénonçant le non-respect par le Maroc du
droit international.
C’est
dans ce sens que Pierre Galand a relevé "l’impuissance abyssale" tout à
fait "scandaleuse" de l’Europe dans les questions internationales,
citant le Sahara occidental, la Syrie, l’Irak, la Libye et la Palestine.
L’ancien
représentant spécial du SG de l’Onu pour le Sahara occidental
(2005-2007), Francesco Bastagli, a insisté sur le fait que l’aspect
juridique du dossier du Sahara occidental est "très clair", mais les
puissances occidentales "ont ignoré les termes de la loi en faveur de la
réalité politique et des intérêts".
Il a
cité dans ce cadre le cas du Kosovo, qui n’avait, a-t-il dit, aucune
assise juridique mais "on a décidé de lui octroyer l’indépendance",
soulignant que pour le Sahara occidental, la France a une position
"extrêmement dure".
Il a critiqué l’action des pays africains, dont le Sahara occidental est membre fondateur de l’Union africaine, au sein de l’Onu, précisant qu’il reste beaucoup de choses à faire au niveau de l’Assemblée générale pour faire voter des résolutions contraignantes, malgré le soutien de membres du Conseil de sécurité au Maroc.
Pour
sa part, le président du parlement sahraoui, Khatri Eddouh, après avoir
rappelé la question du Sahara occidental, posée depuis 42 ans à l’Onu, a
regretté qu’elle "ne trouve pas de solution", en raison du soutien des
puissances occidentales à l'occupant marocain.
Il
a affirmé que toutes les démarches du Maroc avec ses soutiens "ont
échoué", car, a-t-il expliqué, "ils ont oublié la nature juridique de la
question et l’existence d’un peuple avec son histoire et sa culture".
Sur un autre volet, il a attiré l’attention sur "l’impatience" des Sahraouis vis-à-vis de leur droit à l’autodétermination
qui continue à croire que la solution du problème est le référendum,
affirmant que la protection de la France avec la position "négative" du
Maroc est "le plus grand obstacle" à la solution et l’application de la
légalité internationale.
Inscrit depuis 1966
sur la liste des territoires non-autonomes, donc éligible à
l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU
portant déclaration sur octroi de l'indépendance aux pays et peuple
coloniaux, le Sahara occidental dernière colonie en Afrique est occupé
par le Maroc depuis le 31 octobre 1975, malgré les résolutions des
Nations unies qui appellent à l’organisation d’un référendum
d’autodétermination du peuple sahraoui.
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